Octobre rose est le mois de lutte contre le cancer du sein. L'occasion de parler de dépistage, de prévention mais également de résilience. Car le combat de ces femmes meurtries dans leur chair, est aussi de continuer de croire en la vie après la maladie. Pour certaines, cela passe par un geste fort et intime, le tatouage.
Après un cancer du sein, beaucoup de femmes n'osent plus montrer leur corps que parfois elles ne reconnaissent plus ou dont elles ont honte. Pour certaines, faire la démarche du tatouage leur permet de se regarder à nouveau, autrement.
Laurette Lafarie a 45 ans. Six ans plus tôt, elle est diagnostiquée d'un cancer très agressif. Depuis, elle a subi quatre opérations dont la "reconstruction" de son sein grâce à un muscle du dos puis de l'autre, plus récemment, avec une prothèse. Ces épisodes difficiles de sa vie ont laissé des cicatrices, sur son corps comme dans sa tête.
C'est pourquoi, aujourd'hui, elle aborde une nouvelle étape dans sa reconstruction : un tatouage. Des fleurs et des volutes tracées à même sa peau vont, elle le pense, accompagner son retour vers une meilleure appréciation d'elle-même. Un chemin vers le mieux-être.
Masquer les cicatrices
"Je suis très émue", avoue-t-elle alors que Mony, la tatoueuse, vient de déterminer au feutre sur son sein et ses cicatrices, le nouveau décor de sa peau. Une composition très végétale. D'abord, elle souhaite "cacher les cicatrices". "Je ne les verrai plus", sourit-elle. Mais elle ne veut pas oublier, "puisqu’il a quand même été là, ce cancer".
"Le tatouage va me donner une image positive", ajoute Laurette. Ce tatouage ressemble, à l'entendre à un point final asséné à la maladie. Des fleurs indélébiles pour ne rien oublier. Se souvenir de son combat.
Je dirais que la boucle est bouclée, que le cancer du sein est derrière.
Laurette Lafarie
Soeurs d'encre
Pour Laurette, le tatouage sera gratuit. Il est réalisé dans le cadre de l’association Soeurs d’encre dont fait partie la tatoueuse Mony. Elle et ses consœurs accompagnent les femmes touchées par un cancer du sein. 300 d'entre elles ont pu en bénéficier depuis les débuts de l'association, il y a sept ans. Pour la tatoueuse, la démarche semble naturelle : "En tant que femmes on doit s’entraider. Ces tatouages participent au combat de ces femmes, insiste-t-elle. Ça leur permet de se réapproprier leur corps, de pouvoir se reregarder."
Une véritable main tendue de ces "Sœurs d'Encre".