Morts violentes au sein du couple : "Quand la jeune femme arrive à se rendre compte de l’emprise, bien souvent, il est trop tard"

Les morts violentes au sein du couple font malheureusement régulièrement l’actualité, et le Limousin n'est pas épargné. Des drames qui surviennent souvent lors de dispute ou de refus de séparation, dans un contexte fréquent de violences. Si les dispositifs de protection mis en place existent, ils sont encore trop peu utilisés si l'on regarde de près une étude chiffrée sur ces violences en 2022.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Les violences au sein du couple sont étudiées par le ministère de l’Intérieur. L’étude la plus récente sur les morts violentes s’appuie sur des chiffres de 2022. Ils permettent de mettre en perspective un constat dramatique : "Les violences conjugales sont encore très présentes en France. Il est important d’en parler, d’essayer de les prévenir, notamment par la sensibilisation, et d’accompagner les victimes de violences ainsi que les enfants."

Car même en Limousin, les drames existent 

Mardi 15 octobre, après sept jours de procès, le verdict est tombé dans l’affaire du double meurtre de Nexon : Abdelkader Belarbia et David Malioukov ont été reconnus coupables du meurtre de Cécilia Peroux (ex-conjointe du premier protagoniste) – ils sont considérés comme co-auteurs - ainsi que d'une triple tentative d'homicide à l'encontre des enfants de la victime. Un appel probable est envisagé avec un nouveau procès dans les prochains mois.

Quelques jours plus tôt, le samedi 12 octobre, une femme d’une quarantaine d’années a été retrouvée morte sur la commune de Saint-Pantaléon de l’Arche, en Corrèze. Son conjoint a alerté la gendarmerie pour se dénoncer. Une information judiciaire est ouverte par le parquet de Brive le dimanche 13 octobre 2024.

En janvier 2023, c’est une autre jeune femme qui a perdu la vie : Magdalena a été tuée à Limoges d’une balle dans la tête par son compagnon de 36 ans, selon ses propres aveux. L’homme assure qu’il s’agissait d’un accident. Il est aujourd’hui placé en détention. L'instruction est en cours. 

En 2022, selon cette étude en ligne sur le site du ministère, on a dénombré 145 décès au sein du couple en France, soit, en moyenne, un décès enregistré tous les deux jours. La majorité des auteurs de violence sont de nationalité française (83 % des cas)

Les femmes sont largement représentées : 118 sur les 145 morts. S’ils ne sont pas comptabilisés dans les morts au sein du couple, les enfants sont également des victimes dans ces violences : douze enfants ont été tués dans le cadre de violences au sein du couple parental.

Autre constat terrible : parmi les 145 victimes décédées, seules quatre bénéficiaient de dispositifs de protection connus des forces de l’ordre (un dispositif Téléphone Grave Danger, deux contrôles judiciaires et une ordonnance de protection).

"Homicides sur conjoint" : existe-t-il un profil type d'auteur de violences ?

Dans près de 90% des cas de décès, les faits sont commis au domicile du couple (ou de la victime ou de l’auteur de l’homicide, en cas de domicile différent), à l’arme blanche principalement ou par arme à feu.

La dispute et le refus de la séparation demeurent les principaux mobiles du passage à l’acte. Dans près de 80% des cas, l’auteur et les victimes sont mariés, concubins ou pacsés, donc dans une situation de couple.

L’étude confirme également que les auteurs d’homicide conjugaux sont majoritairement des hommes (à 84%). Ils ont entre 30 et 49 ans (42 % des cas) et n’exercent souvent pas ou plus d’activité professionnelle. 32% des auteurs masculins répertoriés en 2022 avaient consommé de l’alcool avant le drame et 26 % d'entre eux se sont suicidés après les faits.

Dans le cas des violences commises par les femmes, la moitié d’entre elles avaient subi des violences avant leur passage à l’acte (31% des cas), selon la DAV (délégation aux victimes). Des violences d’ordres physiques et psychologiques comme l’explique Maître Nathalie Préguimbeau, avocate des deux plus jeunes enfants de la mère de Cécilia Peroux, tuée à Nexon : "Ces jeunes femmes, elles ont une grande fragilité (...) Quand il y a ces hommes très prévenants, très attentionnés, qui veulent se mêler de beaucoup de choses, c’est perçu comme de la bienveillance." 

Mais dans le cas d’hommes comme Belarbia non, c’est en fait la volonté de prendre la main, de prendre le pouvoir, de prendre le contrôle, une emprise. Quand la jeune femme arrive à s’en rendre compte, bien souvent, il est trop tard."

Me Nathalie Préguimbeau

Avocate des deux plus jeunes enfants de la mère de famille dans l'affaire du meurtre de Nexon

Notons qu'Abdelkader Belarbia, l'ex conjoint de Cécilia Peroux condamné lors du procès de Nexon, n'a jamais reconnu les faits de meurtre sur conjoint en première instance. 

Les dispositifs mis en place

On l'a dit, les femmes sont majoritairement victimes des violences commises au sein du couple. 65 % de celles-ci avaient signalé des violences antérieures aux forces de sécurité intérieure et, parmi elles, 79 % avaient déposé une plainte avant. Seuls deux auteurs étaient sous contrôle judiciaire et une victime s’était vu remettre un téléphone grave danger. Une victime masculine faisait l’objet d’une ordonnance de protection.

Les violences conjugales et intrafamiliales sont une de mes priorités.

Émilie Abrantes

Nouvelle procureure de la République de Limoges

Les pouvoirs publics s’emparent du sujet. Depuis trois ans, les policiers et les gendarmes qui sont en première ligne dans la réception de la parole de la victime, reçoivent une formation d’une journée pour améliorer l’accueil de la plainte.

Sur le terrain, des associations œuvrent pour accueillir, écouter, prendre soin et prévenir ces situations. Il y a les CIDFF (Centres d'information sur le droit des femmes et des familles), dans chaque département. Ce sont des espaces d’échanges, avec une juriste formée à l'accueil des femmes victimes de violences.

En Creuse, l’association Intermède 23 à Guéret offre un accueil de jour dédié et anonyme aux victimes. D'autres espaces de ce type sont ouverts par Aravic France-Victimes 23 à Aubusson, Bourganeuf, La Souterraine.

En Corrèze, l’association Maison de Soie au sein de l'hôpital de Brive propose aux victimes de violences un accompagnement personnalisé et global ou encre Uss’elles.

En Haute-Vienne, le CHRS – ARSL, France Victimes 87 et le planning familial œuvrent également pour aider et prendre en charge ces personnes. La liste n'est pas exhaustive.

Deux numéros à ne pas oublier

  • Numéro d'appel d'urgence : 17
  • Numéro d'écoute, d'information et d'orientation pour les femmes : 3919 (appel gratuit)
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
choisir un sujet
en region
choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information