Face à l'inflation galopante, de nombreux habitants du Lot-et-Garonne peinent à joindre les deux bouts. Les structures sociales du département le plus pauvre d'Aquitaine doivent répondre à une demande grandissante.
Salariée dans le secteur social, Aïcha, habitante du Lot-et-Garonne, est durement touchée par l'inflation. Ces derniers temps, elle déserte les supermarchés classiques, dont les prix sont devenus trop élevés pour son budget. C'est dans les rayons de l'épicerie solidaire de l'Association familiale départementale d'aide et soutien (Afdas), que cette mère de famille se fournit désormais.
"Je fais partie de cette population qui travaille, qui a un salaire qui rentre tous les mois. Les enfants ont grandi et sont partis, donc je n'ai plus d'aides au logement. Les factures qui tombent sec tous les mois. Et forcément, quand on travaille, si on a 60-70% de son salaire qui passe dans les charges fixes, il ne reste pas grand chose", détaille-t-elle.
16,8% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté
Comme Aïcha, de nombreux habitants du Lot-et-Garonne sont en effet rattrapés par la vie chère et se tournent vers les structures sociales pour subvenir à leurs besoins. Le département est le plus pauvre de la région Aquitaine, et l'un des 15 plus pauvres de France : selon l'INSEE, ils sont 16,8% à y vivre sous le seuil de pauvreté.
L'Afdas permet à Aïcha de faire des économies sur les courses alimentaires, mais aussi de se vêtir à moindre coût. Les articles proposés affichent des prix environ trois fois moins élevés qu'en magasin classique. "Je viens une fois par semaine faire mes courses à l'épicerie, et en même temps j'en profite, je viens regarder les nouveautés de la boutique", explique-t-elle.
"Faire bénéficier les familles de vêtements neufs, c'est quand même quelque chose qui est très valorisant pour l'image de soi. C'est un principe que l'on a trouvé super novateur, qui permet de récupérer tous les invendus pour les revendre à moindre coût à des bénéficiaires qui sont en situation de précarité."
Pascal Anres, directeur de l'AfdasFrance 3 Aquitaine
Cette boutique solidaire est ouverte depuis le mois d'octobre et accueille tous les bénéficiaires de l'Afdas. Et ces derniers sont de plus en plus nombreux, selon Pascal Anres. "On est à +20% de familles inscrites, par rapport à la même époque l'année dernière. Mais il n'y a pas de profil particulier, toutes les tranches sont touchées."
Au Secours Populaire, on observe aussi une hausse des inscriptions dans le département. Cette précarité touche toutes les catégories d'âge.
"C'est pas une vie"
Chez les séniors, certains doivent composer avec de très modestes pensions de retraite. "La retraite, on gagne 700 euros. Quand on a payé le loyer, l'électricité, il ne reste plus rien. Donc heureusement que j'ai ça et les restaurants du cœur", confie une retraitée. Celle-ci n'aurait jamais imaginé toucher aussi peu d'argent. "J'en ai pleuré. C'est pas une vie", poursuit-t-elle en retenant un sanglot.
Autre témoin de cette précarité grandissante : à Agen, le recours au colis d'urgence, qui contient des denrées alimentaires prêtes à consommer, explose. "Tous les jours il y en a 12, 13, 14. Avant, il y en avait deux ou trois, s'inquiète Gilbert Vidal, responsable de l'antenne agenaise du Secours populaire. Ca traduit une plus grande difficulté à joindre les deux bouts."
Elles-mêmes fragilisées par le contexte économique, les structures sociales du département s'attendent à être prises d'assaut tout l'hiver.