Le tribunal d'Agen dans le Lot-et-Garonne vient de prononcer la liquidation judiciaire de l'entreprise Metal Aquitaine de Fumel, lourdement endettée auprès de l'Urssaf. Bernard Uthurry, élu régional en charge de l'économie a "un sentiment de tristesse." Il est invité du 19/20 ce lundi.
Une usine à l'arrêt, et des salariés qui font demi-tour. Ce lundi matin, les machines du site de Metal Aquitaine de Fumel ont cessé de tourner. Les ouvriers, venus à leur poste à 6 heures ont plié bagage à 9 heures. Ils venaient d'apprendre la nouvelle : le tribunal de commerce d'Agen vient de prononcer la liquidation judiciaire de l'usine, soit l'épilogued'un interminable feuilleton financier et judiciaire.
Dettes à l'Urssaf
L'entreprise était assignée par l'Urssaf, pour une dette de 292 147 euros. Le tribunal a estimé que les dirigeants de l'usine, non seulement, ne disposaient pas de trésorerie, mais n'étaient pas en mesure d'honorer ses dettes dans un délai raisonnable, et ce même en disposant de délais de paiement.
Une nouvelle qui ne surprend pas Fernand Gonzalez , représentant de l'Union départementale CGT 47. "On n'est pas surpris. Depuis trois ans et la reprise par Francis Pozas, il n'y a pas eu de travail pour la ré-industrialisation de l'entreprise".
Pour le syndicaliste, c'est bien la gestion de Francis Pozas qui est en cause. Ce dernier a repris l'usine en 2015 après que le site ait déjà connu de sérieux problèmes de trésorerie. "Il n'y avait que lui, c'est nous qui sommes allés le chercher, reconnaît-il. Il était connu, on savait qu'il était intéressé…
Il n'avait pas les reins assez solides, il ratissait tout ce qu'il pouvait. Il cherchait des subventions partout, et il a réussi à grappiller des aides".
En l’absence de politique industrielle, pilotée par l’Etat, on a à faire face à des gens comme ça.
Une amertume partagée par Nicolas Narice, délégué CGT de Metal Aquitaine. "La reprise a été faite n'importe comment. On a réussi à montrer ce qu'on savait faire, et à regagner la confiance des clients, assure-t-il. L'année 2015 était à l'équilibre, mais les banques n'ont pas voulu nous relancer, ni nous aider."
C'est la fin de l'histoire, on va essayer de négocier ce qu'on peut. C'est-à-dire pas grand-chose
Le syndicaliste explique que les salariés, qui avaient toujours des commandes en cours, avaient rédigé une lettre afin de gagner une ou deux semaines et de pouvoir livrer leurs commandes. Un délai qui leur a été refusé.
Une usine menacée depuis des années
L'usine Metal Aquitaine compte actuellement 38 employés. Son avenir est sur la sellette depuis plusieurs années. Déjà, en novembre 2013, le site, anciennement MetalTemple, perdait des commandes de la part de son client historique Caterpillar, et était confronté à des difficultés de trésorerie majeure.
Plusieurs plans sociaux ont été suivis d'une reprise in-extrémis par les dirigeants actuels Francis Pozas et Alain Royer, et d'un accompagnement financier de la communauté de commune et la région Nouvelle-Aquitaine.
Cette dernière a ainsi aidé l'usine à hauteur de 200 000 euros lors de la reprise en 2015. Bernard Uthurry, vice-président en charge du développement économique et de l'économie numériques à la Région, pense aux 38 familles, au territoire qui a souffert depuis des années.
Par delà les engagements, c'est un un sentiment de tristesse. la mort d'une usine, la fin d'une histoire industrielle. Les perfusions n'auraient eu de vertus que palliatives.
Bernard Uthurry est plus modéré pour juger l'action du dernier repreneur. "Il a fait ce qu'il a pu mais c'était déjà trop tard. Le site avait perdu sa compétitivité."
A l'époque, le Conseil général du Lot-et-Garonne avait lui aussi alloué des aides pour un montant équivalent.Trente-huit familles vont connaître les affres du licenciement, on va les accompagner, ainsi que tout le territoire.