Le projet d'antenne-relais de 42 mètres de haut fait bondir les riverains : "On va leur mettre des bâtons dans les roues"

Depuis trois semaines, des habitants de Fumel et de Monsempron-Libos, en Lot-et-Garonne s’insurgent contre l’installation d’une antenne-relais Free, haute de 42 mètres. La mairie, elle, affirme seulement "répondre aux demandes des administrés" confrontés à des soucis de réseau.

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Au début du mois d’octobre, alors qu'il se balade avec ses enfants dans la commune, Jean-Marc Froment tombe inopinément sur une pancarte qui le laisse sans voix. Une antenne-relais, haute de 42 mètres, sera installée sous peu à proximité de son domicile. À Fumel, personne n’est au courant. " Quand j’en parlais aux voisins, ils étaient tous furieux ", relate le père de famille, lui-même agacé que ce projet soit passé sous silence.

Une exposition qui fait polémique

Cette antenne 5G, déployée par le réseau Free, doit être installée à quelques mètres du stade intercommunal, à cheval entre Fumel et Monsempron-Libos. Une aberration pour les habitants. "C'est un stade régulièrement utilisé par les collégiens", précise Jean-Marc Froment. Et d'ajouter : "Nous ne sommes pas contre la technologie, mais nous voulons être informés de la dangerosité d'une telle antenne, aussi près des habitants."

La question des risques est fréquemment l'objet de polémiques depuis le déploiement de la 5G en 2020. L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) s'est toutefois montré rassurante dans son dernier rapport en 2022, estimant "peu probable que le déploiement de la 5G entraîne de nouveaux risques pour la santé, comparé aux générations de téléphonie précédentes". Elle maintient également que l'installation des antennes ne joue que très légèrement sur les niveaux d'exposition aux champs électromagnétiques dans les zones concernées. 

Une pétition auprès des riverains

Pour certains habitants, hors de question pour autant que ce projet arrive à son terme. C'est le cas de Jean-Paul Vialard. Son domicile, qui se situe à moins de 100 mètres de l'antenne, pourrait perdre selon lui "40 à 50 % de sa valeur immobilière sur le marché". "On l'aurait en pleine fenêtre, peste-t-il. Je ne vois pas ce qu'elle vient faire au niveau des habitations, il y a des collines partout !

D’une part, il y a la dangerosité de l’émission des ondes qui reste incertaine mais aussi la dépréciation de notre bien immobilier.

Jean-Paul Vialard, habitant de Fumel, futur riverain de l'antenne

à la rédaction web de France 3 Aquitaine

Rapidement, les deux hommes s'organisent et se veulent être les messagers des riverains. Après multiple rendez-vous à la mairie et des appels, souvent laissés sans réponse à l'opérateur Free, Jean-Marc Froment décide de lancer une pétition pour s'opposer à l'installation de l'antenne. Pour informer les habitants, l'homme se lance même dans du porte-à-porte. À ce jour, il indique que 250 signatures ont été récoltées à l'écrit, et 95 en ligne. 

Jean-Paul Vialard, quant à lui, va même jusqu'à saisir le défenseur des droits et, sous ses conseils, déposer un recours au tribunal administratif. "J'ai envoyé plusieurs lettres recommandées ce qui, normalement, bloque l'implantation de l'antenne pendant deux mois", affirme-t-il, tout en insistant sur sa détermination à mettre "des bâtons dans les roues" de l'opérateur. 

"Un non-évènement" 

Contactée sur cette future implantation, Marie-Pierre Berry, directrice de cabinet de la mairie de Fumel, évoque un "non-événement". Car une complexité s'ajoute au dossier : si le terrain sur lequel l'antenne sera déployée se situe à Fumel, il appartient en réalité à la commune voisine de Monsempron-Libos. Ainsi, la mairie fuméloise a délivré une autorisation urbanistique pour la mise en route du projet. "On veille seulement à la légalité du projet et on a donné un avis favorable basé sur les règles d'urbanisme ", abonde Jean-Louis Costes, maire de la commune.

La mairie et la communauté des communes n'ont pas la main.

Jean-Louis Costes, maire de la commune de Fumel

à la rédaction web de France 3 Aquitaine

L'opérateur Free a soumis sa proposition de déploiement de la 5G à la commune de Monsempron-Libos. C'est elle qui a permis le lancement du projet. La réponse du maire, Jean-Jacques Brouillet, est assurée : il s'agit, selon lui, d'une réponse aux demandes des administrés.  "Le projet a commencé il y a un peu plus de deux ans. On a beaucoup de clients dans le secteur avec des soucis de réseau. Si on ne fait rien, on nous reprochera de ne pas agir."

Un argument infondé selon Jean-Marc Froment. "Sur 250 personnes que j'ai rencontrées, dont des commerçants, personne n'était pour, objecte le riverain. On capte très bien la 4G et il y a déjà eu la fibre installée l'an dernier." 

"Sacrifier la beauté du patrimoine"

Si les opposants se questionnent quant à l'utilité de cette antenne 5G, ils pointent également les "incohérences" de la politique de la ville. "D'un côté, on nous parle de projets qui visent à l'embellir, et de l'autre, on nous oblige à voir cette Tour Eiffel de tout le Fumélois", déplore Jean-Marc Froment.

A Fumel, les immeubles font au maximum quatre étages et les arbres ne sont pas assez hauts pour cacher une antenne de 42 mètres.

Jean-Marc Froment, opposant à l'installation de l'antenne 5G

à la rédaction web de France 3 Aquitaine

"Techniquement, ce n'est pas faisable ailleurs. La déplacer n'est pas envisageable, car on perdrait l'efficacité du dispositif", rétorque le maire de Monsempron-Lisbos. Les opposants au projet alertent cependant sur la proximité de l'antenne avec des sites classés comme la tour du Caraillé ou encore le prieuré de Monsempron-Libos. "Nous ne comprenons pas comment les Architectes des bâtiments de France ont pu donner leur aval", s'interroge Jean-Marc Froment qui n'a, pour l'heure, reçu aucun retour de leur part.

Notre inquiétude n'est pas que sur le Fumélois, c'est un probléme national. Ils dénaturent partout !

Jean-Marc Froment, auteur de la pétition

à la rédaction web de France 3 Aquitaine

A ce jour, les habitants, qui souhaitent une concertation commune avec les mairies et l'opérateur, attendent un retour de Free. "On ne s'arrêtera pas là, on est très agacés", ajoute l'auteur de la pétition.

D'ici 2025, l'Agence nationale des fréquences prévoit que "l’accès à la 5G devra être possible pour deux tiers de la population".

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