Meurtre de Vanesa à Tonneins : "depuis que j'ai lu le dossier, je ne dors plus", témoigne la mère de l'adolescente

Un petit peu plus de six mois après le meurtre de Vanesa, 14 ans, Paola Granda Ibarra, sa mère, s'exprime pour la première fois dans un média. Pour les avocats de Romain Chevrel, qui a avoué le meurtre, la part sombre du suspect est à relier à un parcours de vie "chaotique".

Le 18 novembre dernier, Vanesa, 14 ans, est enlevée, à la sortie de son collège de Tonneins, en Lot-et-Garonne, puis violée et tuée. Le meurtrier présumé, Romain Chevrel, âgé de 31 ans, avoue directement son crime lorsque les gendarmes viennent le trouver à son domicile.

"Je souhaite qu'il meure en prison"

Un peu plus de six mois après le meurtre de sa fille, Poala Granda Ibarra se sent enfin prête pour s'exprimer sur l'affaire. Détruite par le drame, elle raconte comme elle tente de continuer à vivre. "Ce n'est pas facile, je n'ose plus sortir et mes enfants non plus. Ils sont traumatisés, raconte-t-elle les larmes aux yeux. Je ne cesse de penser à Vanesa, mais j'essaie d'aller de l'avant pour mes deux autres enfants, afin qu'ils puissent, eux aussi, aller de l'avant. Mais je n'oublierai jamais Vanesa."

Dernièrement, elle a pu avoir accès au dossier d'instruction de sa fille, après avoir été entendue par le juge d'instruction. Une étape traumatisante supplémentaire pour Paola Granda Ibarra, comme le raconte son avocate, maître Christine Roul : "Paola a découvert que sa fille a vécu un calvaire de cinq heures, au cours duquel elle a été violée deux fois et ensuite, elle a été tuée. Le fait de savoir ce que sa fille a subi et dans quelles circonstances, c'est un autre traumatisme qui se rajoute à celui du décès de sa fille."

Je n'ai pas de mot pour ce que ce monstre a fait.

Paola Granda Ibarra, mère de Vanesa

"Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi grave, depuis que j'ai lu le dossier, je ne dors plus et mes deux autres enfants aussi", témoigne Paola Granda Ibarra. Très touchée, elle souhaite obtenir justice pour sa fille. L'annonce de l'entière responsabilité pénale du suspect a été un soulagement pour elle. À présent, elle "espère qu'il sera condamné à la peine maximale". "Je n'ai pas de mot pour ce que ce monstre a fait. Je souhaite qu'il meure en prison", déclare la mère de Vanesa.

L'apparente "normalité" du suspect

Alors que les expertises psychiatriques et psychologiques ont déterminé que le suspect pourra être jugé pénalement responsable, les conseils du suspect pointent tout de même "un décalage immense entre les faits et la personnalité" de Romain Chevrel ainsi que des actes dont les racines se trouvent "dans sa construction, dans sa vie et dans sa personnalité". De son côté, l'avocate de la famille de Vanesa que "ce n'est pas entendable de considérer qu'il était pris dans une mécanique psychiatrique".

Emmanuelle Franck et Alexandre Martin, les avocats de Romain Chevrel, espèrent comprendre totalement ce qu'il s'est passé. Selon eux, l'homme de 31 ans ressemble à quelqu'un de "normal". "Il laisse entrevoir un personnage qui est complètement décalé par rapport aux faits qui lui sont reprochés et qu'il a commis, assure maître Emmanuelle Franck. Il faut donc toujours essayer de creuser un petit peu, pour essayer de comprendre ce qu'il y a derrière et de comprendre en quoi cette normalité n'est peut-être qu'une apparence et cache des choses beaucoup plus graves."

Selon ses avocats, Romain Chevrel a pleinement conscience des actes qu'il a commis. "Il nourrit une grande culpabilité et est dans une démarche d'aveux. C'est quelqu'un qui dit tout et qui essaie, avec les psychiatres et les psychologues, de comprendre ce qui a pu se passer dans sa tête", déclare maître Alexandre Martin. Le suspect serait, selon eux, en dépression, mais accepterait pleinement sa détention.

Il y a cette normalité d'un côté et de l'autre, une part beaucoup plus sombre qui l'a amené à commettre les faits qui lui sont reprochés.

Emmanuelle Franck, avocate de Romain Chevrel

La préméditation n'a pas été retenue comme chef d'accusation envers Romain Chevrel. "Il semblerait qu'en réalité ce jour-là, il avait décidé de ne pas aller travailler. Il s'était posté dans son véhicule, il a fumé des joints en regardant des vidéos sur son téléphone, précise Emmanuelle Franck. Cela serait de manière extrêmement fortuite qu'il aurait repéré cette jeune fille. Il n'était pas devant le collège, contrairement à ce qui a pu être dit, il était dans une rue bien adjacente."

Un acte qui trouve ses racines dans son parcours de vie ?

Selon le suspect, ce jour-là, il aurait été envahi d'une "pulsion qu'il n'a pas pu réprimer", comme le rapporte son avocat maître Alexandre Martin. "Il va falloir trouver les racines dans sa construction, dans sa vie et dans sa personnalité. On n'arrive pas à commettre de tels faits s'il n'y a pas, dans votre construction, des failles terribles qui font qu'à un moment donné, vous n'arrivez pas à maitriser ce type de pulsions", complète-t-il.

Même s'il est considéré comme le dernier des derniers par tous les autres, il n'empêche que c'est un être humain et que l'on veut chercher à comprendre ce qui a pu se passer dans l'esprit de celui-ci. Pour qu'il puisse être jugé de manière éclairée et équitable quelle que soit la décision.

Alexandre Martin, avocat de Romain Chevrel

Ce parcours de vie "cabossé" est rapporté par ses avocats. Romain Chevrel est né sans avoir connu son père. "Ensuite, sa maman va mourir écrasée par un véhicule conduit par son beau-père. C'est dans ce contexte-là qu'il va être envoyé chez sa tante. Mais le mari de cette dernière est maltraitant à son encontre, il y a de la violence physique et morale", relate Emmanuelle Franck. Pour autant, Romain Chevrel était inséré socialement et professionnellement, avec une famille.

Mais pour les avocats du meurtrier de Vanesa : "À n'en point douter, c'est le point de départ d'un certain nombre de dysfonctionnements, d'un trouble de la personnalité très certainement et de comportement qui vont venir se cristalliser et expliquer par la suite le passage à l'acte.

Je considère qu'à partir du moment où l'on fait vivre un calvaire à une enfant de 14 ans pendant 5 heures, on a la possibilité de faire des choix qui sont différents, mais aussi de revenir sur ce que l'on a fait.

Christine Roul, avocate de la famille de Vanesa Granda Ibarra

"Des décisions prises de sang-froid"

Pour maître Christine Roul, l'avocate de la famille de Vanesa "ce n'est pas entendable de considérer qu'il était pris dans une mécanique psychiatrique". "Les décisions prises par cette personne l'ont été de sang-froid, parce que lorsqu'il a décidé de mettre fin aux jours de Vanesa, ca a été après plusieurs heures de réflexion. Ce n'est pas dans la pulsion et l'impulsivité, c'est un acte choisi et délibéré", répond-elle. Concernant le passé du suspect, Christine Roul concède une enfance difficile. "On peut avoir des difficultés dans la vie sans en arriver à cet extrême-là. Rien ne justifie ce qui a été fait", considère-t-elle.

En attendant un procès qui devrait se dérouler dans un an et demi, l'instruction continue afin de déterminer dans quelle mesure Romain Chevrel a pu en arriver là et faire subir tant d'atrocités à Vanesa, le 18 novembre dernier.

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