Une grande opération de blocage du Pays basque est organisée ce samedi 23 juillet à l'initiative des associations Bake Bidea et les Artisans de la paix. Elles réclament la libération des prisonniers basques. De nombreuses routes seront fermées, les transports en commun seront à l'arrêt.
C'est tout la côte basque qui sera bloquée ce 23 juillet. Une opération d'envergure, orchestrée par les associations Bake Bidea et Artisans de la paix.
Les routes principales paralysées
Depuis des semaines, les mouvements, qui demandent la libération de prisonniers basques, ont prévu de paralyser les routes principales dans tout le Pays basque nord. Des rendez-vous sont donnés pour des points de blocage à Bayonne, Biarritz, Bidart, Ciboure, Pausu, Ascain, Espelette, Saint-Jean-Pied de Port et Mauléon.
Vinci autoroute se prépare également à des complications sur les autoroutes A63 et A64 et annonce se mobiliser "pour assurer les meilleures conditions de circulation", alors que ce samedi 23 juillet sera un jour de chassé-croisé sur la route des vacances.
"On conseille aux usagers de bien s'informer en amont et d'être attentifs, une fois qu'ils seront sur l'autoroute", précise la société autoroutière. L'aéroport de Biarritz prévient également les passagers au départ et à destination du Pays basque samedi : "par sécurité, prévoyez suffisamment de temps pour vous rendre à l’aéroport. Il n’y aura pas de bus et très peu de taxis".
Services publics à l'arrêt
Les transports publics seront également à l'arrêt sur la communauté d'agglomération du Pays basque. "L’ensemble des solutions de mobilité du réseau Txik Txak couvrant le Pays Basque et le sud des Landes (bus, cars, Tram’bus, navettes, Txalupa) ne fonctionneront pas ce samedi 23 juillet de manière exceptionnelle", précise l'agglomération dans un communiqué.
La médiathèque de Saint-Jean-Pied de Port et les 8 piscines de l'agglomération seront également fermées. Les informations concernant les fermetures et la mise à l'arrêt des transports en commun sont relayées sur les sites et réseaux sociaux des communes concernées.
Des manifestations interdites par la préfecture
Un blocage qui met en alerte les services de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques. "Ce projet (...) fait porter un grave risque sur la sécurité et la santé des personnes présentes au Pays Basque ce samedi, écrivent les services de l'Etat dans un communiqué.
L’embolie et les difficultés de circulation auxquelles il risque d’aboutir emportera de graves conséquences sur l’ordre public et les capacités d’intervention des services de secours et d’urgence."
Le préfet des Pyrénées-Atlantiques a pris la décision d’interdire cette manifestation ainsi que toute autre manifestation au Pays Basque la journée du 23 juillet sur les autoroutes, dans les gares et aux abords des gares, dans les aéroports et aux abords des aéroports
Préfecture des Pyrénées-AtlantiquesCommuniqué
Les raisons d'un blocage
Ces interdictions "n'entament pas la détermination" de Bake Bidea et les Artisans de la paix qui maintiennent leur blocage. Ces militants de longue date pour la libération des prisonniers basques assurent qu'ils vont garantir la sécurité des personnes et qu'ils ont "travaillé en amont avec les pompiers et les services de santé".
Cette nouvelle mobilisation intervient dans un contexte de demande de remise en liberté de Ion Parot et Jakes Esnal. Ces deux anciens membres d'ETA, impliqués dans un attentat terroriste meurtrier à Saragosse en 1987 (11 morts) et emprisonnés trois ans plus tard, ont été condamnés à la perpétuité en 1997.
Pour la quatrième fois, la demande de liberté de Ian Parot, 71 ans, avec mise en place d'un bracelet électronique, a été accordée par tribunal d'application des peines antiterroriste, avant d'être bloquée par un appel du Parquet antiterroriste. Le détenu est incarcéré au centre de détention de Muret près de Toulouse.
Jeudi 21 juillet, la chambre de l'application des peines terroristes de la cour d'appel de Paris s'est penchée sur son sort ainsi que celui de Jakes Esnal, 72 ans, détenu sur l'île de Ré. Les décisions sur ces deux demandes de liberté sont attendues pour le 22 septembre.
"Humiliation"
Les rejets successifs de ces demandes constituent "un manque de considération et un immobilisme, vécus comme une humiliation par les citoyens du Pays basque", estime Jean-Daniel Elichiry, membre du collectif Bake Bidea qui a pris la parole lors d'une conférence de soutien organisée de 23 juin.
Avec cette opération de blocage géographique massif, le collectif souhaite "créer de la tension pour attirer l'attention". Notamment celle de l'opinion publique, des médias mais aussi du gouvernement et du chef de l'Etat, en "créant
Vous vous rendez responsables, monsieur Macron, devant l'Histoire, de la poursuite ou du blocage de ce processus de paix, dont l'issue marquera l'avenir du Pays basque.
Jean-Daniel Elichiry, membre du collectif Bake BideaConférence de presse du 23 juin
Soutiens politiques
La cause réunit de nombreux élus, de tous bords. Parmi eux, Marie-Christine Aragon, ancienne conseillère départementale (PS) venue manifester son soutien le 23 juin lors d'une conférence de presse annonçant l'événement. "Trente-deux ans ! Ce sont des personnes âgées ! Elles sont depuis 32 ans en prison ! La justice ne fait pas ça d'habitude !" s'indigne-t-elle.
"Je me suis engagé il y plusieurs années maintenant pour cette cause formidable qui est la cause de la paix, explique de son côté Michel Venac, ancien maire Modem de Biarritz. Il en appelle, lui aussi, au sommet de l'Etat.
Il faut que le président Macron comprenne qu'au Pays basque, il y a un danger de retour en arrière, notamment avec la jeunesse qui ne comprend pas que cette injustice se poursuive.
Michel Venac, ancien maire de BiarritzFrance 3 Euskal Herri
"On sait très bien que pour qu'un processus de paix avance, au delà du silence des armes, il faut aussi qu'il y ait une modification dans les consciences et dans les esprits", conclut-il.