Grippe aviaire. "Ils resteront dehors" : malgré les risques, les éleveurs de volailles refusent d'enfermer leurs animaux

Depuis le 4 décembre, la France est placée en risque élevé de grippe aviaire. Cela signifie que sur tout le territoire, les éleveurs doivent mettre en place la claustration de leurs bêtes. La mesure ne passe pas chez les éleveurs de volailles de plein air du Pays Basque.

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Leurs canards resteront dehors. Depuis l'arrêté du 4 décembre 2023, faisant passer le risque de grippe aviaire en France à "élevé", les exploitations agricoles ont pour obligation d'enfermer leurs volatiles en lieux clos (aussi appelé claustration).

Une mesure prise pour éviter une épidémie de grippe aviaire, depuis la déclaration de cas dans le nord-ouest de l'Hexagone. Mais celle-ci ne passe pas auprès des éleveurs du Pays basque, qui travaillent en plein air. Ils refusent la claustration de leurs bêtes.

Nos canards sont bien mieux dehors que claustrés dans des bâtiments. Ça marche peut-être pour les industriels, mais c'est inimaginable pour nous.

Jean-Philippe Harismendy

Eleveur de canards gras à Ilharre

Un investissement trop lourd

Loin d'être un acte de rébellion, pour ces agriculteurs, la mesure serait trop coûteuses pour les petites structures qui composent l'élevage de canards basque. "Déjà financièrement, c'est impossible à mettre en place. Nous avons de petits élevages, les investissements pour construire des bâtiments seraient bien trop lourds par rapport au nombre d'animaux qu'on produit", souligne Jean-Philippe Harismendy, éleveur de canards gras à Ilharre.

Julen Perez élève lui aussi des canards gras, à Lohitzun. Comme chez Jean-Philippe Harismendy, ses bêtes resteront dehors. "C'est impensable pour nous de les élever en intérieur. On ne veut pas, on ne peut pas, et puis le produit fini perdrait en qualité", explique l'éleveur. 

Pourtant, les deux professionnels savent bien qu'ils s'exposent à des sanctions, puisque la claustration est obligatoire. "L'hiver dernier, j'ai déjà fait l'objet d'une mise en demeure parce que j'avais refusé de les enfermer", raconte Jean-Philippe Harismendy, qui avoue être de nouveau inquiet pour cette année. "Ce n'est jamais agréable de travailler avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, de ne pas savoir chaque matin ce qui va nous arriver."

Adapter la réponse sanitaire

Pour Julen Perez, les mesures sanitaires imposées par les autorités ne sont pas en adéquation avec la réalité du terrain, notamment le suivi sanitaire après la vaccination des volatiles contre la grippe aviaire. "Quand on vaccine nos canards, derrière, un vétérinaire vient sur notre ferme tous les mois pour connaître leur statut sanitaire. Sauf qu'en augmentant la fréquentation de nos troupeaux par des agents extérieurs, on augmente aussi la chance de contamination", déplore cet éleveur basque.

La solution serait alors d'adapter la réponse sanitaire aux exploitations. Une expérimentation, prévue pour 2024, concerne certaines exploitations basques. Elle va permettre au gouvernement d'étudier les risques de grippe aviaire dans les élevages de plein air, et ainsi ouvrir la porte à une réglementation moins contraignante pour les petites fermes, par rapport aux élevages industriels.

Dans les élevages industriels, il y a énormément de mouvements d'animaux et de personnel, ce qui contribue à faire exploser le virus. Ce n'est pas le cas chez nous.

Pettan Prebende

Eleveur de poules pondeuses au Pays basque

Les éleveurs de plein air en sont persuadés, c'est le système industriel qui est responsable des épidémies de grippe aviaire, et non leurs exploitations. "Nous travaillons dans des petites fermes, souvent en autarcie, avec peu de mouvements, expose Pettan Prebende, éleveur basque de poules pondeuses. "De plus, le fait que les canards soient à l'extérieur leur donne une immunité plus importante, nous pensons donc que notre manière d'élever est la plus résiliente face au virus."

Claustrer les animaux industriels, laisser libres ceux élevés en liberté : c'est ce que souhaitent obtenir les éleveurs de volailles du Pays Basque. En attendant un assouplissement des réglementations, ces mêmes éleveurs choisissent de se mettre hors-la-loi, alors qu'aucun cas de grippe aviaire n'a encore été détecté dans les Pyrénées-Atlantiques.

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