C'est en avril 1983 que naît la toute première section bilingue Français-Basque, de l'Éducation Nationale, dans le cadre de la circulaire Savary qui autorise l'enseignement des langues régionales dans le Public.
C'est une petite école publique au cœur du village basque de Sare, à quelques kilomètres de la frontière basque espagnole. C'est ici qu'avait été créée la toute première classe bilingue et c'est donc ici que l’association de parents d’élèves bilingues de l’enseignement public, Ikas-Bi, célèbre cet anniversaire qui porte aussi d'autres symboles.
A l'époque, dès la création de cette première classe en 1983, la dynamique est enclenchée et les classes et sections bilingues se multiplient en Pays Basque. Après Sare, c'est le tour de l'école publique de Saint-Jean-de-Luz, celle de Saint-Jean-Pied-de-Port puis Urrugne, soit une douzaine entre 1987 et 1988 sous l’Impulsion de l'association Ikas-Bi.
L'association Ikas-Bi
L'association de parents d'élèves bilingues de l'enseignement public a été créée en 1986. Ikas-bi signifie littéralement « apprendre deux ». Elle a pour objectif de "promouvoir et défendre le bilinguisme français-Basque dans l’enseignement public et de contribuer à la pratique et au développement de l’euskara au Pays basque". Un enseignement reconnu aujourd'hui puisque sept enfants sur dix qui se voient enseignés le basque, sont scolarisés dans l’enseignement public.
Céline Etchebarne, chargée de mission pour Ikas-bi, se réjouit du chemin parcouru. "C'était important de fêter cet anniversaire à l'école de Sare. C'était la première classe à donner des cours o-ffi-cielle-ment. "
Avant, il y avait des enseignants itinérants qui passaient dans les écoles et qui donnaient trois heures de cours en Euskara. Mais ça ne se faisait pas d'une manière officielle".
Céline Etchebarne - chargé de mission Ikas-bi -France 3 Aquitaine
Elle parle alors des nombreux combats pour porter cet enseignement de la langue basque sur ses territoires. "Il y a eu véritablement un engouement. Vingt ans après, on était à 60 écoles bilingues et, 40 ans après, on est à plus de 100 écoles bilingues !"
Pour souffler ces quarante bougies, la petite école de Sare a prévu quelques festivités comme un spectacle de clowns et des chants... en basque bien-sûr !
Moitié Français-moitié basque
Aujourd'hui, les enseignements se font à parité en français et en basque. Par exemple, deux jours en basque, deux jours en français, en primaire et au collège. Et quand il y a des non bascophones dans la classe, les professeurs les "intègrent ces unilingues" en traduisant, durant ces temps en basque. Et l'Euskara, la langue basque, peut même être utilisée lors d'examens nationaux, comme le Brevet des collèges tout au moins, en Histoire-Géographie et mathématiques. Ils attendent maintenant le bac en basque et le réclame haut et fort en manifestant comme samedi dernier à Bayonne.
Actuellement, l'école publique de Sare compte 57 enfants scolarisés, dont 47 suivent l'enseignement bilingue alors qu'ils n'étaient qu'une trentaine en 2016. Ici, il y a des cours de français, de basque et certaines matières sont enseignées dans les deux langues comme les mathématiques. Alors que dans les Ikastola au pays basque, c'est tous les enseignements qui se font en basque, comme les divertissements, jeux de récréation.
La circulaire Savary
Si l'article 2 de la Constitution prévoit que la "langue de la République est le français", la loi constitutionnelle de juillet 2008 portant modernisation des institutions de la Ve République (article 75‑1) affirme que "les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France".
En 1982, le ministre de l'Éducation Nationale du Gouvernement Mauroy est Alain Savary. Sa circulaire organise les enseignements de langues et cultures régionales de la maternelle à l’université et autorise les expérimentations, telles les ouvertures de classes bilingues. C'est une véritable avancée au sein de l'Éducation nationale.
Dès lors, le basque, breton, corse et occitan-langue d'oc peuvent être enseignés dans le cadre de l'Éducation nationale. Le texte permettait, notamment au pays basque, de créer ou d'autoriser les classes Euskaraz qui s'étaient organisées sur le secteur. Depuis, le cadre législatif n'a eu de cesse de prolonger cette valorisation des langues régionales.
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