À Capbreton dans les Landes, des amateurs de faune marine ont eu l'unique d'expérience d'admirer le déplacement d'une baleine à bosses. Le cétacé, de près de 9 mètres de long, interagissait avec des dizaines de globicéphales. Sa présence à plusieurs kilomètres de la côte reste rare, mais surprend de moins en moins les spécialistes.
La découverte a troublé et impressionné au large de la côte basco-landaise. En l'espace de 48 heures, des observateurs ont identifié à plusieurs reprises une baleine à bosse longue de 9 mètres, entourée de globicéphales. Une rencontre fascinante, décryptée en détail par ceux qui l'ont admirée.
Mélange de joie et d'incompréhension face à ce cétacé
Jeudi 11 avril, Mattéo Lagarde prend place sur l'une des embarcations d'Explore Océan, entreprise qui propose des escapades en mer pour sensibiliser le grand public sur la faune sous-marine. Cet étudiant en expertise naturaliste des milieux marins est chargé de récolter des données sur cette faune. "On a rejoint un groupe de dauphins en chasse de poissons", introduit-il.
"À 300 mètres, on voit un grand souffle haut de deux mètres. Au début, on pensait que c'était un cachalot" poursuit-il.
Puis on voit la baleine. Elle est venue d'elle-même et a tourné autour du bateau. Elle sortait de l'eau, respirait. C'est beaucoup d'émotion.
Mattéo LagardeEtudiant en expertise naturaliste des milieux marins
"On était super content, mais en même temps, on ne comprenait pas ce qu'il se passait, ce qu'elle faisait là", poursuit-il.
Une telle présence, à cet endroit, est "inhabituelle" estime Mattéo Lagarde. Mais elle l'est de moins en moins, quelques signalements sont effectués chaque année. Il n'empêche : cette découverte pose question. "Était-elle là par curiosité ? Par hasard ? Est-ce un individu perdu ?", s'interroge l'étudiant, pour qui il est difficile de dire si le réchauffement climatique a un effet clair sur le déplacement de ces populations.
Des globicéphales entourent et accompagnent la baleine
Vingt-quatre heures plus tard, Lilian Haristoy, photographe spécialisé dans la faune marine, prend lui aussi un bateau pour observer cette faune. À son tour, il découvre cette baleine à bosse, entourée de dizaines de globicéphales, en pleine interaction avec le cétacé. La scène se déroule à 20 km du large. "Les globicéphales sont venus en nombre pour entourer, escorter, accompagner la baleine. Ils sont restés plusieurs heures" partage-t-il.
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Il n'en croit pas ses yeux. "C'était vraiment un moment de vie sauvage, puissant, dingue à observer" savoure-t-il. Grâce à un micro placé sous l'embarcation, il a pu enregistrer la communication sonore entre la baleine et les globicéphales. Là encore, le spectacle est étonnant. "C'est un mélange de vocalisations entre des sifflements et des claquettements. C'est ça qui est fascinant" reprend le photographe.
Une présence pendant les migrations du nord vers le sud
Impossible pour autant d'expliquer avec certitude cette communication sonore. "On peut écouter ce qu'il se passe sous l'eau, mais on ne peut pas affirmer de choses. Le globicéphale interagit beaucoup, va aller jouer, tester des choses. Cette baleine est peut-être une attraction pour eux", analyse Lilian Haristoy.
Connaisseur du mouvement de ces animaux marins, il justifie sa présence par la migration. "Les baleines redescendent après s'être nourries au nord de l'Europe. Elles se dirigent vers les eaux chaudes", analyse-t-il, sachant qu'une baleine à bosse a aussi été observée ailleurs en France.
Je pense qu'il y a un pic de migrations avec toutes les observations relatées près de la Bretagne et le Calvados.
Lilian HaristoyPhotographe
Les données récoltées par Mattéo Lagarde ont été transmises à l'Observatoire Pelagis, qui s'intéresse aux mammifères et oiseaux marins. Les résultats sont attendus dans les prochains jours, histoire d'en savoir plus sur invitée peu commune.