Après les fermetures nocturnes de la Grande Plage, du Miramar et de la plage du Port Vieux à Biarritz, les jeunes fêtards se retrouvent sur la plage de la Côte des Basques. Au grand dam des riverains, qui dénoncent incivilités et pollution. Mêmes scènes à Hossegor, dans les Landes.
À l'appel du collectif lebonkospei (le bon touriste, en basque ndlr) près d'une centaine de personnes s'étaient donné rendez-vous sur la plage de la Côte des Basques, à Biarritz, ce samedi 7 août à 22 h 30, équipées de gants et de sacs-poubelles pour ramasser les déchets.
Leur objectif : dénoncer la pollution et les incivilités engendrées par les rassemblements nocturnes de jeunes fêtards sur cette plage.
Pourquoi la Côte des Basques ? Depuis la fermeture nocturne décidée par arrêté municipal des principales plages de Biarritz jusqu'au 31 août (déjà en raison des incivilités), et celle des discothèques de la ville, les jeunes, souvent mineurs, y convergent naturellement.
Carte : la plage de la Côte des Basques, sur le littoral biarrot
Le ras-le-bol des riverains
Mais pour les riverains, ces fiestas sont problématiques, à cause des déchets laissés par les jeunes notamment.
C'est le deuxième été où l'on constate les hordes de jeunes qui font la fête en mode sauvage et dégueulassent tout. On n'a pas envie de ça.
"Nous sommes ulcérés. Il est 0 h 45, ça va partir en "wild" [en fête sauvage ndlr], on sait pertinemment ce qu'il va se passer. Ca va être 400, 500, 600 jeunes qui vont faire la fête toute la nuit. Et demain matin, à 5 heures, on va recommencer à retrouver des détritus", déplore un riverain mobilisé.
"Ce n'est pas la fête qu'on dénonce, mais la pollution qu'ils laissent, on n'est pas du tout contre les jeunes et la fête, mais il faut respecter les locaux, les gens qui vivent ici à l'année" souligne aussi une participante à la mobilisation.
→ Vidéo : les membres du collectif lebonkospei déplorent la pollution laissée par les jeunes après leurs fêtes
Du côté des autorités, cette mobilisation des riverains a fait déplacer trois élus, ainsi que les forces de l'ordre et le directeur de cabinet du préfet des Pyrénées-Atlantiques.
"Dès le 5 juillet, Mme le maire a sollicité les services de l'Etat pour avoir des renforts sur Biarritz" réagit Maude Cascino, adjointe au maire de Biarritz.
"La police municipale est très présente, mais ce sont des problématiques de police nationale, on ne peut pas envoyer la police municipale disperser ces jeunes", ajoute-t-elle. "Au 7 août, nous n'avons pas eu de réponse du ministre de l'Interieur pour le moment".
Si on ferme la Côte des Basques, le problème va se reproduire ailleurs. Les jeunes vont peut-être se disperser en ville, en créant encore plus de nuisances...
Pour l'élue, l'enjeu est de trouver un équilibre entre le respect des riverains et de la plage et le besoin des jeunes de se retrouver.
"Nous sommes présents, conscients des difficultés. On constate qu'il s'agit d'une population très jeune, ils ont 15-16 ans. [...]Ils ont besoin de faire la fête et de cette légèreté qu'ils n'ont plus depuis des mois. Tout le monde a le droit de s'amuser, mais il faut que cela soit respectueux des gens et de l'environnement. Je comprends aussi l'exaspération des gens " poursuit-elle.
Ce qui est une réalité, c'est que nous avons aujourd'hui moins d'incivilités à Biarritz que l'année dernière
Théophile de Lassus, directeur de cabinet du préfet des Pyrénées-Atlantiques, défend l'action des services de l'Etat. "Tout au long de l'été, nous déployons 123 effectifs de la police nationale supplémentaire, sur Biarritz et sur le reste du littoral, justement pour lutter contre ces incivilités, et permettre d'assurer la meilleure sécurité pour les Biarrots comme les estivants".
→ Vidéo : regarder le reportage d'Andde Irosbehere et Cécile Bonté-Baratciart
Mêmes scènes à Hossegor dans les Landes
"En juillet, tout s'est très bien passé, mais depuis début août, c'est n'importe quoi" déplore Florence, qui gère un bar à la sortie de la plage centrale d'Hossegor. Tous les soirs, des centaines de jeunes remontent de la plage vers la place des Landais aux alentours de 2 heures du matin, explique-t-elle.
Vidéo : scène de liesse sur la place des Landais à Hossegor (jeudi 5 août)
S'en suivent des bagarres, des incivilités, et une pollution massive. "Nous arrêtons de servir à 1 h 45, et ensuite on nettoie. J'essaie aussi de passer autour du bar avec mon grand sac poubelle, mais certains jeunes m'envoient directement les déchets dessus pour que je les ramasse !" déplore-t-elle. "Quand j'essaie de leur parler, ils me répondent 'ferme ta gueule, on te fait ton chiffre de l'été !".
Ca me rend folle de voir tous ces jeunes qui se tapent dessus et jettent tout par terre
D'après son témoignage, quelques gendarmes sont présents tous les soirs à la sortie de la plage, ainsi que des agents de sécurité, mais ils sont trop peu nombreux pour gérer les débordements. Et quant aux détritus :"il n'y a aucune poubelle, comment faire ?"
Avant l'été, de nombreux jeunes s'étaient donné un rendez-vous estival à Hossegor via la plateforme TikTok. Visiblement, le message a été entendu...
→ regardez le reportage de Marie-Eve Constans et Margot Michel