Assassinat d'un responsable d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile : le meurtrier présumé devant les assises de Pau

Un Soudanais comparait pour assassinat devant la Cour d’Assises des Pyrénées-Atlantiques, à Pau ce lundi 25 septembre. Il a reconnu avoir tué, en février 2021, un responsable d’un Centre d’accueil pour demandeurs d’asile de Pau, où il avait été pris en charge.

Treiz coups de couteau fatals. En février 2021, Cyril Pierreval, chef du pôle asile d’un Cada de Pau décède de ses blessures, après une agression sur son lieu de travail. Deux ans et demi après les faits, le meurtrier présumé est jugé pour assassinat devant la Cour d’Assises des Pyrénées-Atlantiques, à Pau. 

En garde à vue, ce Soudanais d’une quarantaine d’années a reconnu avoir tué un responsable de la structure sociale, âgé de 46 ans. Il a expliqué aux enquêteurs qu’il lui reprochait de ne pas avoir correctement traité sa situation. 

Shérif H.S. s’était rendu au centre d’accueil dans la matinée du 19 février 2021 pour obtenir un document lui permettant de rester en France, où il résidait depuis 2015. Il avait perdu son autorisation de séjour après plusieurs condamnations pour violences. 

L’une concernait une agression à l’arme blanche envers le colocataire d’un appartement mis à disposition par le Cada. L’autre visait des faits commis à la maison d’arrêt de Pau, où l’homme a purgé une peine de deux ans d’emprisonnement entre janvier 2017 et août 2018. Il s’en était pris à un codétenu par l’intermédiaire d’une fourchette.

"Aurait-on pu anticiper cette situation ?"

Les parties civiles attendent beaucoup du procès qui s’ouvre. Pour Maître Alexandrine Barnaba, avocate de l’épouse de Cyril Pierreval, c’est l’occasion d’interroger les motivations de l’agresseur. "S’en prendre à ceux qui ont toujours été là pour l’aider reste assez inexplicable. Ma cliente n’arrive pas à faire le deuil de l’homme qu’elle aimait. Chaque parcelle de Pau lui rappelle son mari", explique Alexandrine Barnaba, avocate de l'épouse de Cyril Pierreval.  

C’est une blessure qui ne s'apaise pas avec le temps. Elle veut savoir comment un être peut basculer dans l’horreur

Maître Alexandrine Barnaba

avocate de l’épouse de Cyril Pierreval

Qu’importe le jugement qui adviendra, “ça n’est pas le nombre d’années de prison qui viendra calmer la peine de ma cliente”, ajoute l’avocate  : “Elle va vivre avec sa propre peine à perpétuité”. L’audience doit permettre d’éclaircir plusieurs zones d’ombre, selon elle : “Dans quelles conditions Cyril Pierreval a-t-il pu recevoir son agresseur seul dans son bureau ? Avait-il été menaçant par le passé ? Présentait-il un danger ? Aurait-on pu anticiper cette situation ?”. 

"N'importe qui est vulnérable dans cette situation"

Pas forcément, estime Maître Thierry Sagardoytho, avocat de la fondation à laquelle est rattaché le Cada. Ce dernier évoque un drame "soudain", "imprévisible" et "peut-être insurmontable". 

On peut envisager de mettre des portiques de sécurité à la porte de toutes les institutions, n’importe qui est vulnérable dans cette situation et peut se retrouver face à une menace de cette nature.

Maître Thierry Sagardoytho

avocat de la Fondation COS Alexandre Glasberg

De son côté, l’avocate de la défense s’est refusée à tout commentaire avant le début de l’audience, conformément au souhait de son client. “C’est l’instruction qu’il m’a donnée, je respecte sa position”, précise Maître Béatrice Spiteri-Vinci.

L'émotion des employés du Cada

Le meurtre du responsable du Cada avait suscité l’émoi. Accompagné du maire de Pau François Bayrou, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’était rendu sur place, adressant sa “solidarité aux Palois et à l'ensemble du personnel de l'association Isard Cos, durement touché par cet acte ignoble".

Une quinzaine de salariés étaient présents au moment des faits. Deux d’entre eux ont maîtrisé l’agresseur en attendant l’arrivée de la police. Un “traumatisme inimaginable”, confiait à l’époque Philippe Elias, le directeur du Cada, en évoquant une fermeture temporaire de la structure et un soutien psychologique pour l’ensemble du personnel.