Signe des temps et du réchauffement climatiques, nos champs et vergers doivent s'adapter à l'évolution des températures et des saisons. Certains agriculteurs sont parfois visionnaires. À l'image d'Ismaël Faro, qui a planté en 2020, près de 600 agrumes, à Cuqueron sur des coteaux face aux Pyrénées.
Des fruits ronds et orange, sur fond de feuilles vert vernissé : un bien joli décor en pays béarnais. Sur les coteaux de Monein, c'est au milieu des vignes qu'Ismaël Faro plante ses tout premiers plants greffés de fruitiers. C'était en 2020. Des orangers Navelina qu’il a ramenés du Portugal, son pays natal.
C'est comme une inspiration pour le maraîcher, entre les souvenirs d'enfance et l'intuition de saisons toujours plus chaudes d'années en année.
Comme je suis dans l'agriculture et le maraîchage depuis 46 ans, j'ai vu l'évolution du climat.
Ismaël FaroMaraîcher
Des dizaines de kilos d'agrumes
Dès lors, c'est tout le paysage qui offre un nouveau décor, alors que cette prairie était initialement connue pour le pâturage des bovins. Ismaël Faro a planté des oranges, mais aussi des pamplemousses, des citrons et des clémentines. Tous ces agrumes sont en pleine forme et semblent avoir bien profité de la lumière et du drainage inhérents à leur localisation sur les pentes du village de Cuqueron. En trois ans de croissance, ses arbres sont prêts à donner une dizaine de kilos de fruits chacun. "D'ici cinq à six ans, ce sera multiplié par quatre", prévoit-il, enthousiaste.
Motiver les jeunes
Un pari gourmand pour celui qu'on prenait ici pour un fou. Mais aussi un pari sur l'avenir de ce passionné, qui n'a jamais perdu le sens de ses années de travail. "Ce n'est pas vraiment pour gagner ma vie, parce qu'aujourd'hui, je suis retraité. C'est pour le plaisir ! Et en même temps pour motiver des jeunes à se lancer dans l'agriculture moderne".
A le voir récolter aujourd'hui ces fruits colorés, on y voit beaucoup de satisfaction et cette expérience pourrait bien être utile un jour à d'autres "fous" comme lui. L'avantage, c'est que les bois venus du Portugal seront déjà acclimatés et les multiplier sera chose facile. "Comme ça, il y aura un fruit qui est naturel, qui vient d'ici qui a zéro traitement", assure-t-il.
Dans sa prairie expérimentale, Ismaël n'est pas vraiment prêt à rendre son sécateur. A côté des agrumes, il vient de planter ces avocatiers… toujours pour le plaisir de savourer bientôt ses propres fruits !
Pour les curieux ou les gourmands, la récolte démarrera fin janvier et ces oranges béarnaises seront à la vente aux halles de Pau.