Ce lundi 16 octobre, le maire de Pau, François Bayrou, sera devant le tribunal correctionnel de Paris, pour complicité de détournement de fonds publics, tout comme neuf autres cadres et députés du Modem. En Béarn, la mesure est de rigueur, l'attente omniprésente.
Il est à la tête de la capitale du Béarn depuis près de dix ans. Ce lundi 16 octobre, François Bayrou comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris pour complicité de détournements de fonds dans l’affaire du financement des assistants parlementaires européens du Modem. Un procès de quatre semaines qui s’achèvera le 22 novembre.
Attendre la justice
L’édile de Pau, devant les tribunaux, l’image n’émeut pas vraiment dans la capitale béarnaise. Si la mairie et les élus de la majorité se refusent à tout commentaire, l’opposition confie ne pas “réellement en parler”.
“J’entends les déclarations des uns et des autres, notamment de François Bayrou qui clame son innocence, les juges d’instructions qui ont tout de même décidé d’ouvrir ce procès”, explique Jérôme Marbot, élu socialiste de l’opposition au conseil municipal.
Ici, on ne parle pas vraiment du procès pour l'instant.
Jérôme Marbot, chef de file de l'opposition municipalerédaction web France 3 Aquitaine
L’affaire, qui dure depuis six ans, avait déjà été mise au-devant de la scène, lors des élections municipales en 2020. “Pendant la campagne déjà, je ne voulais pas évoquer ce sujet. Il n’en avait été mention que lors du débat de l’entre-deux-tours, parce qu’un journaliste m’avait posé la question”, précise Jérôme Marbot.
Quid de Pau ?
Le procès est pourtant loin de désintéresser la classe politique locale. “Il risque d’y avoir des conséquences. S’il est lavé de tout soupçon, ça libère ses ambitions politiques au niveau national”, rappelle Jérôme Marbot, évoquant aussi les conséquences, en cas de condamnation. “Ce sera peut-être l’occasion de demander l’avis aux Palois avec des élections anticipées”, interroge le chef de file de l’opposition.
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Si l'élu socialiste veut faire preuve de “pragmatisme” en attendant la décision de la justice avant de commenter, au sein de la classe politique, les questions sont nombreuses, les enjeux tout autant. "C’est un problème pour la ville parce que ce n'est évidemment pas un bon signe envoyé pour le prestige de la ville", regrette Emmanuelle Camelot, élue EELV de l'opposition.
L'image de la ville en toile de fond, les élus s'interrogent aussi sur la responsabilité de leur maire, la durée de l'enquête tout comme celle du procès et les conséquences sur la gestion de la ville. "Nous avons hâte que ça se termine, que ce soit nous, élus de l'opposition, mais aussi ses conseillers et ses adjoints. On veut pouvoir envisager concrètement l'avenir de Pau et non le conjecturer", martèle Emmanuelle Camelot.
Lundis et vendredis
Quant à la logistique à la mairie, “rien ne va changer”, s’amuse Jérôme Marbot. “Il est déjà pratiquement toute la semaine à Paris, il n'est à Pau que les lundis et vendredis.” La mairie de Pau le confirme. “Nous allons fonctionner normalement tout au long du procès”. Les Palois ne devraient donc se rendre compte de rien.
Ils ne le voient que lors des inaugurations. Il n'habite même pas à Pau.
Emmanuelle Camelot, élue EELV de l'opposition municipalerédaction web France 3 Aquitaine
Une absence de la vie locale devenue une habitude pour les élus de l'opposition. "Nous n'avons que dix conseils municipaux et d'agglomération cette année. C'est hallucinant. Il est temps que cette ville soit dirigée", lance Emmanuelle Camelot. Si l’histoire en est à sondénouement, sa fin ne sera pas écrite avant de longs mois.