La secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées est en déplacement en Corrèze ce jeudi 11 mars 2021. C'est la onzième visite ministérielle en deux mois en Limousin. Comment expliquer cette accélération ? Décryptage.
A force, le protocole d'accueil est bien rodé...
Ce jeudi 11 mars, Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat en charge des personnes handicapées, était en déplacement officiel en Corrèze. Elle s'est rendue dans un premier temps à Altillac dans l'usine Pierrot Gourmand du groupe Andros pour découvrir des postes de travail adaptés pour de jeunes autistes. Puis elle a visité à Brive l'école Michel Peyramaure, qui applique un dispositif d'autorégulation pour les élèves autistes.
Une nouvelle visite ministérielle... Presque la routine ! Depuis le début de l'année 2021, pas moins de onze ministres, ministres délégués ou secrétaires d'État se sont succédés en Limousin. Par comparaison, on a relevé neuf déplacements officiels au total sur toute l'année 2020...
La grande valse ministérielle
Ces dernières semaines, certains poids lourds du gouvernement ont été reçus sur nos terres. Il y a bien sûr la visite du Premier ministre Jean Castex et du ministre de l'Agriculture Julien Denormandie le week-end dernier en Creuse, venus annoncer une aide de 60 millions d'euros pour les agriculteurs.
Mais aussi la venue de Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, à Limoges le 19 février, ou celle de Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur le 11 janvier.
Et puis il y une succession de visites de second rang, ministres délégués ou secrétaires d'État.
Par exemple, le 25 février, pas moins de trois membres du gouvernement étaient présents en Limousin : Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants, au camp de la Courtine en Creuse, Joël Giraud, secrétaire d'Etat chargé de la Ruralité, à Ambazac pour inaugurer une nouvelle maison France Services, et Nathalie Elimas, secrétaire d'État à l'Éducation prioritaire en Corrèze. A noter qu'ils avaient eu le bon goût de se répartir le territoire : chacun dans un département...
Et l'on citera également, par soucis d'équité, les visites d'Elisabeth Moreno et Brigitte Klinkert, le 4 février en Haute-Vienne sur le thème de l'insertion et de l'égalité des chances, et celle d'Amélie de Montchalain, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, prévue ce vendredi 12 mars en Corrèze.
Des ministres connectés au terrain
Comment expliquer cette succession de visites ministérielles sur nos terres ? Les membres du gouvernement sont-ils subitement attirés par le Limousin ? Cette multiplication de déplacements en région est-elle conjoncturelle, liée à la crise sanitaire, ou à des objectifs électoraux ?
Pour les deux députés locaux Jean-Baptiste Moreau et Marie-Ange Magne, tous deux appartenant à la majorité présidentielle, cette présence du gouvernement en région est, bien sûr, une bonne chose. "Nous sommes dans une période particulière, qui revêt un caractère d'urgence. C'est important que les ministres montrent qu'ils sont connectés au terrain, qu'ils sont en situation de faire remonter les inquiétudes de la population, et qu'ils vont sur place constater les besoins et l'application des aides de l'État", explique Marie-Ange Magne, députée (LREM) de la troisième circonscription de Haute-Vienne.
"Je pense que les membres du gouvernement ont clairement la consigne d'aller sur le terrain en ce moment, montrer qu'ils se préoccupent de tous les territoires", renchérit Jean-Baptiste Moreau, député de la Creuse, qui révèle même qu'il faut parfois faire des choix : "Une semaine, fin février, on a failli avoir Darieussecq le jeudi, Elimas et Cluzel le vendredi, Castex et Denormandie le samedi (NDLR - visite initialiement prévue le 27 février avant d'être décalée d'une semaine). Il a fallu en reporter certaines..."
S'extraire de la gestion Covid
Clarisse Vernhes, rédactrice en chef adjointe du service politique de France Télévisions analyse les choses différemment.
Certes, il y a ce soucis du "service après-vente" du plan de relance, qui oblige les membres du gouvernement à présenter inexorablement les différents dispositifs mis en oeuvre.
Mais selon elle, il y a aussi une envie de s'extraire de la gestion Covid : "Il y a actuellement une vraie volonté du gouvernement de se déplacer en région pour montrer que, malgré la pandémie, il n'abandonne pas les autres dossiers, que tout n'est pas à l'arrêt, qu'il reste mobilisé."
D'où le choix notamment des territoires ruraux, pour montrer symboliquement qu'il est au plus près de la population.
Déjà en campagne ?
A un an des prochaines élections présidentielles, l'occupation du terrain n'est sans doute pas non plus anodine. "Il n'y a aucune manifestation politique en ce moment, pas de meetings électoraux... Les visites protocolaires sont la seule façon d'être présent", analyse l'enseignant en sciences politiques Thomas Marty, qui juge que cet attrait soudain du Limousin n'est peut-être pas tout à fait un hasard : "Avec cinq députés sur six sous l'étiquette LREM, c'est une terre d'accueil favorable. C'est suffisament rare pour miser dessus. Et puis c'est une façon de préparer le terrain pour les élections législatives de juin 2022, en valorisant les députés locaux."
Plus proches dans le temps, les élections départementales et régionales en juin 2021 jouent aussi un rôle. Geneviève Darrieussecq, la secrétaire d'État aux Anciens combattants, est venue pas moins de quatre fois en Limousin en trois ans, à Oradour-sur-Glane, Felletin, Limoges et La Courtine. Elle multiplie aussi les déplacements officiels sur tout le territoire de la Nouvelle-Aquitaine. Et pour cause : originaire des Landes, est elle en pole position pour devenir la candidate de la majorité présidentielle dans la région, même si sa candidature n'est pas encore officielle.
