Le mois de février 2020 pourrait voir une nouvelle baisse du taux de rémunération du livret A, l'épargne préférée des Français. Jacques Savatier, député de la Vienne, redoute une perte de confiance de la population envers son système financier comme ses parlementaires.
Fixé à 0,75% depuis le 1er août 2015, le livret A plafonnait déjà au taux le plus faible de son histoire : au 1er février 2020, il pourrait enregistrer une nouvelle baisse significative pour atteindre 0,5%. Une mesure qui, pour le député de la première circonscription de la Vienne Jacques Savatier, risque de susciter l'incompréhension des Français et une nouvelle perte de confiance envers leurs institutions financières.
Une épargne populaire pour faire face aux aléas de la vie
"Le livret A ne représente pas une épargne qui vise la spéculation, explique-t-il. C'est une épargne de précaution qui répond à un besoin de se rassurer, de prévoir l'avenir et de faire face aux problèmes de la vie : une sorte de pouvoir d'achat différé." C'est pourquoi le député plaide pour le maintien d'une rémunération la plus élevée possible.Membre de la Caisse des dépôts et consignations, en charge notamment de la gestion des fonds d'épargne du livret A, Jacques Savatier connaît son sujet. "On constate que le montant de l'épargne du livret A augmente d'année en année, ajoute-t-il. En 2019, elle a enregistré une hausse de 14 milliards d'euros pour atteindre les 420 milliards."
Créé en 1818, le livret A a marqué des générations entières et reste à ce jour le livret d'épargne préféré des Français. Selon un rapport de la Banque de France, ce sont environ 55 millions de citoyens qui en possédaient un en 2017, soit un peu plus de 4 personnes sur 5. Un chiffre en légère diminution, à cause notamment de la baisse régulière du taux de rémunération. Au 1er juillet 2000, il plafonnait à 3%, pour redescendre à 2% en 2005 avant un taux record de 4% en 2008. Depuis 2011, il n'avait eu de cesse de baisser, atteignant les 1% en 2014.
Financement de logements sociaux
"Mais si une baisse de rémunération représente naturellement un inconvénient pour les épargnants, nuance Jacques Savatier, elle constitue un avantage pour l'usage qui est fait des fonds recueillis, notamment le financement de logements sociaux." En effet, l'argent collecté sur les livrets A est historiquement affecté à l'investissement d'infrastructures publiques.Cet usage voit le jour au lendemain de la guerre franco-allemande de 1870. Il se destine alors au financement de chemins de fer, de canaux ainsi qu'au chantier de l'électrisation des campagnes. Dès 1894, il est investi dans le parc de logements sociaux français.
"Il nous faut trouver un équilibre entre juste rémunération de l'épargne et prêts attractifs à destination de l'investissement social", poursuit-il . Et par investissement social, il entend l'amélioration du parc immobilier existant, la construction de nouveaux logements et la rénovation énergétique.
Un risque d'incompréhension à l'approche des municipales
Également membre de la commission des finances à l'Assemblée nationale, Jacques Savatier a évoqué ses inquiètudes auprès de l'Élysée, mais aussi de Matignon ainsi que du ministère de l'Économie. "Il y a déjà des sujets sociaux dans le débat public, je pense que ce n'est pas la peine d'en rajouter", explique-t-il. Surtout à quelques mois de l'échéance électorale des municipales."Avec les électeurs, c'est clair, conlut le député LREM. Je n'ai vu personne applaudir une baisse de taux du livret A. Pratiquement tout le monde est concerné et si les gens ne comprennent pas, ils ne peuvent pas avoir confiance." Pour l'heure, aucune décision n'a été actée. Une nouvelle proposition sera soumise par la Banque de France au ministère de l'Économie à la mi-janvier, à partir de laquelle le gouvernement se prononcera sur le nouveau taux à appliquer en février.