À Poitiers, le préfet défend le bilan de la police contre le trafic de drogue et appelle les habitants à dénoncer les dealers

La préfecture de la Vienne dévoile les chiffres de la police dans la lutte contre les stupéfiants, "la priorité". Si les chiffres sont en hausse au prix de l'augmentation des moyens, les services de l'État demandent également l'appui des habitants.

"Les stups, c’est la mère de toutes les batailles, car le trafic conduit à d’autres actes délictueux et il vient pourrir la vie des habitants." Devant un bâtiment du quartier des Couronneries à Poitiers, le préfet de la Vienne, Jean-Marie Girier, défend le bilan de la police à Poitiers contre ce qu’il considère comme "la priorité" : le trafic de drogue.

Des chiffres en hausse, mais à relativiser

Après une intervention d’une quarantaine de policiers devant la presse, Jean-Marie Girier énumère les chiffres de la lutte contre les "stups" sur l’année écoulée. En 2022 à Poitiers, 285 descentes de polices ont été effectuées et 35 kg de produits illicites - toutes drogues confondues - saisis. "C’est un bon chiffre", indique le préfet de la Vienne, satisfait. "Il a doublé par rapport à 2021". Par ailleurs, 217 dealers ont été interpellés sur l’année 2022, avec des suites judiciaires très variées. Mise en place en 2020, l’amende forfaitaire délictuelle pour usage de stupéfiants à destination des consommateurs, a été délivré 214 fois à Poitiers en 2022.

Si les chiffres de la police sont en hausse, ils sont à remettre en perspective avec le contexte. Les deux dernières années étant marquées par la pandémie de Covid-19, les effectifs de police étaient alors assignés à d’autres tâches. Mais de l’aveu du préfet Jean-Marie Girier, le département voit également plus de drogue circuler, et notamment la cocaïne. "Avec la reprise des vols avec la Guyane, les mules guyanaises ont ramené beaucoup de cocaïne dans la Vienne et les Deux-Sèvres. Ce qui provoque la réapparition de drogues qu’on ne voyait plus comme le crack", soulève-t-il. Les saisies de la police ont augmenté tout comme la présence de la drogue.

Poitiers n’est pourtant pas une capitale du trafic, mais cette priorité donnée à la lutte contre la drogue vient directement de la place Beauvau. Dès 2020, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin annonçait la couleur dans une interview donnée au Parisien : "Notre priorité sera la lutte contre les stupéfiants. Cela doit être l'alpha et l'oméga de toutes nos interventions." Une priorité aux dépens d’autres luttes ? Déjà en 2021, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qualifiait le bilan de la police dans la lutte contre le trafic de drogue d’"historiques". Parallèlement, les violences conjugales, elles, ont augmenté de 21 % la même année.

La volonté de s'appuyer sur les dénonciations des habitants

Deux ans plus tard, les moyens ont été mis en place. "À l’échelle de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP), les effectifs n’ont jamais été aussi élevés que ces cinq dernières années", assure le préfet Jean-Marie Girier. Les services se sont même dotés cette année d’un chien de détection. "C’est une aide précieuse, car dès qu’il marque l’arrêt, cela a une valeur juridique", explique le commissaire Hervé Bousquet.

Sur le terrain, dans le quartier des Couronneries comme celui des 3 Cités, le préfet de la Vienne distribue des brochures aux habitants. Ces tracts rappellent les chiffres de la police dans cette lutte contre trafic sur Poitiers et appellent les habitants à dénoncer les dealers. "Les populations des quartiers touchés sont en première ligne. Nous avons besoin d’eux pour lutter contre le trafic. Ils peuvent effectuer des signalements en toute discrétion sur moncommissariat.fr", martèle Jean-Marie Girier.

Entre canulars, dénonciations calomnieuses ou signalements de trafiquants concurrents intéressés, la plateforme peut poser quelques questions. Mais elle reste, selon le préfet de la Vienne, une "aide précieuse", dans le "travail au long cours" fond auquel se livre la police pour le démantèlement des réseaux de trafic.

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