Les vins du Poitou-Charentes vont-ils prendre de nouvelles parts de marché ? Quasi-épargnés par le mildiou qui décime les vignes de Touraine et du Bordelais, nos viticulteurs croisent les doigts tout en surveillant toujours le redoutable champignon.
"Je le repère au premier coup d'œil ! Il faut être hypervigilant !" Tous les jours, elle passe dans ses rangs. Isabelle Suire, vigneronne en transition biologique dans l'appellation Saumur, surveille de très près les éventuelles attaques de mildiou. Cet été est bien moins tranquille que le précédent...
L'année dernière, la vigne, il fallait qu'elle lutte contre le sec, le soleil et les fortes températures. Là, comme c'est une année avec des fortes chaleurs et de l'humidité, le champignon s'y plaît beaucoup !
Isabelle SuireVigneronne dans l'appellation Saumur
Ambiance tropicale
La météo de cet été est donc très propice au développement des champignons en général, du mildiou en particulier. Ce parasite de la vigne se manifeste d'abord sur les jeunes feuilles où il répand des taches claires. Lorsqu'il atteint les grappes, leur développement est stoppé. Ne reste alors qu'une brindille rabougrie.
Problème, il n'existe aucun traitement curatif efficace, il faut agir avant l'apparition des symptômes. Le traitement à base de cuivre, surnommé bouillie bordelaise, reste le plus utilisé, car moins chimique, et compatible avec les cahiers des charges bio.
C'est un produit lessivable, 20 millimètres de pluie, et la vigne n'est plus protégée. Les jeunes feuilles qui poussent entre deux traitements sont sensibles au mildiou.
Isabelle SuireVigneronne dans l'appellation Saumur
Et la propagation peut être très rapide. Parfois, sans pluie, la rosée humide suffit à relancer les contaminations.
Dans son exploitation, Isabelle Suire ne déplore que des contaminations très parsemées, marginales. Les grappes sont maintenant suffisamment formées pour ne plus être sensibles au mildiou. Mais d'autres champignons sont à l'œuvre, la vigilance reste d'actualité.
Question de chance
Parmi les moyens de lutte, certains choisissent d'étêter les vignes d'abord touchées par le haut. Mais l'élément principal passe par la surveillance quotidienne des prévisions météo pour traiter au bon moment, protéger avant le risque.
Là où les anciens plantaient en bout de rang des rosiers, sensibles au mildiou avant la vigne, François Turpeau, viticulteur en Haut-Poitou, suit les alertes d'une application dédiée.
Sur ce diagramme, on voit quand le risque est important. C’est d’avril à juillet, et on voit que, globalement, dans notre secteur, on a eu peu de risque de maladies.
François TurpeauViticulteur en Haut-Poitou
En confluence entre les fortes pluies de la Loire et les orages d’Aquitaine, l'ensemble des appellations Poitou-Charentes, Cognac compris, ont été nettement moins arrosées que leurs voisines, et donc beaucoup moins exposées au risque de maladies. Une situation très favorable par rapport à la concurrence, en proie aux difficultés.
Nos vins bancs sont très appréciés dans les pays scandinaves, anglosaxons, donc si on a des volumes, on va partir à la conquête.
François TurpeauViticulteur en Haut-Poitou
Reste à mener les grappes prometteuses à la récolte. Les viticulteurs le savent d'expérience, tant que ce n’est pas ramassé, ce n’est pas gagné...