Découvrir en toute simplicité les quartiers de Poitiers, c'est possible. Les "greeters", que l'on peut traduire par "les accueillants" en anglais, proposent une offre touristique gratuite, accueillie plutôt favorablement par l'office de tourisme.
Depuis quelques années, les touristes ont l'opportunité d'explorer la ville dans laquelle ils ont atterri à l'aide d'un "greeter". Ces personnes proposent des visites guidées gratuites, de lieux emblématiques comme de petites ruelles chargées d'histoire qui font le charme d'un quartier.
"Ce sont toujours de bonnes expériences"
Une petite dizaine de "greeters" offrent leur service à Poitiers, comme Bernard Rivaux. Ce jour-là, il fait découvrir le charme pittoresque du centre-ville de la cité pictavienne à Martine et Michel Faroux, un couple venu de la banlieue parisienne, qui n'est pas à son coup d'essai. "On a déjà fait plusieurs visites de villes avec les 'greeters'. Ce qui nous plaît, ce que l'on n'est pas nombreux, ça, c'est bien, sourit Martine Faroux. Et puis les personnes qui nous font visiter se mettent à notre portée, ce ne sont pas des historiens. On peut poser facilement des questions avec les guides. Ce sont toujours de bonnes expériences."
Pendant près de deux heures, Bernard Rivaux parcourt avec ses deux touristes les allées principales du centre historiques de la ville, de la Grand'Rue à l'église Notre-Dame-la-Grande, en passant par la fabrique de parapluies. Cela fait plusieurs années qu'il fait visiter la ville à ces gens de passage. "C'est très sympa, j'aime beaucoup la diversité des rencontres, la convivialité, avoue-t-il. Je suis un voyageur. C'est un quartier que j'aime bien. Après, on va descendre vers le Clain, j'adore cette rivière. La balade, on la fait également en fonction de la demande. Je ne me vois absolument pas comme un guide touristique, je ne me vois pas parler pendant deux heures sur un lieu, aller dans les détails."
Aucune concurrence avec l'office de tourisme
L'escale est donc brève, sans donner trop de détails sur un site en particulier, comme celui de l'église Notre-Dame. "Mon discours n'est pas un discours religieux. Je parle plus de l'aspect artistique, qui fabriquaient tout cela. Après chacun pense librement, je ne fais pas un cours d'histoire. Je vais parler dans les grandes lignes de ce qu'il s'est passé durant les guerres de religion, ajoute Bernard Rivaux. Les visiteurs sont surtout des gens qui veulent que l'on vulgarise."
Patrick Chatet, lui aussi "greeter", explique en quoi leurs services est différent de ce que peut proposer l'office de tourisme. "Il y a un vrai contact entre le visiteur et le coordinateur que je suis. On va voir en fonction des disponibilités de chacun, de voir ce qui attire et ce qui les intéresse. Certains touristes sont aussi espagnols ou anglais, on va donc leur proposer un "greeter" qui est plus à l'aise avec la langue en question. On s'adapte en fonction de la demande, on construit la visite avec les touristes. On n'a surtout pas l'ambition de devenir guide touristique. On évoque le patrimoine, mais aussi la vie locale : c'est un échange qui se construit au fur et à mesure avec les visiteurs."
Il n'est donc pas question de faire de l'ombre aux guides conférenciers ou aux groupes de visites organisées par l'office de tourisme. "Les 'greeters', on les connaît bien. C'est complètement différent de ce que peut proposer la Ville. Ils peuvent servir de complément : ils connaissent bien les quartiers, connaissent les bonnes adresses du coin. Ce n'est pas du tout une concurrence directe", précise Bénédicte Breuls, directrice de l'Office de tourisme de Grand Poitiers.
Les "greeters" organisent une trentaine de visites par an, soit six fois moins que l’Office de tourisme de Grand Poitiers.