À Poitiers (Vienne), Sergio Castro est un réparateur de vélos, pas comme les autres. Il a créé Up Vélo, un service d’entretien et de réparation à domicile et sur le lieu de travail. Rencontre.
Féru de vélo depuis son plus jeune âge, Sergio Castro a fait de sa passion son métier. Depuis septembre 2020, il parcourt les rues de Poitiers et des alentours pour se rendre directement au domicile et sur le lieu de travail de ses clients. "Le vélo a toujours été un outil d’indépendance pour moi”, raconte le trentenaire. “C’est là où je me sens libre.”
Un pneu crevé, un pédalier qui grince, des freins usés… Sergio a réponse à tout. Même par téléphone, son sourire et sa bonne humeur sont évidents. “Je me suis lancé dans l’inconnu et je me suis construit petit à petit. Aujourd’hui, j’ai vraiment trouvé ma voie”.
Autodidacte
Pendant son adolescence, Sergio faisait beaucoup de BMX. Un sport où l’on “casse beaucoup de vélos”. C’est comme ça qu’il a appris à bricoler. “Je passais beaucoup de temps à l’atelier, à observer le mécanicien et au-fur-et-à-mesure, je pouvais le faire moi-même !”
Avant de faire de la réparation son métier, Sergio a eu une autre vie. À 21 ans, il a quitté la Colombie, son pays d’origine, pour faire ses études en France. Passionné de guitare et de musique électronique, il a suivi une formation au centre de formation des musiciens intervenants à Poitiers et un master en création sonore et enregistrement à Angoulême.
Bogota, c’est une ville gigantesque, c’est un autre rythme. Ici, j’ai trouvé mon équilibre. C’est petit, c’est vert, et je me sens en sécurité. Et j’adore le style médiéval de la ville !
Sergio Castro, réparateur de vélo à Poitiers
Il est tombé amoureux de Poitiers et y est resté pour exercer son activité de musicien intervenant dans des écoles de musique et dans des établissements scolaires. “Bogota, c’est une ville gigantesque, c’est un autre rythme. Ici, j’ai trouvé mon équilibre. C’est petit, c’est vert, et je me sens en sécurité. Et j’adore le style médiéval de la ville !”
"Je faisais ça pour les dépanner"
En 2019, il devient livreur Uber Eats pour avoir un complément de revenu. Il se rend compte que les livreurs sont nombreux à avoir des vélos mal-en-point. Le jeune homme commence à réparer gratuitement les vélos de ses collègues. “Je faisais ça pour les dépanner, ce sont des gars qui n’ont pas forcément les moyens pour aller dans un atelier.”
Avec le temps, Sergio doit commander de plus en plus de pièces détachées sur internet. En parallèle, il ne supporte plus de voir des vélos en mauvais état, garés à l’entrée des bâtiments où il livre les clients. “À chaque fois que je voyais un vélo, j’avais envie de sortir ma clé pour le réparer”, se rappelle-t-il.
À chaque fois que je voyais un vélo, j’avais envie de sortir ma clé pour le réparer
Sergio Castro, réparateur de vélo à Poitiers
"Il m’arrive de réparer le vélo de toute une famille"
En septembre 2020, c’est décidé, il veut se lancer dans le grand bain. Il crée son entreprise Up Vélo. “J’avais commencer à faire ma pub sur les réseaux sociaux et avec le bouche-à-oreille les clients commençaient à être de plus en plus nombreux.” Il abandonne la plateforme Uber Eats après quelques mois pour se consacrer à son activité.
Au départ, la quasi-totalité de ses clients sont des livreurs à vélo. “Il y a une roue qui crève ou un câble qui lâche, ils ne peuvent pas s’arrêter. Ils doivent assurer leur livraisons.” Aujourd’hui, il complète avec une autre clientèle qui fait du vélo pour le loisir.
“Il m’arrive de réparer le vélo de toute une famille : un enfant, son grand-père, etc. ”, raconte-t-il. Et cette clientèle est précieuse. Car Sergio se déplace jusqu’à 40 kilomètres autour de Poitiers. “Évidemment, je facture les frais de déplacement en conséquence.”
Renforcer sa visibilité
Pour élargir son champ d’action, Sergio Castro n’hésite pas à multiplier les partenariats. En décembre 2021, il a travaillé avec le Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) dans des résidences universitaires. Il réparait les vélos des étudiants, qui n’avaient rien à payer, sauf s’il y avait besoin d’une pièce détachée. “Cela m’a permis de dépanner énormément d’étudiants et d’augmenter ma visibilité”, raconte-t-il.
Autre collaboration : il offre un diagnostic gratuit à tous les adhérents de l’association Vélotaf Grand Poitiers. Un partenariat qui lui tient à cœur. “J’aime beaucoup leur démarche”, explique-t-il. “Ce sont des personnes qui font l’effort de se déplacer chaque jour à vélo, donc il faut que la bête fonctionne !”
Sergio s'est aussi récemment lancé dans la réparation de trottinettes. Pour un utilisateur, faire réparer sa trottinette est un vrai casse-tête : il faut la renvoyer à l’expéditeur, et donc attendre jusqu’à plusieurs semaines. “Moi, je peux réparer la trottinette le jour-même !”, affirme Sergio. “Le mécanisme d’une trottinette est assez similaire à celui d’un vélo, je me suis dit que je pouvais me lancer dedans.”
Ambitieux, Sergio a un objectif en tête : “Essayer de m’établir comme l’un des meilleurs réparateurs à Poitiers !”