C'est plus qu'une pointe d'amertume : le prix du cacao a presque triplé en une année. Ce ne sera probablement pas sans conséquence sur le prix des chocolats de fin d'année. Rencontre avec des artisans de la Vienne.
Vénézuela, Equateur, Pérou... Pour les puristes, déguster un chocolat, c'est un parfum envoûtant, comme une invitation au voyage... Benoît Labelle travaille ces cacaos grands crus au quotidien... mais depuis quelques mois, il est confronté à l'explosion du coût de sa précieuse matière première.
Certains crus ont une augmentation de 180 % par rapport au prix d’achat de la matière première, c'est pareil pour le beurre de cacao.
Benoît LabelleArtisan chocolatier
Système D et anticipation
Seul salarié de l’entreprise, le chocolatier essaye de pallier cette hausse majeure, l'artisan réfléchit à un emballage un peu moins onéreux.
Autre marge de manœuvre, il avait gardé de côté, juste après Pâques, une réserve stratégique de beurre de cacao. Mais quand celle-ci sera épuisée, il faudra ou en racheter ou réadapter les recettes, car cet ingrédient-là sert de base à de nombreuses préparations.
L'objectif est de maintenir des prix raisonnables pour la clientèle... car au-delà d'un certain seuil, répercuter la hausse ferait plonger les ventes...
Je vends mes tablettes à six euros, boîtage inclus. Si je devais vraiment appliquer le prix, faudrait que je les vende 17 €.
Benoît LabelleArtisan chocolatier
Le cours du cacao a triplé en une année. Négocié à 9.000 dollars la tonne sur les marchés boursiers aujourd’hui, il a atteint en avril dernier le record de 12.261 dollars... écrasant, de très loin, le pic atteint en 1977.
Une envolée qui s'explique notamment par les mauvaises récoltes dans les principaux pays producteurs africains. Les cultivateurs y ont enchaîné pluies abondantes, maladies, et sécheresse. Ajoutez à cela une dose de spéculation... et l'on aboutit à cette situation inédite dans l'histoire du chocolat.
Achat plaisir
Une inflation qui inquiète aussi dans cette chocolaterie... ici, ganaches et autres bonbons fourrés font le bonheur des clients... A voir les grands sourires gourmands et les yeux qui roulent à la moindre bouchée, impossible d'imaginer le contraire.
Un plaisir bonifié par des prix restés stables ces dernières années. Mais face à cette flambée inédite, les gérants de cette boutique poitevine vont être contraints de les augmenter.
Jusque-là, on arrivait à rogner sur les marges, notamment en achetant de plus grosses quantités. Mais là, pour cette augmentation-ci, on va devoir nécessairement répercuter sur les prix de vente aux consommateurs.
Shahd GélyGérante de la boutique Fink Poitiers centre ville
Et malgré cette éventualité, les clients rencontrés se montrent plutôt compréhensifs : "Même si ça augmente un petit peu, je vais continuer à acheter des chocolats c’est sûr" nous dit celui-là... "Je ne viendrai pas tous les jours, mais en petit cadeau, je trouve ça agréable d’offrir quelque chose de joli !" argumente celle-ci...
Pour offrir ou se faire plaisir, il faudra bientôt débourser quelques euros de plus... et ce, au moins, jusqu’à Noël.