Exercer le métier d'avocat en milieu carcéral, un exercice difficile. Pour faciliter leur travail, une convention a été signée récemment entre l'Ordre des avocats de la Vienne et le centre pénitentiaire de Vivonne.
Il est 8h30, au centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne. La porte s'ouvre pour les avocats. Emmanuel Breillat doit faire vite : "Nous pouvons mettre facilement une demi-heure entre l'arrivée au centre pénitentiaire et le moment où nous rencontrons notre client, d'où la nécessité de rechercher avec l'administration pénitentiaire des solutions pour améliorer cette fluidité d'accès." Faciliter le travail des avocats, c'est justement l'objet de la convention qui vient d'être signée entre l'Ordre des avocats de la Vienne et le centre pénitentiaire de Vivonne.
L'Ordre des avocats et la direction de la prison de #Poitiers-#Vivonne s'entendent pour faciliter l'accès des avocats à leurs clients placés en détention. C'est ce soir à 19h sur @F3PoitouChtes. pic.twitter.com/k8zreq6QzL
— Antoine Morel (@F3AntoineMorel) 19 septembre 2018
Un peu plus loin, Patricia Coutand rencontre Emeric son deuxième client de la journée. L'administration lui reproche un différend verbal avec un co-détenu. Il est convoqué dans quelques minutes à la commission de discipline. Pour elle aussi donc, pas de temps à perdre. L'entretien ne dure qu'une dizaine de minutes. Trop peu pour le détenu :
On ne peut pas tout dire en dix minutes. On est en prison, il y a beaucoup de choses à expliquer.
Ce que confirme Patricia Coutand, son avocate : "Il y a plein de choses à savoir. Pourquoi la personne est là ? Comment se passe la détention ? Est-ce qu'elle est victime de racket ? Est-ce qu'elle a des proches ? Est-ce qu'elle est en début ou en fin de parcours ? Ce sont des questions qui me sont utiles et que j'ai n'ai généralement pas le temps de poser."
À peine l'entretien terminé, Emeric comparaît déjà devant le tribunal interne de la prison qui doit se pencher sur son comportement. Karine Lagier, la directrice se dit soucieuse des droits de la défense. C'est pour cette raison qu'elle a signé une convention avec l'Ordre des avocats : "Par exemple, nous faisons passer l'avocat en premier sur la commission discipline, ce qui permet de le libérer de suite."
En une demi-journée Maître Coutand n'a eu le temps d'aider que trois détenus pas plus. Elle sera payée 264 euros par l'aide juridictionnelle, soit 88 euros par affaire et ses frais de déplacement ne lui seront pas remboursés.