30 ans après la mort de Kalinka Bamberski, l'avocat général à la Cour d'Assises de Créteil a requis ce mercredi 15 à 18 ans en appel contre son beau-père Dieter Krombach. Verdict jeudi.
Après un procès marathon, le parquet a requis mercredi 15 à 18 ans de réclusion contre Dieter Krombach, jugé en appel par la cour d'assises du Val-de-Marne pour le meurtre de sa belle-fille Kalinka Bamberski en 1982, avant un verdict attendu jeudi.
"Demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, ...". L'avocat général Jean-Paul Content a récité les vers écrits par Victor Hugo pour sa fille décédée : "cet homme qui marche, avance, droit devant lui, m'a fait penser au père de Kalinka". Le toulousain André Bamberski, qui avait contenu son émotion durant le procès, s'est laissé gagner par les larmes, seul et voûté, sous l'estrade de l'avocat général, et assis à deux mètres de son ex-femme et mère de Kalinka, la discrète Danielle Gonnin.
"Depuis 30 ans, cet homme porte ce dossier sur ses épaules, et même au bout de ses bras. Sans lui, il n'y aurait jamais eu de procès", a salué l'avocat général. "Il y a eu cet enlèvement, mais la cause est juste", a-t-il rappelé, faisant référence à l'interpellation rocambolesque, en octobre 2009 à Mulhouse, du docteur Krombach, retrouvé pieds et poings liés dans une rue, après son rapt en Allemagne pour le compte d'André Bamberski.
Le docteur Krombach, médecin allemand au train de vie confortable, coureur de jupons, est aujourd'hui derrière la vitre du box des accusés, malade, fatigué, au point de s'endormir durant l'audience, malgré des horaires aménagés pour lui permettre de rentrer tôt dans sa cellule de la prison parisienne de la Santé. Il nie les faits.
"Une série de dysfonctionnements"
L'avocat général a défendu la thèse d'un Krombach qui a donné des somnifères à Kalinka, puis, une fois endormie, a voulu abuser d'elle sexuellement, provoquant une réaction ayant conduit à l'asphyxie, puis à la mort. Il a détaillé la "série de dysfonctionnements, dont certains donnent envie de crier", qui a suivi le décès de l'adolescente: "c'est sur la base d'une autopsie bâclée et d'une enquête judiciaire bâclée que le parquet de Kempten (Allemagne), un mois plus tard, sans demander d'examen ou d'enquête complémentaire, classe le dossier"."Je ne peux pas affirmer qu'il y a eu viol, il n'y a eu ni prélèvements ni analyses. Mais je regrette que l'information ouverte à Paris ne l'ait pas été aussi pour viol ou agression sexuelle, qui me paraît ici caractérisée", a-t-il lancé.
Jean-Paul Content a encore dénoncé "le manque de coopération des autorités judiciaires de Bavière" : "des actes qui étaient importants dans la démarche de recherche de la vérité n'ont pas reçu de réponse des autorités judiciaires allemandes. Ces non-réponses sont venues alimenter les soupçons de protection dont Dieter Krombach a bénéficié".
Il a toutefois nuancé: "je ne parlerai pas de pression, mais de climat de pression", de la part d'un "médecin reconnu, réputé" à Lindau, "petite ville de 25.000 habitants".
André Bamberski, qui seul a assuré mardi sa plaidoirie en tant que partie civile, après avoir congédié ses avocats, avait accusé le docteur Krombach d'avoir violé l'adolescente puis de l'avoir tuée en lui injectant des "poisons" dans le but de cacher son crime sexuel.
En octobre 2011, la cour d'assises de Paris avait condamné Dieter Krombach à 15 ans de réclusion. Le procès, qui se déroule en appel devant la cour d'assises du Val-de-Marne depuis le 27 novembre, devait initialement se terminer le 14 décembre.