Des livres sur la corrida, il y en a beaucoup. Trop. Des bons livres sur la corrida, peu. Trop peu. "Gueules de toreros" de Blaise Volckaert et Jacques Durand est de ceux-là.
Passiflore, une maison d'édition basée à Dax, publie ces jours-ci "Gueules de toreros", un livre de Blaise Volckaert et Jacques Durand.
À part le titre, plutôt ridicule (pourquoi ne pas l'avoir appelé "Figures" ou "Visages"?), tout est réussi dans ce travail.
60 photos noir et blanc, et 60 textes. 60 visages de personnages de l'arènes saisis, en noir et blanc - cómo no! - par Volckaert et rendus encore plus vivants par Durand.
Les photos de Blaise sont juste parfaites; et les textes de Durand parfaitement justes. Un régal pour l'amateur!
Voici, à titre d'exemple, le texte de Durand "illustrant" la photo de Castella que nous reproduisons:
Sébastien Castella à Nîmes. Il est timide et intimidant, arrogant et intériorisé, secret et sans détour, abrupt pour certains, franc pour d’autres, charismatique et froid. Il a déclaré un jour à un journal équatorien qu’il n’aimait ni la chasse, ni la pêche, ni voir souffrir les animaux, que leur souffrance pouvait le faire pleurer et qu’il se rendait aux arènes pour toréer, pas pour tuer. Ordóñez le disait aussi et c’est parfaitement compréhensible et parfaitement émouvant. Des aficionados en ont profité pour lui instruire un mauvais procès. Il a ajouté : « Nous sommes des tueurs de toros, mais nous n’en perdons pas pour autant notre qualité d’hommes. » Et voilà qu’à Nîmes, il s’est fait, avec ses longs cils, l’oeil terrible d’Alexandre Delarge, Alex, le chef de la bande des droogs dans Orange mécanique, le film de Stanley Kubrick.