L'impressionnante opération de police menée mardi à Toulouse contre les Roms suspectés de vol de cuivre a été menée devant les caméras et les journalistes... opportunément mis au courant.
Dans le contexte national actuel, où, à moins de 6 mois des élections municipales, quelques milliers de membres de la communauté Roms semblent devenir, à leurs dépens, le sujet majeur que certains hommes (et femmes) politiques voudraient imposer à 65 millions de Français, il faut s'arrêter un moment sur la manière dont s'est déroulée mardi à Toulouse l'opération de police contre les Roms suspectés de vol de cuivre.
La plupart des médias avait été prévenus la veille. Des indiscrétions, accompagnées de messages de prudence ("attention, gardez-le pour vous, sinon vous feriez tout capoter") beaucoup trop nombreuses pour être honnêtes ! A Toulouse, la quasi-totalité de la presse locale était sur les dents bien avant le lever du jour. On a même assisté à des scènes étranges : des journalistes qui attendent discrètement "planqués" dans leur voiture que ces messieurs de la police veuillent bien lancer "l'assaut", une radio qui parle de l'opération dans ses journaux matinaux alors même qu'elle n'a pas encore débuté et des policiers nombreux mais bienveillants qui se laissent filmer, photographier et surtout qui ne font rien pour... repousser les équipes de journalistes loin de l'événement !
Faut-il ajouter que l'intervention prévue de longue date s'est déroulée après le lever du jour, en pleine lumière ? Il faut dire qu'à 6 heures, heure légale où habituellement les policiers vont "taper" leurs cibles, il faisait encore nuit. Les caméras n'aiment pas l'obscurité.
La plupart des médias avait été prévenus la veille. Des indiscrétions, accompagnées de messages de prudence ("attention, gardez-le pour vous, sinon vous feriez tout capoter") beaucoup trop nombreuses pour être honnêtes ! A Toulouse, la quasi-totalité de la presse locale était sur les dents bien avant le lever du jour. On a même assisté à des scènes étranges : des journalistes qui attendent discrètement "planqués" dans leur voiture que ces messieurs de la police veuillent bien lancer "l'assaut", une radio qui parle de l'opération dans ses journaux matinaux alors même qu'elle n'a pas encore débuté et des policiers nombreux mais bienveillants qui se laissent filmer, photographier et surtout qui ne font rien pour... repousser les équipes de journalistes loin de l'événement !
Faut-il ajouter que l'intervention prévue de longue date s'est déroulée après le lever du jour, en pleine lumière ? Il faut dire qu'à 6 heures, heure légale où habituellement les policiers vont "taper" leurs cibles, il faisait encore nuit. Les caméras n'aiment pas l'obscurité.
Alors, à qui profite l'info ?
Difficile de répondre "objectivement" à cette question. On sait au moins à qui elle ne profite pas : à la communauté Rom à Toulouse et en France. C'est une évidence. Notre idée ici n'est évidemment pas de dédouaner les auteurs présumés de ces importants vols de cuivre. La justice travaille et tant mieux si les coupables sont arrêtés et condamnés.
Non, ce qui chagrine les journalistes que nous sommes, ce que nous ne pouvons garder pour nous, c'est cette volonté manifeste de manipuler l'info et forcément, en cascade, "l'opinion publique".
Il est évident que les "fuites" organisées (mêmes certaines rédactions parisiennes avaient été prévenues, pour une info, qui, sur le fond, n'a pas réellement d'intérêt journalistique national) l'ont été dans un but politique. Ce que l'on a montré aux caméras ce sont des policiers nombreux et entraînés (les policiers toulousains avaient-ils d'ailleurs nécessairement besoin du renfort du GIPN pour une opération somme toute assez classique ?) arrêtant et menotant une quinzaine de Roms, "tous adultes" nous dit-on, au milieu de bidonvilles et au coeur d'une misère dont habituellement nous détournons tous le regard.
Tous coupables ?
La justice ne fait que très rarement copain-copain avec les médias. La juge d'instruction chargée de ce dossier ne peut être suspectée d'avoir voulu y donner un tel retentissement médiatique. Le parquet de Toulouse aime travailler dans la discrétion. Sans doute, quelques magistrats ont-ils eu l'impression, eux-aussi, de se faire manipuler. Mais la justice, même indépendante, travaille avec la police : de tous temps (et c'est toujours vrai) la police, c'est le pouvoir, la politique. Les temps sont électoraux. Certains se disent que ce n'est pas si grave si une communauté doit faire les frais de ce contexte et de ces calculs politiciens : en offrant ainsi "en pâture" à la presse la communauté Rom vivant à Toulouse on renforce ce sentiment : "tous coupables, ces miséreux !".
Les journalistes peuvent rester aveugles devant ce genre de grand cirque. Ils peuvent aussi s'il le souhaitent ouvrir les yeux sur ce type de méthode. Nous, on pense que ça va mieux en le disant.
F. Valéry