Le chikungunya et de la dengue sont des maladies transmises aux humains par les femelles moustique tigre. Cet insecte, installé en France depuis 2004, est particulièrement visible cet été, en Languedoc Roussillon. Que risquons nous ?
Vincent Robert, entomologiste médical et directeur de recherche à l'IRD de Montpellier a accepté de répondre à nos questions.
Risque-t-on une épidémie de chikungunya et de dengue en Méditerranée ?
VR : Oui. Les trois facteurs essentiels sont réunis. Mais le risque ne signifie pas la réalisation.
D’abord on a le vecteur : le moustique tigre est capable de transmettre le virus. Quand la femelle pique quelqu’un qui a été contaminé par le virus, elle se contamine elle-même puis, après quelques jours, transmet à d’autres hommes.
Ensuite, nous avons une population humaine réceptive au virus, car elle ne l’a jamais contracté, elle n’est donc pas protégée naturellement contre la maladie.
Enfin, il y a de nombreuses introductions de virus par les malades en provenance de la zone Antilles-Guyane où une importante épidémie de chikungunya sévit actuellement.
Puisque le moustique tigre est présent en métropole depuis 2004, pourquoi les épidémies de chikungunya et de dengue qui ont sévit à la Réunion et qui touchent aujourd'hui les Antilles et la Guyane ne sont-elles pas aussi violente en Méditerranée ?
VR : D’abord parce qu'on a su réagir à temps ! On a traité à l'insecticide les secteurs concernés aussitôt après la confirmation des cas de maladie. Si ces traitements n'avaient pas été effectués à temps, nous aurions pu vivre ce qu'à vécu l'Italie en 2007 : une véritable épidémie avec 354 cas de chikungunya.
Et également parce que les cas autochtones ont été peu nombreux. Depuis l’apparition du moustique tigre en France, seuls 5 cas autochtones* de maladie ont été recensés, tous en zone méditerranéenne : deux cas de chikungunya à Fréjus en 2010 et trois cas de dengue (deux à Nice en 2010 et un à Aix-en-Provence en 2013).
Le climat a-t-il une influence sur l’ampleur d’une éventuelle épidémie ?
VR : Oui, l’été est la période "à risque" car c’est la saison de pullulation des moustiques. En revanche, l’hiver est notre allié, car pendant la saison froide les moustiques adultes disparaissent complètement, ce qui n’est pas le cas aux Antilles.
Le chikungunya et la dengue sont-elle des maladies graves ?
VR :. Oui. Pour le chikungunya, on souffre d’une forte fièvre, de maux de tête, et de douleurs aux articulations, mais on en meurt rarement. Sur 117 000 personnes touchées par le chikungunya, le chik est mentionné parmi les causes possibles de 39 décès (source InVS, 17 juillet 2014). Et puis, une fois que l’on a contacté la maladie, on est immunisé naturellement. Donc, quand la majorité d’une population a été touchée par ce virus, l’épidémie disparaît, toute seule. Pour la dengue, c’est plus compliqué car il existe quatre types de virus, et aussi plus grave puisque l’OMS estime la mortalité à 2.5% des cas sévères.
Quoiqu’il en soit, il faut relativiser. La grippe tue en France 1500à 2000 personnes chaque hiver, parfois beaucoup plus !
(cas autochtones* : le moustique tigre pique une personne malade dans le sud de la France et le transmet à une autre personne, dans le même lieu géographique . NDLR)
D'ou vient le moustique tigre ?
Inconnu sur notre territoire il y a encore peu de temps, le moustique tigre s'est installé petit à petit. Il a même colonisé la planète entière ou presque.
Vincent Robert nous raconte comment :
Situation de l'implantation du moustique tigre en Languedoc Roussillon
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