"Nuit du fumier" en Midi-Pyrénées contre la réglementation des nitrates

Plus de 2.000 agriculteurs ont manifesté en Midi-Pyrénées contre un projet de durcissement de la réglementation sur les nitrates. Le plus gros rassemblement a eu lieu à Rodez, Albi s'est réveillée sous le lisier et des heurts ont eu lieu à Montauban. Les Hautes-Pyrénées n'étaient pas en reste.

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Rodez envahi par les tracteurs mais sans fumier

Le plus important rassemblement de cette nuit du fumier contre les modifications de la directives Nitrates a réuni à Rodez, devant la préfecture de l'Aveyron, 1.500 manifestants et plus de 350 tracteurs et bétaillères. Dans une ambiance bon enfant, les agriculteurs ont mangé l'aligot, plat local fait de purée de pomme de terre et de tome fraîche, sur un stand qu'ils avaient installé sur la place du centre-ville.

Rodez avait déjà connu fin août une manifestation de 1.500 agriculteurs. Le département est particulièrement concerné par l'extension des zones dites "vulnérables", où des contraintes de gestion des engrais et des déjections animales deviennent obligatoires. Le nombre de communes concernées en Aveyron passerait de dix à 170 si la "directive nitrates" était approuvée. "Nous réaffirmons notre non (à la directive nitrates, ndlr). Nous ne lâcherons rien", a affirmé Sébastien Granier, président des Jeunes agriculteurs de l'Aveyron, branche de la FNSEA.


Du fumier à Albi, Tarbes, et dans la Haute-Garonne

Dans le Tarn, un millier de manifestants selon les organisateurs (600 selon la police) se sont réunis dans le centre d'Albi,
accompagnés d'environ 200 tracteurs. Dans un concert assourdissant de coups de klaxon et de pétards agricoles, destinés à faire fuir les animaux nuisibles, les agriculteurs ont déversé quantité de fumier et paille, qui ont répandu une odeur nauséabonde, aux abords de la préfecture. Du jamais vu à Albi.
Ce vendredi matin, les odeurs sont encore prégnantes dans toute la ville. 800 tonnes de lisier aux dires des services municipaux de la ville ont été déversées qui nettoie depuis tôt ce matin les abords de la cité administrative .

Dans les Hautes-Pyrénées, à Tarbes, une centaine d'agriculteurs de la FDSEA ont déposé du fumier devant la préfecture en fin d'après-midi, après avoir installé trois barrages filtrants avec des tracteurs, des pneus et du fumier. dans la nuit, les jeunes Agriculteurs ont fait de même dans une dizaine de ronds-points et devant des bâtiments publics dans tour le département.

A Montauban, quelques échauffourées ont eu lieu avec les CRS qui tentaient d'empêcher les tracteurs et camions de lisier d'accéder à la préfecture. Ils en ont finalement laissé passer quelques-uns. Quelques heurts ont suivi avec à la clé bousculade et gaz lacrymogène. Aucun blessé n'est à signaler.

En Haute-Garonne, les syndicats devaient répandre dans la nuit du fumier sur différents ronds-points "à disposition du grand public", selon les syndicats. "Plus de cent tonnes" de fumier dont vingt devant la préfecture à Toulouse, selon les syndicats. La gendarmerie de Haute-Garonne a confirmé que du fumier avait été déposé "devant les mairies et Trésors publics" de nombreuses communes du département.

Midi-Pyrénées concerné par l'extension des zones vulnérables ?

Les manifestants contestent le projet gouvernemental, annoncé cet été pour répondre aux griefs de Bruxelles, qui prévoit l'extension des "zones vulnérables" auxquelles le Midi-Pyrénées échappe jusqu'ici largement. Les eaux de cette région y sont traditionnellement moins polluées que celles favorisant la prolifération des algues en Bretagne par exemple.

L'abaissement prévu du seuil de nitrates autorisés dans l'eau, de 40 mg/litre à 18 mg, ferait basculer en zone vulnérable 1.635 communes supplémentaires du bassin Adour-Garonne, qui englobe les cours d'eau du sud-ouest se dirigeant vers l'Atlantique. "Ce nouveau zonage est tout simplement le coup fatal pour les éleveurs... En effet, les coûts de mise aux normes sont exorbitants", disent dans un communiqué les Jeunes agriculteurs de Haute-Garonne, branche de la FNSEA.


La Fédération régionale des producteurs de lait (FRPL) souligne que "rien que pour le bassin sud-ouest, plus de 29.000 nouvelles exploitations" seraient "assommées avec de nouvelles contraintes". "Pour une exploitation qui s'arrête, c'est plus de cinq emplois induits qui disparaissent", ajoute la Fédération. Les deux organisations ont déjà multiplié les actions de protestation dans la région. Des manifestations similaires ont eu lieu plus tôt ce mois-ci dans le bassin Loire-Bretagne 

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