Les agriculteurs de la Confédération paysanne ont investi le magasin Auchan de Saint-Cyr-sur-Loire ce samedi 14 décembre. Afin de dénoncer l'inégale répartition dans le système agro-alimentaire et leurs conditions, ils ont bloqué le supermarché pendant une heure. Le syndicat a obtenu environ 4 500 euros de produits de première nécessité pour les distribuer à l'aide alimentaire.
Des drapeaux jaunes et noirs ainsi que de nombreux slogans scandés en pleine grande surface. Pendant une heure, le supermarché Auchan de Saint-Cyr-sur-Loire, en Indre-et-Loire a été complètement bloqué. Ce samedi 14 décembre 2024, environ 75 membres et sympathisants de la Confédération paysanne y ont mené une action. Ils dénoncent les inégalités de répartition des richesses dans l'industrie agro-alimentaire et souhaitent sensibiliser sur l'importance des élections en Chambre d'agriculture, qui se tiendront en janvier prochain. Les agriculteurs ont pu repartir avec 12 caddies de produits de première nécessité destinés aux étudiants et aux travailleurs précaires.
Dénoncer et sensibiliser
"À la Confédération paysanne, on considère depuis toujours que notre problématique, sur la question du revenu, n'est pas qu'une problématique de production. On est sur l'ensemble d'un système alimentaire !" Au milieu des rayons du supermarché Auchan de Saint-Cyr-sur-Loire, Romain Henry, co-porte-parole de la Confédération paysanne d'Indre-et-Loire dénoncent les inégalités que subissent les agriculteurs comme les consommateurs dans l'agro-alimentaire. "Entre 2021 et 2023, il y a eu 28 % d'augmentation des profits de l'agro-alimentaire quand, dans le même temps, il y a 20 % d'inflation, avance-t-il. Pour nous, ce n'est pas qu'une question de producteurs agricoles, c'est une question de l'ensemble du partage de la valeur."
La Fnsea, le syndicat majoritaire, c'est lui qui verrouille le système agro-alimentaire !
Romain Henry, co-porte-parole de la Confédération paysanne d'Indre-et-Loire
Dans les allées du supermarché, de nombreux membres de la Confédération paysanne viennent sensibiliser les employés et les clients. Mais ils ne sont pas seuls. Cela fait plus d'un an que le syndicat agricole à créer une intersyndicale avec la CGT, FSU et Solidaire sur la question alimentaire. Alors certains militants sont venus prêter main forte aux agriculteurs.
C'est le cas de Julien, cheminot et membre de Solidaire-SUD Rail. Ce dernier pointe des incohérences dans la grande distribution, en prenant l'exemple du miel. Il tient dans ses mains un miel provenant d'Argentine, du Chili et d'Espagne ainsi qu'un autre originaire d'Argentine et d'Ukraine. "Nous avons des producteurs en France et forcément, ils n'arrivent pas à écouler leur stock, déplore-t-il. Car il est plus cher que le miel importé. Malgré le cout de transport, ça arrive sur le marché beaucoup moins cher que le miel français."
En colère, les agriculteurs en profitent également pour sensibiliser sur les futures élections de Chambres d'agriculture, le mois prochain. Selon eux, le quasi-monopole de la Fnsea fait partie du problème. "Pour nous, c'est clair, le principal outil de verrouillage du système agro-alimentaire vient des élections aux Chambres d'agriculture. Car la Fnsea, le syndicat majoritaire, c'est lui qui verrouille. Donc, il y a de réels enjeux autour d'une pluralité de la parole syndicale et des visions du système agro-alimentaire", détaille Romain Henry.
L'équivalent de 4 500 euros pour l'aide alimentaire
Mais au-delà du blocage et d'une volonté de sensibiliser, les agriculteurs de la Confédération paysanne sont venus mener une action symbolique. "Ce qu'on demande à Auchan, qui fait des profits colossaux et fait malgré tout un plan de licenciement, c'est que l'on récupère des produits de première nécessité", revendique le co-porte-parole départemental, Romain Henry.
Après des négociations avec la direction du magasin, la Confédération paysanne obtient un total de 12 caddies de produits alimentaires qui seront reversés à des associations ainsi que le droit d'expliquer leur démarche. "On travaille avec l'aide alimentaire. On fournit des quartiers populaires, mais aussi des étudiants. On trouve ça inadmissible qu'on produise et que tout le monde n'y ait pas accès", soulève Romain Henry. Une négociation aux allures de victoire pour la Confédération paysanne qui repart avec l'équivalent de 4 500 euros de produits de première nécessité à distribuer aux plus précaires.