Fastidiosa, la bactérie "tueuse d'oliviers", identifiée en France

Xyllela fastidiosa attaque les arbres centenaires du sud de l'Italie. La bactérie tueuse d'oliviers vient d'être identifiée pour la première fois en France. Les autorités françaises ont pris des mesures et font cavalier seul en Europe. Le Languedoc-Rousillon est sous surveillance.

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La France qui vient d'identifier la présence de la bactérie Xylella fastidiosa "tueuse d'oliviers", est à ce jour le seul Etat européen à avoir pris des mesures unilatérales de protection, parfois mal ressenties par ses voisins.

C'est la première fois que la bactérie est détectée sur le sol européen en dehors de l'Italie, où elle a été repérée en 2013 et attaque depuis les oliviers des Pouilles, dans le sud du pays.

Même s'il n'y a pas eu contagion entre voisins dans ce cas précis, le ministère de l'Agriculture a annoncé mercredi soir avoir identifié la bactérie dans un plant de caféier "en provenance d'Amérique centrale" chez un revendeur de Rungis, le premier marché de gros européen, près de Paris.

Un itinéraire très semblable à celui qui a conduit fastidiosa dans la botte italienne, via un plant de caféier ornemental arrivé du Costa Rica dans le port de Rotterdam, selon les travaux de l'Institut agronomique méditerranéen, à Bari.

Avant même cette découverte, dont on ignore encore la date, Paris a interdit le 2 avril l'introduction d'une centaine de végétaux en provenance "des zones délimitées au sein de l'Union européenne où Xylella fastidiosa est présent". Mesure qui vise directement le foyer épidémique des Pouilles, l'une des premières régions productrices d'huile d'olive au monde, riche en vignes et en fruits.

Sans attendre Bruxelles 

"Puisqu'aucun plan n'a encore été proposé au niveau européen, nous avons décidé de ne pas attendre et de prendre nos propres mesures nationales", se défend le ministère français de l'Agriculture.


Bruxelles qui estime qu'"il n'y a pas pour l'instant de danger immédiat pour les pays limitrophes" prépare cependant des mesures communautaires d'urgence d'ici la fin du mois. Selon un porte-parole de la Commission chargée du dossier, "certaines restrictions à l'égard des plantes vivantes qui viennent de la région" des Pouilles pourraient être prises.

"Une fois qu'elles seront adoptées, la France devra s'y conformer" prévient-il. Mais Thierry Candresse, Directeur de l'Unité Biologie du Fruit et Pathologie de l'Inra à Bordeaux, l'Institut national de recherche agronomique (Inra), défend "la position logique de la France".

"La souche de Xylella présente en Italie provoque des symptômes et des dégâts très graves. Les oliviers français et d'autres espèces seraient sous le coup d'une menace grave si elle arrivait en France" juge-t-il.

D'autant que certaines plantes hôtes de la bactérie peuvent être asymptomatiques, ce qui accroît le risque d'infection. "A minima il faudrait interdire l'importation des 300 espèces hôtes connues. Et encore cette mesure ne serait que partielle puisqu'elle ne prendrait pas en compte les espèces hôtes encore inconnues" conclut l'expert.

En Italie, directement visée, le ministre italien de l'Agriculture Maurizio Martina s'est ému de l'attitude française la qualifiant de "totalement inopportune". Le problème doit être traité par "l'Europe toute entière et de manière coordonnée" estime-t-il.

Fin mars à Bruxelles, le Portugal avait aussi réclamé "des restrictions (...)à la circulation des plantes destinées à la culture, notamment des agrumes et de la vigne, ainsi celles qui viennent des régions italiennes affectées".

L'Espagne aussi participe activement aux débats à Bruxelles: "Nous espérons qu'avantla fin du mois, l'Union européenne disposera d'une nouvelle législation, plus stricte,que nous appliquerons sans tarder" indique-t-on au ministère de l'Agriculture à Madrid. Les autorités préparent d'ailleurs un "plan d'action", qui devra être approuvé par les régions, "essentiellement ciblé sur un programme de vigilance pour une détection précoce de la présence de la bactérie.

La Grèce n'envisage aucune restriction commerciale de son propre chef, indiquent les autorités. Mais elles conseillent cependant la vigilance et prévoient d'effectuer "des prélèvements en juin" sur les oliviers pour les tester.

Le ministère de l'Agriculture a indiqué mercredi soir que les plants avaient été saisis à une date non précisée chez un revendeur du premier marché de gros européen, près de Paris.

"Ils ont été introduits dans l'Union européenne via les Pays-Bas" et proviendraient "d'Amérique Centrale" a-t-il précisé: soit le même itinéraire que celui suivi par la bactérie qui décime depuis 2013 les oliveraies des Pouilles, dans le sud de l'Italie.

Selon l'Institut agronomique méditerranéen basé à Bari, la bactérie est arrivée dans le pays via des plants de caféiers ornementauxs en provenance du Costa Rica. Depuis, elle a attaqué des milliers d'oliviers des Pouilles, nichée dans le talon de la botte, l'une des premières régions productrices d'huile d'olive
au monde, également riche en vignes et en fruits.

Mesure unilatérale 

"Une enquête est en cours pour déterminer leur origine exacte", a indiqué le ministère français qui attend d'en savoir plus pour déterminer s'il y a lieu de prendre d'autres mesures sur d'autres végétaux sensibles qui auraient pu être exposées au risque de contamination".

La France a entamé une campagne de surveillance et de prévention renforcées au début du mois d'avril pour se protéger et interdit unilatéralement l'importation de végétaux en provenance des zones infestées.

La mesure qui cible de fait directement les productions des Pouilles provoque en Italie une vive émotion. Mais le ministère français fait valoir qu'il a défendu depuis le départ l'adoption de mesures de protection au sein de l'Union européenne: "Puisqu'aucun plan n'a encore été proposé au niveau européen, nous avons décidé de ne pas attendre et de prendre nos propres mesures nationales", justifie-t-il.

Une décision est attendue à la fin du mois lors de la réunion du comité d'experts à Bruxelles, mais ceux ci hésitent encore sur la liste des végétaux à intégrer, selon cette source.


Reportage FTV

 

Vigilance en Languedoc-Roussillon, grande région fruiticole du sud de la France
La proximité de la Corse avec les côtes italiennes, région qui a relancé dans les années 80 sa production d'olives tombée en désuétude, et l'inquiétude du Languedoc-Roussillon, grande région fruiticole du sud de la France, ne sont pas non plus étrangères à la décision française alors qu'aucun traitement ne permet d'éradiquer la bactérie transmise par un insecte volant.

Le député européen José Bové et un ancien élu corse, François Alfonsi, sont montés au créneau, évoquant "une menace jamais vue sur l'ensemble du pourtour méditerranéen" pesant "à la fois sur notre culture et sur nos productions agricoles".

Le ministre italien de l'Agriculture Maurizio Martina a qualifié la réaction française de "totalement inopportune" jugeant que le problème devait être traité par "l'Europe toute entière et de manière coordonnée".

"On a des millions d'oliviers dans les Pouilles dont seulement une dizaine de milliers malades", s'insurge aussi auprès de l'AFP Cosimo Lacirignola, directeur
de l'Institut agronomique de Bari et enfant des Pouilles, qui comprend mal la décision d'interdire "102 espèces végétales alors que 13 seulement sont susceptibles d'être infestées". Dont les pêchers, les cerisiers, les amandiers, les romarins et les lauriers.

Fastidiosa, relève-t-il, est présente dans les vignobles californiens depuis 130 ans. Mais en Italie, c'est la sous-espèce Paoca qui a été identifiée et ne s'attaque qu'à 13 espèces dont les oliviers. La piste pour s'en débarrasser, selon lui, consiste à éliminer les larves avant qu'elles ne deviennent des insectes volants.
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