L'ex-membre d'Action directe, le Gersois Jean-Marc Rouillan, jugé vendredi à Paris pour avoir qualifié les auteurs des attentats jihadistes du 13 novembre de "très courageux", a expliqué avoir été "très maladroit" et s'être senti piégé.
"Bien sûr" qu'il condamne les attentats, a-t-il déclaré devant le tribunal correctionnel de Paris.
Ce 23 février lors de l'enregistrement d'une interview à la rédaction du mensuel satirique marseillais Le Ravi, le Gersois Jean-Marc Rouillan, ex-membre d'Action directe, était venu faire la promotion de son dernier film.
Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, notamment pour les assassinats de l'ingénieur général de l'armement René Audran et du PDG de Renault Georges Besse, il avait été réincarcéré après une interview dans l'Express en 2007, où il déclarait qu'il ne "crachait" pas sur tout ce qu'il avait fait, violant ainsi l'interdiction qui lui est faite de s'exprimer publiquement sur des faits pour lesquels il avait été condamné. Il a ensuite été libéré en 2012.
"Très méfiant", Jean-Marc Rouillan a expliqué être fréquemment confronté à la fois au "risque" pour lui d'accorder des interviews, ce qu'il a fait à 200 ou 300 reprises, et à la "pression" pour la promotion de ses activités culturelles.
Lors de l'enregistrement, "je ne veux pas aborder ces sujets", a-t-il assuré.
"Je suis dans un état d'agacement et de fatigue", a ajouté Jean-Marc Rouillan, 63 ans, qui a tenu les propos qui lui valent ce procès à la fin de cette interview de près d'une heure. "Je n'arrive pas à sortir du piège, je ne me vois pas dire je suis fatigué, je m'en vais."
Rebondissant sur une interprétation divergente de ses avocats et ceux des parties civiles, il a expliqué qu'il n'était lui-même "pas sûr" qu'il parlait des jihadistes du 13 novembre.
"J'ai été très maladroit", a-t-il ajouté.
Dans l'interview, il affirme avoir trouvé "très courageux" les jihadistes qui se sont battus "dans les rues de Paris", alors qu'ils savaient qu'il y avait "2 000 ou 3 000 flics autour d'eux". Mais il critique aussi leur idéologie "mortifère" et assure qu'entre l'Etat français et le groupe jihadiste Etat islamique (EI), il est "neutre". "Je ne suis pas neutre, je suis contre les deux", a-t-il rectifié vendredi à la barre.
"Je ne suis pas un sanguinaire. Je suis totalement désolé pour les familles qui ont perdu des gens au Bataclan", a-t-il poursuivi.
A l'issue de l'audience vendredi, le tribunal devrait mettre son jugement en délibéré.