L'ancien ministre et PDG du groupe La Dépêche du Midi avait déposé plainte en diffamation après l'intervention à l'Assemblée nationale en 2016 de la députée au sujet d'une affaire de violences. Il a retiré sa plainte début 2018.
La justice n'aura pas à entendre les motivations d'une plainte en diffamation déposée par Jean-Michel Baylet contre l'ex-députée Isabelle Attard. Et cela, la députée est la première à le regretter.
Dans un communiqué, l'ancienne parlementaire du Calvados annonce que Jean-Michel Baylet a retiré le 17 janvier dernier la plainte qu'il avait déposée contre elle. Et ce, remarque-t-elle, au lendemain de l'élection du président directeur général du groupe La Dépêche du Midi à la présidence de la puissante union de la presse régionale (UPREG).
La mise en examen (automatique en matière de diffamation) d'Isabelle Attard est donc levée.
"Dans ce dossier comme dans tant d’autres, la technique de l’autruche a très bien fonctionné. Jean-Michel Baylet est demeuré ministre, et les autres député .e.s sont resté.e.s taisant.e.s., écrit l'ex-députée. Et comme tant d’autres affaires, la plainte en diffamation (ou en dénonciation calomnieuse selon les cas) a été détournée de sa finalité première, utilisée comme méthode d’intimidation, contre les victimes, les témoins ou celles et ceux qui refusent l’omerta, mobilisant en vain la justice et l’énergie de celles et ceux que l’on veut faire taire. Quel dommage vraiment que Jean Michel Baylet n’ait finalement pas souhaité que nous débattions devant un tribunal de ses agissements envers les femmes. Mais il a probablement de bonnes raisons de se dérober une nouvelle fois".
Après la publication par Buzzfeed, début 2016, d'éléments concernant une affaire de violences à l'encontre d'une ancienne collaboratrice de Jean-Michel Baylet remontant à 2002, la députée avait attendu que le délai pour porter plainte contre le site d'information soit clos pour interpeller le ministre dans l'hémicycle, lui faisant alors remarquer qu'il n'avait pas poursuivi Buzzfeed.
Jean-Michel Baylet avait répondu que dans cette affaire "on peut tout romancer, mais il y a eu une instruction judiciaire dans cette affaire et elle a été classée sans suite, ce qui prouve, vous l'imaginez, que les choses ne se sont pas passées comme vous le racontez".
En fait, il n'y a jamais eu d'instruction judiciaire mais une simple enquête préliminaire stoppée par le parquet de Montauban à l'époque après le retrait de la plainte par la collaboratrice à l'issue d'une transaction entre les deux parties. Le parquet, qui avait la possibilité d'instruire une affaire de violences malgré le retrait de la plainte, avait choisi de clore le dossier.
A la suite de cette interpellation à l'Assemblée nationale et du lancement d'une pétition pour demander sa démission du gouvernement, Jean-Michel Baylet avait décidé de déposer plainte en diffamation contre Isabelle Attard. C'est cette plainte qu'il vient de retirer.