Seize ans et dix mois seulement : le Toulousain Alban Lafont est le plus jeune gardien titulaire de l'histoire de la Ligue 1. Une première réussie face à Nice (2-0) pour le plus grand bien du TFC qui renoue avec la victoire, et cerise sur le gâteau, sans encaisser de but.
Lafont (1,93 m), né à Ouagadougou le 23 janvier 1999, a déjà tout d'un grand. Auteur notamment d'un arrêt décisif dès l'entame du match (8e) sur une frappe de Jérémy Pied, il a offert à Toulouse sa première "clean sheet" (match sans but encaissé) de la saison. Et la première victoire après 13 journées de championnat.
En prenant place dès le coup d'envoi dans les cages du TFC pour la 15e journée de Ligue 1, le jeune gardien, qui portait le numéro 40, a supplanté Mickaël Landreau, titulaire pour la première fois avec le FC Nantes à Bastia à 17 ans et cinq mois le 2 octobre 1996, et Sébastien Frey, titulaire dans les cages cannoises à 17 ans et six mois le 20 septembre 1997 face à Rennes. Il est même plus précoce, à quelques jours près, qu'Anthony Mandrea, remplaçant entré avec Nice face à Bordeaux le 3 novembre 2013, à 16 ans et 10 mois lui aussi.
Alors que le recrutement cet été par le TFC de l'Uruguayen Mauro Goicoechea s'est avéré un flop et qu'Ali Ahamada n'inspire pas assez confiance, Dominique Arribagé a fait le pari risqué de propulser sur le devant de la scène celui qui était jusqu'il y a peu le numéro cinq dans la hiérarchie des portiers toulousains.
Après un passage en équipe réserve en CFA 2 et un baptême du feu avec l'équipe première il y a deux semaines en amical face à Eibar, où il a pris trois buts (1-3), le voilà lancé dans le grand bain avec l'immense responsabilité de défendre les buts du 19e de Ligue 1 et de la pire défense du championnat (28 buts encaissés).
"Le pari était peut-être osé mais c'était l'occasion de bousculer un groupe qui en avait besoin", a souligné Arribagé après la rencontre. Et le principal intéressé prend tout cela avec philosophie. "C'est un peu dans mes gênes d'être tranquille, de pas se prendre la tête. Mes coéquipiers m'ont beaucoup parlé, ce qui m'a permis d'être à l'aise et de faire un bon match", a-t-il confié.
"Impressionné" par tous ces joueurs qu'il avait l'habitude de "voir à la télé", Alban Lafont a su toutefois garder la tête sur les épaules. "C'est le fruit de mon travail mais ce n'est pas une fin en soi, faut se remettre au boulot demain".
Yannick Stopyra, à la tête jusqu'en 2012 du pôle espoirs de Castelmaurou, près de Toulouse, où il a croisé la route du jeune gardien venu
de l'AS Lattes (Hérault), ne doutait pas une seconde de la capacité de Lafont à tenir son rôle. "C'est vrai que quand vous faites appel à un jeune et que l'équipe tourne mal, ça peut être dangereux. Mais je ne me fais pas de souci. Il sera bon, très bon même", assurait avant la rencontre l'ancien international.
Force tranquille
"Il sait relancer. Il est capable de ne pas avoir d'occasions pendant un match et de sortir le bon arrêt sur deux-trois actions ou sur les coups de pied arrêtés. C'est ça un gardien de haut niveau", souligne pour sa part Bernard Diomède, son coach en équipe de France des moins de 17 ans. Lafont compte 7 sélections en Bleu (5 chez les -16 ans et 2 chez les -17 ans)."C'est un garçon équilibré qui dégage surtout une grande sérénité, une force tranquille. Il est sérieux, travailleur, compétiteur et assez introverti mais, sur un terrain, il est sûr de lui et il se lâche. A cet âge, c'est exceptionnel !", ajoute Diomède.
Toutes proportions gardées, vu la stature des deux clubs, l'histoire de Lafont rappelle celle de Gianluigi Donnarumma, portier de l'AC Milan d'un mois son cadet, lancé il y un mois par l'entraîneur rossonero Sinisa Mihajlovic face à Sassuolo. Un pari osé qui s'est révélé gagnant, "Gigio le Froid" accompagnant depuis le redressement du Milan.
"Mais là où il faut être vigilant, c'est au bout de 10-20 matches, il n'y a pas de courbe ascendante, il y aura des contrecoups", prévient Stopyra. "Le plus dur commence pour lui, mais il ne doit pas se fixer de limites", positive Diomède. Et Lafont sera alors peut-être un des atouts-maîtres du TFC dans sa lutte pour le maintien.
