Les Chambres d'agriculture de l'Ariège et des Hautes-Pyrénées ainsi que leurs collègues espagnols organisaient cette semaine un séminaire consacré à l'impact des changements climatiques pour les éleveurs des deux côtés des Pyrénées. Plusieurs solutions ont été avancées.

C'est une expérience inédite menée par plusieurs acteurs du monde agricole. Du 1er janvier 2020 au 31 mai 2022, Clim'Agil a permis de mettre en commun les connaissances acquises de part et d'autre des Pyrénées. Le programme s'est nourri du vécu des agriculteurs, de rencontres associant éleveurs, techniciens, chercheurs. Les éleveurs engagés dans des pratiques nouvelles, ont aussi été accompagnés sur le terrain pour les aider à évaluer la faisabilité des solutions testées et leur impact sur l'environnement. Cela a permis de faire le lien entre des pratiques qui pour certaines étaient déjà connues et les appliquer aux enjeux du réchauffement climatique.

L'enjeu du réchauffement climatique

Pour alimenter leur programme, les acteurs de Clim'agil se sont d'abord basés sur les données météorologiques. Le constat est partagé par la grande majorité des climatologues. Le réchauffement climatique est une réalité et chaque année les températures augmentent. D'ici 2050, on estime qu'elles pourraient augmenter entre 1,5 et 3,5 ° dans les Hautes-Pyrénées et en Ariège. Ces changements climatiques ont un impact sur les élevages et l’agriculture en général.

Une herbe de moins bonne qualité

Le système fourrager s'en trouve impacté, renforcé par une baisse de la diversité végétale. L'herbe est de moins bonne qualité, certaines terres sont indisponibles ou moins rentables, par manque d'eau. Ce qui a un impact aussi sur la production de lait produit par les vaches, qui, par conséquent, est en baisse. Les animaux deviennent plus vulnérables, à cause du stress thermique (lié aux fortes chaleurs ou aux gelées), avec l'apparition de parasites et enfin une baisse du taux de réussite des saillies.

Pour aider les éleveurs à faire face au réchauffement climatique, les Chambres d'agriculture de l'Ariège et des Hautes-Pyrénées préconisent plusieurs solutions concrètes.

De nouvelles formes de pâturage

  • la technique du "pâturage tournant dynamique" : en clair, le déplacement régulier du troupeau pour un accès à de l’herbe fraiche et de qualité. Cela permet de maximiser la performance de l’alimentation et de stimuler la production de la prairie.
  • le "pilotage de la pousse de l'herbe" : ce pilotage grâce au suivi de la hauteur
    d’herbe et du cumul des températures permet d’exploiter la prairie au moment optimal en termes de quantité et de qualité.
  • ouverture des milieux aux "robots défricheurs" qui permet la reconquête
    de milieux embroussaillés et peu accessibles pour la pâture

Une alimentation diversifiée pour les animaux

  • le séchage en grange du foin permet de mieux gérer les stades de fauche et la conservation, et ainsi la qualité du foin distribué.
  • prairies à flore variée : ces prairies temporaires avec une forte densité d’espèces produisent des fourrages riches et équilibrés. Les mélanges à
    composer selon les sols et climats permettent d’exploiter au maximum la période d’utilisation des prairies
  • mélange des céréales : les mélanges de céréales et de légumineuses ou protéagineux permettent le développement optimal de chacune des
    espèces en complémentarité. Les fourrages sont plus équilibrés et moins
    gourmands en intrants
  • le sorgho fourrager constitue une ressource résistante aux températures estivales et peu gourmande en eau

Des animaux "choyés"

  • mise en place du sylvopastoralisme. Il permet de laisser l’accès à des parcelles boisées au troupeau. Les bois servent aussi bien d’abri contre la pluie, le soleil et la chaleur.
  • diversification des ressources pour les animaux avec l'introduction du mûrier blanc et de légumineuses tropicales
  • géolocalisation : le suivi des troupeaux en estive (puces ou colliers) permet d’étudier le comportement des animaux face aux conditions climatiques et permet une plus grande adaptation et réactivité
  • bâtiments d’élevage adaptés ce qui permet la réactivité des éleveurs
  • pâturage nocturne : décaler les heures où les animaux sont en
    extérieur leur permet de profiter du pâturage sans trop souffrir du soleil ou de fortes chaleurs

On l'a compris, il est urgent pour les éleveurs de s'adapter. "Il est important que les éleveurs gagnent en autonomie dans les périodes où l'herbe pousse naturellement, en été et en automne" explique Pierre-Damien Bascou, conseiller élevage à la Chambre d'agriculture de l'Ariège. Il s'agit de "sécuriser les élevages et de trouver aussi des pratiques qui permettent de limiter le réchauffement climatique et donc les émissions carbone" explique ce spécialiste.

"La situation n'est pas encore alarmante, mais on doit agir pour que nos éleveurs trouvent des solutions concrètes" conclut-il.

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