Depuis 4 jours, les agriculteurs bloquent des axes routiers autour de Toulouse pour demander plus de considération de l'Etat et le versement d'aides d'urgence. "La difficulté majeure, c'est celle de la rémunération de notre travail" estime Laurence Marandola, éleveuse en Ariège et porte-parole nationale de la Confédération paysanne. ENTRETIEN.
La colère des agriculteurs ne faiblit pas. Saccage de bâtiments de l'état à Toulouse, blocages de l'A64, barrage filtrant, le mouvement s'étend à tous le sud-ouest. Dans les rangs des manifestants, beaucoup d'agriculteurs du syndicat majoritaire de la FNSEA, du mouvement des Jeunes Agriculteurs mais peu de la Confédération Paysanne. Entretien avec Laurence Marandola, éleveuse en Ariège et porte-parole nationale de l'organisation.
- Est-ce que la Confédération paysanne est présente sur les lieux de blocages ?
Chaque confédération départementale est indépendante. En Haute-Garonne, ils sont présents sur le blocage de l'A64 aux côtés des Jeunes Agriculteurs. Et ils ont fait partie de la délégation qui a été reçue samedi par le préfet à Toulouse.
- Est-ce que vous soutenez ce mode d'actions ?
Sur le plan national, la Confédération paysanne n'appelle pas à se mobiliser sur ce sujet aux côtés des autres syndicats agricoles. Nous n'avons pas la même lecture des problèmes des agriculteurs mais la colère, les difficultés dans les campagnes évidemment on les voit chez nos adhérents, dans nos territoires. Sur les blocages, on peut entendre qu'il y a un ras-le-bol, mais il ne faut pas que ce soit instrumentalisé. Ce qu'on comprend moins, c'est quand la Confédération paysanne s'agite, on se fait très rapidement déloger par les forces de l'ordre, de façon parfois violente. Il y a un bel exemple de deux poids deux mesures actuellement.
- Vous vous reconnaissez dans les revendications ?
La priorité des priorités c'est la rémunération des agriculteurs. Si ce levier-là est débloqué, les autres sujets comme l'accumulation des normes, le GNR, la MHE, ne seront plus des problèmes. Mais il faut complètement changer l'approche de la politique agricole et la politique économique. Il faut arrêter de se mettre en concurrence.
Clairement, aujourd'hui en France, il y a un type d'agriculture qui mange ses voisins par des phénomènes d'agrandissement, d'accompagnement des soutiens publics de la PAC. Il y a quand même une part d'agriculteurs, dont certains qui sont sur les ronds-points dans nos régions qui sont largement soutenus par les subventions de la PAC.
- Est-ce que vous allez être reçu ce lundi à Matignon par Gabriel Attal ?
NON ! Nous n'avons reçu aucun appel de Matignon. C'est assez choquant. C'est juste la continuité de ce que l'on connaît depuis des décennies, ce qui est souvent appelé la cogestion entre la FNSEA et le gouvernement. Certes, ce syndicat est majoritaire, mais ça semble un mauvais signal si le gouvernement ne prend pas en compte l'ensemble du monde agricole.