À Rodez (Aveyron) jeudi 18 janvier, des agriculteurs ont protesté contre le prix du lait fixé par Lactalis, qu'ils jugent trop bas. Ils dénoncent une mauvaise répartition des marges, qui profitent selon eux aux industriels.
"Vous payez mais l’éleveur est oublié". Voici ce que peuvent lire les clients d’un supermarché d’Onet-le-Château (Aveyron) sur les produits laitiers du groupe Lactalis qu’ils achètent ce jeudi 18 janvier. Les agriculteurs, avec ces étiquettes collées sur les bouteilles de lait ou les emballages de fromage, veulent dénoncer leur rétribution jugée trop faible sur le prix du lait. "Depuis deux ans, les prix ont augmenté pour le consommateur, le retour n’est pas arrivé jusqu’à l’exploitant, déclare Anthony Albinet, secrétaire général adjoint des Jeunes Agriculteurs.
"Une mauvaise répartition des marges"
Cette action, c’est pour dénoncer la mauvaise répartition des marges." Pour lui, "les industriels, les grandes surfaces, les commerces" sont les principaux bénéficiaires de cette augmentation de prix, au détriment des producteurs.
Selon une étude de la Fondation pour la Nature et l’Homme publiée en novembre 2023, en 2022, les éleveurs ont perçu 4% de moins sur la vente d’un litre de lait demi-écrémé comparé à 2001, au profit de la grande distribution et de l’industrie agroalimentaire. En parallèle, le document souligne que "les bénéfices des plus grandes entreprises de l’aval (transformation et distribution), ont augmenté de 61% entre 2018 et 2021".
"Sur la brique de lait, on prend 21 centimes depuis 2001. Le producteur reste derrière", regrette Claude Falip, président de la section laitière de la FDSEA12 . La protestation est d'autant plus importante, selon lui, que l'inflation pèse sur les exploitations agricoles. Et que le prix de la brique de lait augmente.
Des rassemblements devant les entreprises Lactalis
À Onet-le-Château, des agriculteurs se sont rassemblés jeudi devant le siège de Lactalis. Ils revendiquent notamment le respect de la loi Egalim, qui protège leur rémunération. Des agriculteurs se sont aussi mobilisés à Montauban, dans le Tarn-et-Garonne selon le syndicat.
Action devant @groupe_lactalis à Rodez ce matin.
— MarieAmélie Viargues (@MarieViargues) January 18, 2024
Le partage de la valeur est plus que jamais nécessaire.
Le consommateur paye plus cher, les industriels et les gms se gavent pendant que les éleveurs arrêtent les uns après les autres.
On ne fera jamais de fromage sans lait pic.twitter.com/e6PapGpmL6
Des négociations en cours avec Lactalis
En début d’année, Lactalis a décidé de reconduire le prix du lait à 405 euros/1000 L. Un prix identique à celui de décembre 2023. Claude Falip dénonce un non-respect de loi Egalim. "En décembre, Lactalis est passé outre la loi, normalement il devait constituer le prix du lait en partant des coûts de production, il devait trouver un accord avec les producteurs, mais il a fixé le prix de lui-même, sans l'aval des producteurs."
"Jusqu’à l’année dernière, ils avaient maintenu un prix, le prix avait augmenté, là il est en train de fléchir depuis la fin d’année dernière, dénonce quant à lui Laurent Azemar, agriculteur à Canet-de-Salars. On ne demande pas une augmentation de prix, juste une revalorisation des marges."
Selon Claude Falip, un médiateur a été saisi, qui doit arriver à des conciliations des deux partis. "On attend les points d'avancements avec le médiateur, et en fonction des résultats et de l'avancée avec le médiateur, on se remobilisera ou pas."
Propos recueillis par Nathalie Rougeau