Trop de détenus, trop de travail : Force Ouvrière tire la sonnette d'alarme sur la situation de la maison d'arrêt de Foix, en Ariège. Avec plus de 200 % de taux d'occupation dans la prison, les conditions sont très difficiles pour les détenus et les personnels.
Dans la petite maison d'arrêt de Foix, dans le département de l'Ariège, se trouvent actuellement 134 détenus. Or 66 places eulement sont prévues initialement.
Ces chiffres, qui attestent d'une occupation de plus de 200 %, sont communiqués par le syndicat Force Ouvrière. Ce dernier tire la sonnette d'alarme : la situation ne serait plus tenable, ni pour les détenus, ni pour les agents de l'administration pénitentiaire qui doivent faire face à une surcharge de travail. Selon Eric Geromin, délégué régional adjoint FO, "un surveillant doit s'occuper du double du nombre de détenus habituel, cela a des conséquences pour les agents mais aussi pour la population carcérale".
Cette situation est-elle conjoncturelle ou structurelle ? En plein mouvement de grève des avocats français, vent debout contre la réforme des retraites qui doit voir la disparition de leur régime autonome et à l'équilibre, la question peut se poser d'une éventuelle conséquence de ce mouvement historique. Mais pour maître Stéphane Fabbri, bâtonnier du barreau de l'Ariège, ce ne sont pas des prévenus en attente d'un jugement qui "encombrent" la prison.
Cette surpopulation est ancienne et ancrée et n'a rien à voir avec la grève des avocats
"Bien au contraire", poursuit le bâtonnier, "les avocats font des demandes de remise en liberté. Cette surpopulation est due à des lois répressives de plus en plus sévères, des allongements de peines, à la multiplication des procédures de comparution immédiate et des détentions provisoires".
La situation de la maison d'arrêt de Foix est tout sauf exceptionnelle. Au 1er janvier 2020, le taux d’occupation des établissements pénitentiaires est de 116 %, avec 70 651 prisonniers pour 61 080 places, selon l'OIP, l'observatoire international des prisons. Cette surpopulation connue depuis plusieurs décennies se concentre justement dans les maisons d'arrêt, pour des détenus en attente de jugement. Toujours selon l'OIP, cette inflation carcérale française est "le fruit de politiques pénales qui ont misé sur l’incarcération et une répression croissante".
Voir le reportage de Charlotte Boniteau et Pascal Dussol, de France 3 Occitanie :