"C'est un boulot à temps plein de défendre les paysannes et paysans" une voix féminine et engagée pour une agriculture alternative

Laurence Marandola est la porte-parole nationale de la Confédération paysanne depuis un an et demi. Dans un monde agricole en colère, cette agricultrice défend les positions d'un syndicat minoritaire (la Confédération Paysanne) avec aussi le point de vue d'une femme. Elle et son syndicat n'étaient pas avec l'alliance FNSEA-JA à Paris pour protester contre le Mercosur mais sur le terrain pour des manifestations locales.

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Elle a longtemps vécu en Amérique du Sud mais c'est en Ariège que cette Savoyarde s'est posé. Laurence Marandola est une éleveuse de lamas et herboriste dans les montagnes d'Ariège, à Auzat.

Une femme porte-parole syndicale

C'est la première femme à porter seule la parole de la Confédération paysanne. Laurence Marandola est devenue la figure incontournable de ce syndicat, à l'instar d'un José Bové il y a quelque temps. Comme lui, elle défend une agriculture paysanne, locale, raisonnée et se bat face à l'agro-industrie et les traités de libre-échange comme celui du Mercosur qui menacent les agriculteurs français. 

Comme lui aussi, elle n'est pas souvent sur sa ferme, mais partout en France pour délivrer les positions de son syndicat. Pourtant, ce mercredi 27 novembre, elle n'était pas avec les syndicats FNSEA et JA à manifester à Paris contre le Mercosur. Les militants de la Confédération paysanne se sont notamment postés devant le McDonald's de Millau (Aveyron), qui avait été démonté par José Bové et d'autres adhérents du syndicat en 1999. "Le but, c'était aussi de sortir un peu avant les autres syndicats pour se différencier et dire qu'on n'est pas contre les normes mais contre le libre-échange et qu'on
l'est depuis 25 ans", a expliqué à l'AFP Sascha Vue, coporte-parole de la Confédération.
Paysanne dans l'Aveyron. Une mobilisation aveyronnaise qui a marqué Laurence Marandola. Des luttes altermondialistes, des années avec un point d'orgue : le Forum social mondial de Porto Alegre en 2001, auquel elle a participé.

La confédération paysanne dénonce la concurrence déloyale liée à la potentielle signature du Mercosur, accord de libre-échange entre l’Union européenne et cinq pays d’Amérique du Sud. "Le résultat, on l’a déjà sous nos yeux, déclare Laurence Marandola. L’élevage ovin s’est écroulé en France et en Europe depuis une quinzaine année suite à l’accord de libre-échange signé avec la Nouvelle-Zélande et on voit tous déferler dans les magasins de la viande originaire de ce pays à moitié prix par rapport à la viande qu’on produit ici. C’est impossible de parler de souveraineté alimentaire, de garder de l’agriculture et des paysans nombreux si on signe des accords de libre-échange."

Mardi 26 novembre, elle était à l’Assemblée nationale pour signifier la ferme opposition de la Confédération Paysanne à cet accord.

Herboriste et éleveuse de lamas

Il y a 18 ans sur les hauteurs d’Auzat, Laurence Marandola a installé son troupeau de lamas sur une ferme d’une trentaine d’hectares avec une trentaine de lamas. "Pour nous le lama s’est imposé. J’ai vécu longtemps en Amérique du Sud, c’est un animal que je connais bien, très rustique, polyvalent : débroussaillage, laine, portage en montagne…"

La voix du troisième syndicat agricole français est native de Haute-Savoie. Et l'élevage de lamas n'est pas un hasard car elle a passé plus de 15 ans en Bolivie. Dans les montagnes ariégeoises, elle a aussi une activité d'herboriste et pomicultrice. Depuis un an et demi, elle est contrainte de laisser un peu sa ferme pour porter au niveau national la voix des 2.000 paysans ariégeois (180 adhérents pour la Confédération Paysanne), et du reste de la France, sous la bannière de la Confédération paysanne. "C’est presque un boulot à temps plein de défendre de cette façon les paysannes et paysans partout en France. On était 2 maintenant 3, une salariée me remplace, ce qui fait que globalement la ferme continue à fonctionner même si je suis la plupart du temps dans le train ou ailleurs."

Elle connaît parfaitement les difficultés rémanentes du monde agricole. À Auzat, elle a un atelier de plantes aromatiques et médicinales. Comme les autres éleveurs bovins ou ovins, son troupeau de lamas n’a pas échappé à la fièvre catarrhale : cinq de ses bêtes en sont mortes. Le syndicat agricole porte un enjeu central : le revenu. "Les agriculteurs, pour une grande partie d’entre eux, n’arrivent pas à vivre de leur travail, ce n’est pas nouveau, ça s’aggrave, 20% des agriculteurs vivent en dessous du seuil de pauvreté. Du coup, c'est d’autant plus douloureux et difficile de faire face à des difficultés comme la FCO, les crises climatiques. "

Laurence Marandola est le symbole de l'engagement des femmes dans des syndicats agricoles dans une agriculture où le machisme est parfois tenace. Le 21 janvier, les agriculteurs voteront pour les élections dans les chambres d'agriculture. Elle ne s'y représentera pas et passera le flambeau de porte-parole dans quelques mois au printemps 2025, mais poursuivra son combat pour une agriculture alternative qui respecte l'environnement et les paysans.

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