Le 14 mars, la station de ski des Pyrénées Ariégoises les Monts d’Olmes a été contrainte de fermer, comme toutes les autres stations françaises. Malgré des remontées mécaniques à l’arrêt, un confinement obligatoire, certains font le choix de rester là-haut.
Aux Monts d’Olmes (Ariège), lors de cette première semaine de printemps, le paysage retrouve ses habits d’hiver. Le retour des flocons accroît encore un peu plus, le silence omniprésent. Remontées mécaniques à l’arrêt, commerces fermés, les vacanciers, salariés et saisonniers sont repartis. Tous ou presque. Ils sont une cinquantaine à avoir décidé de rester ou ont été pris au piège des déplacements interdits.
La seule épicerie de la station reste exceptionnellement ouverte, hors saison. 100 mètres carrés d’alimentation, comme une oasis au milieu du désert. Celui qui la dirige depuis 6 ans, a hésité à fermer :
« Je me suis posé la question, reconnait son gérant, Marc Sechi. Quand j’ai appris que très peu de personnes restaient sur place, j’ai dit, je joue le jeu, en raison du confinement, mais je n’ouvre que le matin. C’est tous les jours les mêmes clients, ils viennent chercher le pain que je prépare. Je vends également quelques fruits et légumes. Il y a des produits qui manquent. J’ai recommandé de la farine, mais je ne sais pas si je serai livré demain, pareil pour les oeufs, les pâtes. »
« Il n’y en a qu’un qui pourrait filer la maladie, c’est moi ! »
Dans la supérette, la fréquentation est très faible, de dix à douze personnes chaque matin.A 1400 mètres d’altitude, dans cette population restreinte, retirée du monde, aucun malade à signaler. Ce qui n'empêche pas le gérant de la supérette d'ironiser à ce sujet :
« Il n’y en a qu’un qui pourrait filer la maladie, c’est moi ! Je vois le livreur pour mon approvisionnement, est-il contaminé ou pas ? Je me lave régulièrement les mains. Les clients gardent leurs distances. Nous ne sommes jamais plus que 3 dans le magasin. J’ai dit que je reste jusqu’au 15 avril. J’attends de voir les mesures prises par le gouvernement. S’il faut rester tout le mois d’avril, je resterai pour rendre service. »
Tous les soirs, les soignants et l’épicier applaudis
Ses clients sont propriétaires d’appartement ou de chalet. Parmi eux, Michel Renda et son épouse, un couple de retraité, de Castelnaudary.« Quand c’est arrivé, on passait l’hiver là. Nous sommes un peu restés coincés, car la décision a du être rapide. On a préféré ne pas bouger pour être à l’abri, loin de la ville, d’autant que l’épicier est resté ouvert. Sinon, cela nous aurait obligé à descendre au supermarché de Lavelanet, c’est ce qu’on voulait éviter. »
« L’ambiance de la station est très particulière. C’est un peu une station fantôme, d’autant que l’on a désormais la météo qu’on aurait dû avoir en février. Il neige, constate Michel Renda. Ici, on se sent loin de tout ce qui se passe. Le soir, nous sommes trois à sortir sur les balcons pour taper sur les casseroles, remercier tout le monde et nous ajoutons l’épicier ! »
Plus de chauffage depuis le 29 mars
Rester sur place plus longtemps, risque de leur poser des problèmes. Le couple est logé dans un immeuble collectif, avec une centaine d’appartements dont la très grande majorité inoccupés.Comme prévu, le chauffage est coupé depuis le 29 mars, date initiale de la fin de saison.
« Nous allons voir si le chauffage d’appoint suffit, dans le cas contraire nous retournerons à Castelnaudary. Le problème c’est que nous ne parvenons pas à recevoir des renseignements fiables de la gendarmerie pour la dérogation. Il n’y a rien d’officiel. C’est laissé à l’appréciation de chaque gendarme. Au risque de devoir faire demi-tour avec une amende. »
Principalement des résidences secondaires
A part deux ou trois couples en résidence principale, le problème est le même pour tous ces confinés des Monts d’Olmes.Sollicité, le nouveau directeur de la station des Monts d’Olmes, Cyril Bardin, prend la situation avec sérénité : « Nous sommes rentrés dans l’intersaison un peu plus vite que prévu. C’est une situation nouvelle. Il ne faut pas oublier qu’une station de ski c’est avant tout un lieu de vie. Ceux qui choisissent de rester confinés dans leur résidence secondaire, ce sont peut-être, ceux qui ont moins d’espace chez eux, pas de jardin, pas forcement de balcon. Aux Monts d’Olmes il y a une centaine de chalets. Vu qu’on a pas le droit de sortir, c’est pas mal. »
La fermeture des Monts d’Olmes, avec deux semaines d’avance, représente un manque à gagner d’environ 10 % du chiffre d’affaires total de l’hiver.
Voir le reportage de Geoffrey Berg et Pascal Dussol, de France 3 Occitanie :