Le Conseil d'orientation des infrastructures (COI) a rendu un avis sur la situation de la RN20 en Ariège et plus particulièrement de la déviation de Tarascon-sur-Ariège. La position du COI suscite l'appréhension du Conseil départemental 09 qui y voit une volonté de retarder le projet.
En décembre 2016, le premier ministre de l'époque, Bernard Cazeneuve (PS) inaugurait la déviation d'Ax-les-Thermes (Ariège), sur la RN 20, mettant fin à plus de 15 ans d'attente. "Sa réalisation devait se faire en 5 ans maximum pour être livrée en 2007, rapporte Alain Naudy, vice-président de l'Ariège chargé des Infrastructures. Il a fallu 15 ans pour que cela se réalise. J’ose espérer que cela ne soit pas la même chose pour la déviation de Tarascon-sur-Ariège."
L'élu ariégeois ne cache pas son inquiétude. L'appréhension est née de l'avis du Conseil d'orientation des infrastructures (COI) rendu en janvier 2023 au sujet de la RN20 en Ariège et plus particulièrement de la déviation de Tarascon-sur-Ariège.
Pour le COI, la priorité est de se préoccuper de la RN20 au sud de Tarascon :"un itinéraire stratégique exposé à des risques significatifs d’aléas climatiques, notamment chutes de blocs et mouvements de terrain. La réalisation des aménagements prévus de résilience est donc urgente et leurs montants sont modestes."
"Préciser l'opportunité" de cette déviation
Concernant la déviation de Tarascon-sur-Ariège, il se montre plus prudent et estime la déclaration d'utilité publique de 2010 "plus valable" : "le projet de déviation de Tarascon-en-Ariège apparaît ensuite comme le point dur pour améliorer cette liaison internationale figurant au RTE-T. Les enquêtes publiques permettront d’en préciser l’opportunité, au regard de son coût très élevé. Dans le scénario planification écologique, sous réserve des négociations régionales en vue du prochain CPER, le projet pourrait être financé à partir du quinquennat 2028-2032. Il pourrait l’être plus rapidement dans le scénario Priorité aux infrastructures."
Le coût estimé "très élevé" et un financement pas avant "2028-2032" sont les points qui questionnent Alain Naudy : "l'ancien premier ministre, Jean Castex, est venu il y a un an pour signer le protocole de financement de la déviation, rappelle l'élu. L'Etat s'est engagé dans un calendrier avec un lancement des travaux à la fin du premier semestre 2024. Le Premier ministre s'est donc engagé avec ce protocole. Nous avons accéléré toutes les études. Cela ne peut pas être différent aujourd’hui. Mais avec un tel avis, on voudrait retarder le projet, on ne ferait pas mieux. C’est pour cela que je suis inquiet. Moi j’espère que les délais seront tenus."
Il est vrai que le coût total de cette déviation est lourd : 194 millions d'euros assurés à 60% par l'Etat, 20 % par la Région Occitanie et 20% par le Département de l'Ariège. Mais comme le rappelle le Conseil d'orientation des infrastructures, "la traversée de Tarascon présente des risques de sécurité et est régulièrement congestionnée, en particulier aux heures de pointe et lors des hyper pointes estivales ou hivernales". En 2018, le nombre de véhicules traversant la commune était évalué à 10000 véhicules par jour.
Pour résoudre ce problème, le projet de déviation serait de 2,2km, dont un tunnel de 1500 mètres. "Nous avons un besoin urgent de cette déviation pour désenclaver la Haute Ariège et préparer l’itinéraire de la future E9 qui est une route européenne et un accès vers l’Andorre et l’Espagne dont nous avons tous besoins" clame le vice-président du Conseil départemental.
Seule point de soulagement pour l'élu ariégeois : l'avis du Conseil d'orientation des infrastructures n'est que consultatif.