La commission chargée de l’enquête publique environnementale sur le projet d’autoroute entre Castres et Toulouse vient de rendre son rapport. Dans ses conclusions, l’instance émet un avis favorable à la demande d'autorisation environnementale pour la construction de l'A69.
À l’unanimité. Après plus d'un mois de consultations, d’analyses, et un rapport de près de 160 pages, la commission chargée de l’enquête publique environnementale donne son feu vert à la demande d'autorisation environnementale pour le projet d’autoroute entre Castres (Tarn) et Toulouse (Haute-Garonne).
Depuis la fin du mois de novembre 2022, cette vaste consultation était menée dans les départements concernés. L'enquête publique a ainsi permis de recueillir 6.266 observations. Dans ce rapport publié ce jeudi 9 février, la commission précise émettre deux réserves à la construction de l’A69.
Avis favorable sous réserves
Si la commission d'enquête donne un avis favorable à la demande d'autorisation environnementale, des réserves sont cependant signalées. La première concerne "l’amélioration des conditions de circulation et de la sécurité des riverains de la route dite « de Puylaurens » pendant les travaux du diffuseur de Verfeil, sera réalisée en partenariat avec la commune de Verfeil". Autre réserve du rapport : le coût du péage qui devait être réduit de 33%.
"La commission rappelle que la non levée des réserves qu’elle a émise ci-dessus, aurait pour conséquence que son avis pourrait être requalifié par le juge en avis défavorable", indique la commission.
Quelques recommandations sont également formulées. À commencer par la mise en place des mesures acoustiques pour préserver le voisinage. "La commission recommande un suivi particulier des prélèvements dans le Girou pendant la phase chantier, surtout en période d’étiage de juillet à octobre", précise aussi le rapport.
Le coût du péage sera trop élevé voire inaccessible pour nombre d’usagers occasionnels.
Commission d'enquête désignée sur la liaison autoroutière Toulouse-Castres
La “meilleure solution”
Diminution du temps passé sur la route, attractivité du territoire en matière d’emplois… L’enquête recense les bénéfices que les départements du Tarn et de la Haute-Garonne pourront tirer de cette autoroute à terme. Cette “réalisation pourrait avoir un impact économique favorable sur le bassin d’emplois”, liste par exemple le rapport.
Cet avis favorable s’appuie aussi sur le fait que “l’A69 est la solution considérée comme la meilleure pour assurer une liaison rapide entre Castres et l’A680 en direction de Toulouse”, notamment “en termes routier et de sécurité”. D’après la commission d'enquête, cette autoroute “est probablement la solution la moins pénalisante pour le trafic routier pendant les travaux”.
Trop cher, trop polluant, trop contraignant
Mais plusieurs inconvénients sont également listés dans ce rapport de faisabilité. Dans un contexte de forte inflation, “le coût du péage sera trop élevé voire inaccessible pour nombre d’usagers occasionnels”, peut-on lire dans ce rapport.
Le projet, qui favorise les déplacements en voiture et camions et consomme beaucoup de terres agricoles et naturelles ne va pas dans le sens de la réglementation en vigueur”, souligne le rapport. Selon cette étude, le chantier “ne concourt pas au respect de nos engagements internationaux en matière environnementale”.
D’autres impacts négatifs sur l’environnement sont également signalés en marge de ce chantier. “L’A69, outre quelques lacunes mineures inévitables, aura des conséquences lourdes et définitives indispensables : importante perte de terres agricoles et naturelles (343 ha), impact paysager et sonore, coupure du territoire notamment”, alerte le rapport.
Des habitants se mobilisent contre le projet
Dans les rouages depuis plusieurs années, le projet de construction d'autoroute entre Castres et Toulouse défraye la chronique dans certaines communes. “De nombreux riverains du projet subiront les inconvénients de l’A69 et même un traumatisme irréductible sans en avoir aucun bénéfice” souligne le rapport.
“Un traumatisme irréductible”, c’est bien ce que craignent les habitants du collectif citoyen La voie est libre, opposé à ce projet autoroutier. Les activistes dénoncent notamment une “atteinte à la biodiversité sans autorisation environnementale”. Mobilisés sur plusieurs zones concernées par le chantier, ils demandent l’abandon du projet et veulent alerter l’opinion publique. "On veut montrer qu’on est nombreux dans cette lutte, qu’on est capable de passer à l’action puisque là, les travaux vont vite arriver", a revendiqué Louison, une étudiante toulousaine appartenant au collectif Extinction Rébellion, en marge d’une occupation début février.