Le collectif La Voie est Libre, opposé au projet de l'A69, accuse la société chargée de la construction de l'autoroute d'introduction illégale sur la parcelle d'un fermier. Une accusation rejetée par Atosca qui assure détenir les autorisations d'accès.
Le conflit s’enlise entre les opposants au projet de l’autoroute A69 et la société Atosca, chargée de sa construction. Pourtant, les résultats de l'enquête publique censée donner son avis sur l’impact environnemental du chantier n’ont pas été publiés. Un silence qui fait monter la pression entre les deux camps. Ce vendredi 3 février, le collectif La Voie est libre dénonce sur ses réseaux sociaux une nouvelle "tentative d’intimidation" de la part d’Atosca.
Introduction sur une parcelle
Le collectif rapporte que des employés de Nouvelles Générations d’Entrepreneurs (NGE), société chargée par Atosca des travaux de construction, se seraient introduits en voiture sur la parcelle d’un agriculteur. Accompagné de son voisin, le fermier craignant pour sa culture aurait demandé aux salariés de quitter les lieux. Les deux agents à bord du véhicule rebroussent chemin et font un arrêt à la gendarmerie pour déposer une main courante. Dans la journée, le propriétaire du terrain et son voisin apprennent qu’ils sont convoqués dans les bureaux de la gendarmerie ce vendredi 3 février.
Dans le cadre des travaux préparatoires pour l’autoroute, on sait qu’il y a des autorisations d’entrer sur des terres, notamment pour les fouilles ou pour vérifier les nappes d’eau. Mais là, il n’est pas du tout certain que l’arrêté prévoit d’accéder en voiture sur une parcelle.
Alain Hébrard, membre du collectif de La Voie est libre.
Une enquête ouverte par le procureur de la République
Pourtant, le patron du concessionnaire Atosca, le garantit : les deux agents étaient dans leurs droits. "Ils avaient l’autorisation de le faire pour deux raisons. La première, c’est qu’on a un arrêté qui nous a été donné depuis qu'on est retenu sur cette opération pour pénétrer sur les terrains de l’ensemble du tracé pour faire des travaux techniques et préparatoires. La deuxième, c’est qu’on a sur ce terrain-là, une autorisation d’occupation temporaire qu’on a signée et qu’on a dû payer", rétorque Martial Gerlinger qui regrette la tournure des événements.
Alors que la société assure "ne pas vouloir mettre de l’huile sur le feu", les opposants perçoivent cet incident comme une "énième manœuvre d’intimidation et de provocation". La veille de cette altercation, le collectif d'opposition avait publié sur les réseaux sociaux des images d’arbres dont les cavités avaient été rebouchées. Un acte portant "des atteintes graves à la biodiversité" avait estimé le collectif, puisque ces cavités servent de nids pour certaines espèces protégées.
Alertée par le collectif, l’association France nature environnement Midi-Pyrénées a saisi le procureur de Castres. Depuis, une enquête pour "altération ou dégradation non autorisée de l’habitat d’une espèce animale protégée non-domestique" est ouverte à l’encontre de la société NGE-Atosca qui avait pour obligation de désobstruer toutes les cavités d’arbres concernées avant ce vendredi soir. La réponse pénale pour les concernés devrait être prononcée par le procureur dans les prochains jours.