Une vingtaine de bénévoles de Jazz in Marciac (Gers) a été informée, par les organisateurs du festival, qu'ils ne pourront plus y participer. En cause : une mauvaise gestion d'un cas de harcèlement, que les bénévoles réfutent, ainsi qu'un souhait de renouveler les équipes. Un coup de massue pour ces passionnés.
Il y a deux mois, le 7 mars 2024, Thomas Larabi reçoit, dans sa boîte mail, un message. Il est signé Jean-Louis Guilhaumon, président de Jazz in Marciac. En le lisant, Thomas est abasourdi : "À l’occasion de la dernière édition de Jazz in Marciac 2023, il a été constaté dans votre équipe des faits inexcusables (...) passibles d'un dépôt de plaintes." Comme 20 autres bénévoles, qui ont également reçu le courriel, Thomas Larabi est "viré" du festival.
Cet ancien journaliste, aujourd'hui gérant d'une société de production audiovisuelle, a participé à l'événement pour la première fois en 2008. Depuis, il est revenu très régulièrement donner de son temps. Il y a deux ans, il est appelé pour prendre la rédaction en chef du journal des bénévoles, Jazz au cœur. L'équipe de 22 passionnés fournit un travail pour lequel ils sont "félicités, à la fin de la dernière édition", assure-t-il. Pourtant, aucun d'entre eux en pourra revenir. Que s'est-il passé ?
Merci ! Jazz in Marciac remercie son Public, ses Artistes, Bénévoles, Mécènes, Partenaires, Équipes Techniques... et tous ceux qui ont participé de près ou de loin à faire de ce point minuscule sur la carte du monde, l'un des plus grands rendez-vous musical et culturel de l'été ! pic.twitter.com/aNIMPMl9Q2
— Jazz in Marciac (@Jazz_in_Marciac) August 7, 2023
Un cas de harcèlement
La 4e édition de Jazz in Marciac a débuté le 20 juillet 2023. Les premiers jours du festival, "on m'informe qu'une jeune femme de l'équipe reçoit des SMS insistants de la part d'un autre membre", raconte Thomas Larabi. Elle ne souhaite pas appeler le numéro vert, mis en place par les organisateurs du festival". L'affaire est alors gérée en interne, deux femmes de l'équipe mettent "un coup de pression" à l'homme et ce dernier cesse immédiatement. Mais à la fin du festival, la victime décide finalement de signaler ce comportement à l'administration. Le harceleur est congédié.
L'histoire aurait pu s'arrêter là. Si l'équipe de Jazz au cœur n'avait pas reçu ce mail, dans lequel le Conseil d'Administration du festival leur reproche cette gestion de l'affaire, ainsi que "d'autres précédents incidents". Pour le cas de harcèlement, "on nous accuse, à tort, de complicité", déclare Thomas. La victime ne voulait pas que l'on informe les organisateurs, nous n'avons écouté et soutenue." Plusieurs des bénévoles ont réclamé des explications, à la présidence, mais n'ont, à ce jour, reçu aucune réponse.
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Plusieurs complications
Ces "autres incidents", Jean-Louis Guilhaumon, président de Jazz in Marciac les évoque : "Nous avions des difficultés avec cette équipe de bénévoles, qui était particulièrement revendicative. Ils critiquaient le service de restauration, ainsi que le matériel informatique." Des festivaliers auraient rapporté une tentative de vente du journal, de la part des bénévoles. Ils se seraient également plaints d'un article et auraient été "très mal reçus par les bénévoles", selon Jean-Louis Guilhaumon. "On a tendu un chapeau, pour que les gens soient libres de donner un pourboire, se défend Thomas Larabi. Nous avons toujours insisté sur le fait que Jazz au cœur est gratuit."
Le président l'assure : "Il n'y a aucune volonté de nuire à quiconque dans cette équipe. Les faits de harcèlement auraient dû être rapportés. Nous savons le rôle déterminant qu'ont les bénévoles, dans le festival, mais cela nécessite d'établir une relation de confiance."
"Ça fait mal au cœur"
Pour Thomas Larabi, et les autres membres de l'équipe, cette décision est "extrêmement humiliante. Quand on travaille pendant 10 ans, sans compter ses heures, pour ce festival, on s'attend à plus de considération. Ça fait mal au cœur." Il décide de partager l'histoire sur les réseaux sociaux, comme une de ses anciennes collègues bénévole, Mayon Léglantier. Tous deux partagent ce sentiment amer de ne pas avoir été justement considérés.
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De son côté, Jean-Louis Guilhaumon parle d'un "souhait de renouveler l'équipe de bénévoles pour lui donner un nouveau souffle, au service du projet. Nous lançons un nouveau concept de radio, tout en conservant Jazz au cœur."
Thomas Larabi y voit "un mépris" des efforts des membres de l'équipe. La prochaine édition du festival aura donc lieu sans eux, du 18 juillet au 4 août 2024.