La maladie "tueuse d'isards", la kérato refait son apparition dans les Pyrénées : "Quelques cas d'infection mais pas d'inquiétude"

Depuis plusieurs jours, une maladie oculaire toucherait certains animaux sauvages comme les isards dans les Pyrénées. La bactérie, appelée kérato-conjonctivite, peut perturber la vision de certaines bêtes. Les observateurs confirment l'avoir revue récemment, mais rassurent sur sa dangerosité.

L'alerte a été lancée sur Facebook dans le groupe "Faune des Pyrénées". Une internaute alerte sur le retour du kérato, "ce mal tueur d'isards a commencé ses ravages" écrit-elle. Cette maladie (kérato-conjonctivite de son vrai nom) atteint les yeux, et se manifeste sous forme de petites boules. 

"On a reperé quelques cas sur les isards"

Mais cette maladie est-elle vraiment de retour ? On a posé la question à certains spécialistes et observateurs des Pyrénées. Yannick Barascud, coordinateur du pôle Biodiversité agriculture et territoire au Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises, a eu vent de l'information. "Je l'ai vu passer sur les réseaux sociaux" admet-il, sans pouvoir confirmer avec certitude si la kérato refait surface dans son secteur.

Car il doit encore envoyer l'un des spécialistes du parc, "chargé de faire le tour différentes populations pour voir ce que cela donne". Mais il n'est pas très inquiet pour l'instant. "La préoccupation est surtout sur le bouquetin. On doit veiller à la bonne santé de nos populations. À priori, il n'y a pas de risque de grosse iritation" détaille-t-il. 

Du côté du Parc national des Pyrénées, la kérato infecte bel et bien quelques bêtes. "On a reperé quelques cas sur les isards depuis fin août-début septembre" note Alexandre Garnier, vétérinaire et chargé de la veille sanitaire pour la faune sauvage. Lui aussi se veut rassurant. "On est jamais vraiment inquiet : c'est une maladie connue, qui guérit dans la grande majorité des cas."

Aucun risque pour l'être humain

La maladie se déclenche en plusieurs phases : l'œil coule, puis s'opacifie chez certaines jusqu'à perturber la vision. La bactérie peut même se perforer dans les cas extrêmes. Cela peut provoquer "des comportements atypiques, avec des animaux qui tournent en rond" ajoute Alexandre Garnier.

Comme lui, Xavier Nouvel, enseignant-chercheur à l'École vétérinaire de Toulouse, rappelle que "la forme la plus fréquente de la kérato est bénigne et sans séquelle". Mais des formes plus graves "peuvent conduire à une cessité mortelle (mortalité pouvant atteindre 15 à 20%)". 

Difficile d'identifier comment la kérato s'attrape : "on ne sait pas vraiment. Il se peut que des animaux soient porteurs d'une bactérie et qu'ils la transmettent" estime Alexandre Garnier. "La transmission serait favorisée par les fortes densités de populations" pense lui Xavier Nouvel. "Elle se fait par contact entre animaux mais les insectes volants comme les mouches pourraient également jouer un rôle."

Les troupeaux sauvages guérissent seuls de la maladie, tandis que les troupeaux domestiques peuvent se rétablir grâce à des antibiotiques. Cette bactérie, n'est, en revanche, pas transmissible à l'humain.