Ils étaient quatre qualifiés à l’issue du premier tour. Ils ne seront plus que trois après la clôture des listes ce mardi 2 juin. Les deux candidats « Divers Centre », Frédérique Thiennot et Xavier Fauré, arrivés deuxième et troisième avec 31 voix d’écart, ont décidé de fusionner.
Une fusion qui n’est pas une surprise
« C’est le mariage de la carpe et du lapin » commente sans fioriture le maire sortant. Pour André Trigano (Divers Droite), cet « assemblage contre-nature allant du RN au Parti Socialiste » n’a qu’un but le « déboulonner ». « Ils veulent me faire disparaître. Mais dans mon équipe, j’ai un prestidigitateur. Il peut leur rendre la pareille » plaisante le nonagénaire qui brigue un cinquième mandat.« On a préféré rassembler nos compétences pour gagner. Il n’y a pas de dissensions entre nous » assure Frédérique Thiennot
« J’avais même contacté il y a deux ans certains colistiers de Xavier Fauré pour me rejoindre » précise la médecin du CHIVA. « Notre objectif principal est que la ville ne soit plus gérée par André Trigano. Son management a été catastrophique. Nous voulons associer plus les citoyens et l’opposition à nos décisions, le tout dans la transparence » assure la candidate "Divers Centre".
Pour Daniel Mémain (Divers Gauche), dernier protagoniste de ce troisième tour appaméen, cette fusion est une demi-surprise.
« Après le confinement, on devait se revoir pour discuter mais elle nous a annoncé avoir conclu un accord avec Xavier Fauré et ne nous proposait deux places seulement dans sa majorité ». Fin de l’histoire.« On avait entamé des discussions au soir du premier tour avec Frédérique Thiennot, mais elle nous avait dit qu’elle avait d’autres cibles. Or pour nous, il n’était pas question de conclure d’accord avec des anciens adjoints d’André Trigano (Xavier Fauré en tête) » précise le candidat de la liste qui se veut de gauche et citoyenne.
Des subventions d’Etat attendues pour la rénovation du centre-ville
André Trigano, 94 ans, ne cache pas qu’il n’ira probablement pas jusqu’au bout de son mandat s’il est réélu.« Mais avant ça, j’ai un chantier de 22 millions d’euros de subvention à lancer (NDLR : la rénovation du centre-ville via l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine) » prévient celui qui dirige Pamiers depuis 25 ans.« J’ai une très belle relève avec notamment trois de mes coéquipiers qui pourraient me succéder. Avec ma liste qui comporte beaucoup de nouveaux, je prépare même trois générations. Comme ça, ils auront le temps de voir venir » sourit le maire sortant.
Daniel Mémain, doute de l’attribution définitive de ces subventions publiques pour Pamiers.
Le candidat Divers Gauche souhaite pourtant utiliser ces marchés publics avec des clauses sociales renforcées pour faire travailler les entreprises locales en difficulté et générer de l’activité pour les populations locales les plus fragiles.« Les millions fléchés devaient encore être défendus dossier par dossier. Or quand on voit les priorités actuelles de l’Etat pour l’aéronautique ou l’automobile, ces milliards promis, il va bien falloir les trouver quelque part » argumente-t-il.
Frédérique Thiennot redoute elle aussi que les subventions d’état soient remises en cause avec la crise économique actuelle. Elle annonce donc renforcer son programme sur l’aide aux entreprises mais aussi aux personnes ainsi que sur la valorisation des circuits courts. « Nous sommes quand même très dépendants de l’aéronautique et de ses sous-traitants » analyse-t-elle avant de développer une autre carte à jouer pour Pamiers.
« Notre cadre de vie plus agréable qu’en ville aidera peut-être notre ville à se développer et attirer de nouveaux habitants » espère la candidate centriste.
Quelle suite de campagne ?
« Moi je n’ai jamais arrêté ma campagne. Ma liste est la même qu’au premier tour. Un seul point a changé sur mon programme : j’y ai renforcé la partie "relance économique " » souligne André Trigano. Ainsi, le maire sortant annonce avoir signé avec sept entreprises pour des achats de terrain sur la commune et la création de 350 emplois. « Ce sont de nouvelles entreprises, pas forcément en lien avec l’aéronautique qui entre dans une zone de turbulence pour deux ou trois ans. Il y aura par exemple Mercédès avec 25 emplois à la clé » détaille-t-il.Et le conseiller de Pôle Emploi de les détailler : « protéger l’humain, notamment le secteur de la santé, les services publics ou encore tous les employés qui ont été en première ligne ces dernières semaines (éboueurs, caissières, etc.), remettre du lien social et avancer vers la transition écologique ». Et le candidat de gauche, pour appuyer sa dynamique d’entre-deux tours, d’annoncer avoir été rejoint par 6 anciens colistiers de Jacques Laffargue (11,7% des voix au 1er tour).« Les éléments idéologiques mis en avant dans notre programme ont été confortés par la crise » assure Daniel Mémain.
La candidate "Divers Centre" le répète : « Nous travaillons sur la proximité avec les habitants pour mettre en place notamment des conseils de quartiers. Nous voulons rendre la mairie plus accessible ».« Notre différence fondamentale avec l’actuelle majorité que nous mettons en avant sur cette campagne, c’est notre méthode » insiste Frédérique Thiennot.
Une mairie qui pour l’heure n’est acquise à aucun de ces trois prétendants. A Pamiers, comme ailleurs, l’abstention avait été très forte le 15 mars dernier. Et avec des cartes ainsi rebattues, bien malin qui pourrait faire un pronostic.