Un nouveau dérochement à Aulus-les-Bains (Ariège) a eu lieu dans le Couserans. L'ours est tenu pour responsable de la perte de ces 170 brebis. La présidente du département, Christine Téqui pousse un coup de gueule contre l'État "sourd" face au problème.
Les photos des brebis démembrées, à la chair déchiquetée, partagées sur la page Facebook du collectif ASPAP, sont difficilement supportables. Elles exhibent 170 brebis dérochées sur l’estive de Coumebière à Aulus-Les-Bains (Ariège) dans le Couserans. Pour les éleveurs et bergers, ce désastre, intervenu le 11 septembre, est la conséquence d'une nouvelle prédation de l'ours :
"168 brebis dérochées au moins, de nombreux avortons, des brebis manquantes. 5 brebis ont dû être saignées sur place, une solution est cherchée pour rapatrier 7 brebis blessées ne pouvant pas redescendre seules. Une brebis prête à agneler expertisée sur le GP d'Ustou Col d'Escots cette nuit, à côté de Coumebiere, prédation avérée ours. Courage aux éleveurs et bergers impactés ! Combien de drames encore avant que de vraies solutions nous soient proposées ?"
Des autorisations d'effarouchement de l'ours suspendues
Ce dérochement intervient après la suspension par le Tribunal administratif de Toulouse (Haute-Garonne) de plusieurs autorisations d'effarouchement de l'ours dans le secteur du Couserans. Les juges ont émis un doute sérieux sur la légalité des arrêtés préfectoraux : les moyens mis en œuvre pour protéger les troupeaux ne seraient pas assez importants et le nombre de brebis prédatées sur le total d'animaux en estive, 2.35 à 3.37%, ne relèverait pas d'un "dommage important à l’élevage".
Alain Servat, maire d’Ustou et président de la fédération pastorale départementale, déplore ces décisions auprès de la Gazette Ariégeoise : "Je le dis, je le répète, et tous les acteurs de l’agro-pastoralisme, de l’économie montagnarde le disent aussi : seuls les tirs d’effarouchement sont adaptés, les mesures d’accompagnement prônées par des gens qui décident sans connaître la situation, sans avoir pour beaucoup mis un pied ici, sont totalement inefficaces. Il va falloir se décider à réguler l’ours car aujourd’hui 80 % des animaux présents dans les Pyrénées le sont dans le petit territoire qu’est le Couserans… ça ne peut plus durer".
"La méconnaissance de l’État décideur "
Mais le coup de semonce vient du Conseil départemental de l'Ariège. Dans une publication Facebook, sa présidente, Christine Téqui dénonce le rôle de l'Etat dans ce dossier : " la montagne n'est pas entendue, pire, dénigrée. Je suis en colère parce que le travail quotidien de nos éleveurs est mis à mal par un État sourd aux appels à l'aide. Je suis en colère contre l’État qui a créé cette situation totalement illusoire et inconsidérée et qui demande aux autres de gérer et de subir les conséquences sans ne donner, ni moyens ni solutions pour l’affronter. Je suis en colère contre la méconnaissance de « l’État décideur » qui depuis Paris, nous impose une vision du développement des territoires aux conséquences dramatiques."
Le 19 août 2022, 45 brebis ont été tuées lors d’un dérochement toujours dans le Couserans en Ariège. Les éleveurs accusaient déjà l’ours après avoir trouvé des excréments sur les lieux.