Une oursonne orpheline est arrivée de Lettonie dans un zoo-refuge d’Eure-et-Loir, il y à quelques semaines. Le sanctuaire espère la relâcher dans la nature très rapidement. En Ariège, département qui recense la majorité des ours des Pyrénées, la présidente du Département et d'autres élus s’opposent déjà à sa venue.
Baptisée Tanie, le bébé ours brun de quatre mois est arrivé de Lettonie le 26 mai à La Tanière, un zoo-refuge d’Eure-et-Loir. Le sanctuaire pour animaux compte déjà six ours, mais il a pour ambition de relâcher rapidement Tanie dans la nature, dont la maman a probablement été tuée.
" L’heure est grave ", déclare le fondateur du refuge Patrick Violas, dans une vidéo sur les réseaux sociaux. " Soit on trouve dans les jours qui viennent un endroit pour pouvoir la relâcher, et dans ce cas-là on va lui fabriquer un enclos spécifique pour lui apprendre à chasser, à pêcher, à se nourrir et à se défendre. […] Sinon, on va malheureusement devoir lui apprendre le monde de la captivité. "
"On fait les choses à l'envers" pour la présidente de l'Ariège
En prenant connaissance de cet appel, plusieurs élus d’Ariège s’étranglent. " On fait les choses à l’envers " dénonce la présidente du Conseil départemental. " C’est quand même incroyable qu’on fasse venir un ours de Lettonie sans prévenir personne, et qu’on se pose ensuite la question d’où le mettre ", déplore Christine Téqui. " L’Ariège n’est certainement pas candidate à l’accueil de cette oursonne. On paye déjà assez cher le prix de la présence de l’ours dans les Pyrénées " ajoute-t-elle.
A ceux qui s'émeuvent de la pauvre petite oursonne orpheline, je réponds : "prenez-la dans votre jardin" ! On parle d'un animal sauvage, ce n'est pas un chaton.
Christine Téqui, présidente du Conseil départemental de l’Ariège
Car en Ariège, territoire qui compte la grande majorité des 76 ours recensés dans les Pyrénées, la présence du plantigrade cristallise violemment les tensions.
Les présidents du Département, de la Chambre d’agriculture, de la Fédération pastorale, ainsi que deux députés et un sénateur de l’Ariège ont envoyé, ce 22 juin, un courrier au ministre de l’écologie afin de transmettre leur indignation. " Nos élus nationaux […] et nos populations vont se sentir trahies s’il n’y a pas de décisions fermes […] pour refuser bien évidemment l’introduction de cet ourson dans nos Pyrénées. " écrivent-ils dans le courrier.
Contacté, l’Office Français de la Biodiversité (OFB) d’Occitanie confirme avoir été consulté par le ministère (la Direction de l'eau et de la biodiversité) sur la réintroduction de Tanie en France. " La réintroduction d’un animal est plus politique que technique, c’est le ministère qui a la main là dessus et l’OFB ne peut pas en dire plus sur le sujet ", répond Julien Steinmetz, responsable de l’unité grands prédateurs à l’OFB Occitanie.
" Il n'a jamais été question d'envoyer Tanie en Ariège plus qu'ailleurs "
" Il n’a jamais été dit que cette oursonne allait être réhabilitée en France ou en Ariège plus qu'ailleurs ", répond le directeur zoologique de La Tanière. " On l’a accueillie ici en urgence parce qu’il n’y avait pas de structure en capacité de le faire en Lettonnie, précise Sébastien Muller. Nous avons donc lancé un appel à tous les pays de l’Union Européenne afin de trouver un candidat qui accepte une réintroduction en milieu naturel ".
On se doutait que Tanie n’allait pas être réintroduite en France, le sujet est beaucoup trop sensible. En l’état actuel des négociations, il est très probable que l’oursonne rejoigne son milieu d’origine en Lettonie.
Sébastien Muller, directeur zoologique du zoo-refuge la Tanière
L’équipe du sanctuaire pour animaux travaille actuellement sur la réhabilitation de Tanie, avec l’objectif qu’elle puisse retourner dans la nature au mois de septembre.
" Tanie va très bien, c’est une ours sauvage dans toute sa splendeur : elle casse absolument tout, mange beaucoup et a très peur de l’homme. Elle a gardé toutes les réactions de son milieu naturel et c’est ce qu’on va s’atteler à conserver ", conclut le directeur zoologique.