Leur trafic s'était arrêté en 2019 en Ariège. Trois Chinois ont été condamnés à de la prison ferme vendredi à Bordeaux pour trafic de civelles, une espèce protégée qui se vent très cher sur le marché illicite.
Ils avaient été arrêtés à Tarascon-sur-Ariège en mars 2019. Dans leur voiture, les douaniers ariégeois avaient découvert 50 kilos de civelles (de jeunes anguilles) et 3 000 euros en espèces. Ces trois ressortissants chinois ont été condamnés à de la prison ferme vendredi 5 février 2021 à Bordeaux pour trafic d'espèce protégée. Ils étaient absents à leur procès.
Des peines de prison ferme
Placés en détention provisoire après leur arrestation en 2019, ces trois ressortissants chinois avaient été remis en liberté sous contrôle judiciaire début 2020. Ils ont depuis quitté le territoire et seraient à l'Etranger, en Chine et en Espagne, selon leurs avocats toulousains qui indiquent ne pas avoir de nouvelles d'eux.
Deux d'entre eux ont été condamnés à 5 ans de prison dont 3 avec sursis et un troisième à 1 an ferme, au-delà des réquisitions du parquet qui étaient de 3 ans d'emprisonnement dont 2 avec sursis pour les deux principaux protagonistes, a indiqué Maître François Ruffié, qui défendait les intérêts de l'association France Nature Environnement (FNE).
Un mandat d'arrêt a par ailleurs été lancé contre les deux principaux protagonistes, selon lui. Le troisième est considéré comme un "chauffeur".
Ce sont des peines importantes, nous espérons que ce jugement va faire du bruit en Chine. C'est un gros réseau, très organisé. On a trouvé des traces de leur passage à Nantes, en Espagne et au Portugal.
Les civelles, espèce protégée et menacée d'extinction
Braconnées sur la côte atlantique française, les civelles sont souvent acheminées en Espagne ou au Portugal pour être expédiées en Asie, où elles sont très prisées.
Selon Me Ruffié, la représentante du ministère public a fait à l'audience le parallèle entre la contrebande de civelles et le trafic de stupéfiants. Les trafiquants "utilisent des téléphones dédiés, louent des voitures, prennent l'avion parfois sous de fausses identités et utilisent des maisons relais dans lesquelles ils conditionnent la marchandise dans des poches spéciales avec de la glace et de l'oxygène pour que les civelles arrivent vivantes en Chine et à Hong Kong, la plaque tournante de ce trafic, afin de les mettre en élevage", a détaillé l'avocat.
L'anguille se reproduit en mer des Sargasses, en Atlantique Nord. Portées par les courants, les larves voyagent ensuite sur plusieurs milliers de kilomètres jusqu'au côtes européennes, parfois pendant plusieurs années. Les alevins remontent ensuite les rivières, où ils grandissent et se nourrissent dans la vase. Adultes après une vingtaine d'années, les poissons retournent vers les Caraïbes pour s'y reproduire et mourir.
Il est impossible de les faire se reproduire en captivité et les anguilles doivent d'abord être pêchées à l'état larvaire pour être élevées. Alors que l'exportation d'alevins d'anguilles est interdite hors de l'Union européenne, le trafic vers les marchés asiatiques est estimé à plusieurs milliards d'euros, selon l'association Sustainable Eel Group.