VIDEO. Les vautours prennent le relais des équarrisseurs débordés face à la mortalité des troupeaux provoquée par la fièvre catarrhale

Au 26 août 2024, 317 foyers de fièvre catarrhale sont identifiés dans les élevages de l'Ariège. Tout le département est touché et cet été, les animaux sont bien plus nombreux à succomber à cette "maladie de la langue bleue". Résultat : le service chargé de récupérer les cadavres est saturé.

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Des vautours, des charognards réunis par dizaine dans un champ, pour dépecer un cadavre de brebis. Photos et vidéos postées de l'Ariège sur les réseaux sociaux ont de quoi faire froid dans le dos. "Ils sont à 500m de chez nous... Je vous en ai déjà parlé des problèmes de mortalité des moutons liée à la FCO... Les équarrisseurs sont débordés, les carcasses restent sur place dans les prairies et les charognards arrivent", écrit en légende l'auteur des clichés.

Contrairement à l'été 2023 où la maladie de la langue bleue avait frappé des élevages limités à l'Aveyron et au Lot, le variant 8 de la fièvre catarrhale ovine fait actuellement beaucoup plus de ravages en Occitanie. Notamment en Ariège, où "on a entre 15 et 40% de mortalité", nous confirme Frédéric Pujol. Le point de situation avec le directeur départemental de l'emploi, du travail, des solidarités et protection des populations.

L'impossible collecte des cadavres sur les estives

Août 2023 : 334 animaux morts collectés. Août 2024 : 2283, et le mois n'est pas encore fini. Ces chiffres sont ceux adressés par l'équarrisseur, désigné sur la région pour récupérer les cadavres d'ovins dans les élevages. Et les bêtes en estive éventuellement touchées par la fièvre catarrhale ne sont pas comptabilisées. 

"Les animaux qui meurent en estive, ils ne sont pas redescendus ou regroupés pour qu'un camion aille les chercher. Parce que c'est impossible d'aller les chercher avec des véhicules d'équarrissage. Donc, les animaux meurent sur les estives et ils sont effectivement consommés ou prédatés par les vautours et la faune sauvage", nous confirme Frédéric Pujol.

Des cadavres d'animaux abandonnés dans la nature ? Début août, des associations avaient déploré la découverte d'un "charnier" sur une parcelle privée en Ariège. Ce lundi 26 août 2024, le directeur départemental de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations nous confirme deux cas douteux avec des animaux morts, aux oreilles coupées pour éviter leur identification, déposés sur un site.

Il n'y a aucun intérêt, pour les éleveurs, de disperser les animaux, et de les mettre dans la nature, dans la mesure où la collecte, elle n'est pas facturée.

Frédric Pujol, directeur départemental de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations

Les éleveurs ont encore mois intérêt à cacher une mortalité de leurs bêtes si les discussions aboutissent sur l'indemnisation des animaux morts de la fièvre catarrhale.

Renforcement des collectes de l'équarrisseur

Organisé au niveau national, le service d'équarrissage est assuré par des entreprises privées sur quatre à cinq zones en France. Autrement dit, il n'y a qu'un seul équarrisseur pour le grand Sud-Ouest. Avec un sous-traitant, trois camions font la tournée des élevages. "Il y a un camion qui fait vraiment que l'Ariège, un camion qui fait une partie de l'Ariège et de la Haute-Garonne limitrophe. Et de l'autre côté, il y a un camion qui tourne sur le reste de l'Ariège avec une partie de l'Aude, puisqu'on est sur des zones d'élevage communes", explique Frédéric Pujol.

Face à cette surmortalité et des délais qui s'allongent pour récupérer les cadavres, provoquant des nuisances pour les riverains des élevages, une demande vient d'être faite pour faire tourner deux camions supplémentaires d'une capacité de six tonnes.

C'est à l'éleveur de faire la demande d'enlèvement, mais celle-ci ne peut actuellement se concrétiser avant un délai d'au moins 48h. Et tout est consigné en amont. "Si au lendemain de la déclaration par l'éleveur d'un ou deux animaux morts, il y en a trois ou quatre de plus, et que le chauffeur les prend, les derniers éleveurs qui étaient prévus dans la tournée risquent de ne pas pouvoir être ramassés, parce que le camion sera déjà à la charge maximale. Donc, c'est là où, effectivement, il y a des fois une incompréhension", reconnaît Frédéric Pujol.

La mise en place de deux camions supplémentaires devrait permettre d'éviter l'accumulation de cadavres.

Le pic de l'épidémie atteint ?

La fièvre catarrhale est une maladie virale, transmise par un moucheron."piqueur". Un moucheron qui développe avec certaines conditions climatiques telles que la température et l'humidité. "En estive, au-delà d'une certaine altitude, les températures ne sont pas favorables au développement de ce moucheron. Et les animaux ont moins de chance d'être piqués", rappelle Frédric Pujol. Mais en octobre, lorsque les bêtes redescendront dans les élevages en plaine, le risque de contamination pourrait à nouveau s'élever.

Pour les autorités, "là, on est sur la période d'activité maximale du moucheron", et celle-ci ne devrait pas régresser avant l'automne. Comment lutter ? Miser sur l'immunité naturelle développée par les animaux rescapés de la maladie. Et recourir au vaccin. Une vaccination qui n'est pas obligatoire et qui n'est pas recommandé sur des animaux déjà malades ou des femelles en gestation compte tenu du risque de pertes d'agneaux. Un choix qui peut s'avérer cornélien pour un éleveur.

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