Depuis son atelier au fin-fond de l’Ariège, Laurentine Perilhou fabrique des vêtements, objets d’art et de décoration pour les plus grandes maisons de luxe. Rencontre avec cette jeune femme au parcours étonnant.
C’est la seule en France à avoir un atelier de macramé destiné aux projets d’exception. Une de ses réalisations les plus folles : une robe entièrement en macramé pour Beyoncé, en collaboration avec la maison Balmain. Interview de Laurentine Perilhou, au cœur de son atelier aux merveilles de Limbrassac (Ariège).
France 3 Occitanie : comment avez-vous commencé à travailler pour des maisons de luxe ?
Laurentine Perilhou : "C’est quelque chose que je n’imaginais pas du tout au départ. Après ma licence en histoire de l’art à Toulouse, j’ai créé une marque de bijoux haut de gamme, grâce à laquelle j’ai remporté un concours de jeune créateur. Cela m’a donné une certaine visibilité et, en 2012, les équipes de Jean-Paul Gaultier m’ont proposé de travailler avec eux sur un défilé haute couture, et c’est ainsi que l’aventure du luxe a commencé."
Dans cette vidéo, la créatrice nous présente les échantillons de macramé qu'elle propose aux grandes maisons de luxe.
France 3 Occitanie : et comment vous êtes-vous retrouvée à confectionner une robe pour l'une des chanteuses les plus connues au monde ?
Laurentine Perilhou : "Je propose régulièrement aux maisons de haute couture des échantillons textiles en macramé pour leur montrer l’étendue des possibilités. Nous en avons plus de 200 à l’atelier. Et un jour, Eddy Anemian, responsable couture chez Balmain, m’appelle pour ce projet un peu fou : le directeur artistique de Balmain, Olivier Rousteing, a dessiné 16 robes, chacune en lien avec une chanson de l’album Renaissance de Beyoncé, et il me propose de réaliser une de ces robes en macramé."
France 3 Occitanie : quel a été l'ampleur de ce projet ?
Laurentine Perilhou : "On a travaillé au patronage, ce qui est un travail très précis et minutieux qui permet de vraiment respecter la coupe et la forme qui a été pensée par le directeur artistique. La robe a été réalisée en 450 heures, ça a été 11 jours de travail très intense, et même quelques nuits à la fin. On a été 5 en tout à travailler sur ce projet : moi, Sandy et Julie, mes deux collaboratrices à l’atelier, Diane, une jeune fille que j’ai formée en macramé il y a quelques années, et Marine, qui est modiste qui nous a permis de comprendre comment on pouvait faire tous les raccords couture. La robe a fait l’objet d’une parution dans la magazine Vogue de mars 2023, et elle est maintenant exposée à Londres aux côtés des autres robes de la collaboration Balmain x Beyoncé."
Voici en vidéo un autre travail de l'artiste, un herbier sauvage en macramé.
France 3 Occitanie : pourquoi avoir choisi de venir vous installer en Ariège ?
Laurentine Perilhou : "Je suis originaire de l’Ariège, je suis née à Lavellanet et j’ai grandi à 3 km de l’atelier. Après mes études j’ai vécu pendant 10 ans à Paris, J’ai trouvé ça très intéressant, mais pour des raisons personnelles, on a décidé mon conjoint et moi de venir vivre ici avec notre fils. C’était un choix pas évident parce que j’avais l’impression que Paris était le centre du monde d’un point de vue professionnel. Mais en fait, être ici me permet d’avoir un espace de travail fantastique, de développer des projets à plus grande échelle, et dans un cadre très agréable. Je continue quand même à aller Paris tous les mois pour rencontrer les clients et faire le suivi de projet. Mais depuis que je suis arrivée ici, tout s’est accéléré, je me dis que j’aurais dû le faire plus tôt."
France 3 Occitanie : quelles sont vos grands projets à venir ?
Laurentine Perilhou : "J’ai choisi, à présent, d’orienter l’atelier vers l’architecture d’intérieur, et moins sur le vêtement. J’ai envie de travailler sur une échelle plus architecturale et décorative, de sortir du corps et d’aller vers l’espace. J’ai par exemple des projets de décoration de boutiques de haute joaillerie. Mais si d’autres projets haute couture se présentent je ne fermerai pas forcément la porte."