Selon Météo France, il faudrait des études sur 30 à 50 ans pour dire si un phénomène comme la tempête Gloria, qui vient de balayer l'Aude et les Pyrénées-Orientales, est dû au changement climatique. Même si nos hivers sont plus doux depuis 10 ans, de tels épisodes en janvier sont déjà arrivés.
La tempête Gloria qui vient de balayer l'Aude et les Pyrénées-Orientales est-elle liée au réchauffement climatique ? Si la question est prématurée aux yeux des météorologues de Météo France, elle n'est pour autant pas tranchée.
Des périodes de l'année plus à risque que d'autres
Selon Roland Mazurie, le délégué régional de Météo France, de tels épisodes climatiques ne sont pas fréquents à cette période de l'année, même s'ils semblent plus intenses. Mais ils se sont déjà produits par le passé :
Des phénomènes comme ça, statistiquement, on peut en avoir toute l'année. La période la plus "favorable" se situe normalement entre août et janvier, fréquemment en octobre et novembre. Il y en a généralement moins entre février et juillet.
Puisserguier 1996
Dans l'Hérault, le souvenir des inondations de Puisserguier et Magalas, le 28 janvier 1996, est encore douloureux. Quatre personnes dont 2 enfants on perdu la vie, emportés par les eaux.
Des hivers plus doux depuis 10 ans
Certes, depuis 10 ans, nos hivers sont plus doux. Cette année encore, en décembre et janvier, les températures ont été de un à deux degrés supérieures aux normales saisonnières.
Mais un "coup de froid" reste possible en février. Et de toute façon, des études à long terme, sur 30 à 50 ans, seraient nécessaires pour affirmer que le réchauffement est à l'œuvre dans le déclenchement de la tempête Gloria.
Une eau de mer tempérée
D'autant que la température de la Méditerranée, qui est un facteur clé dans le déclenchement des pluies, est dans la moyenne saisonnière, toujours selon les relevés de Météo France :
Si on avait une eau de mer à 17 ou 18°C, on pourrait dire qu'il y a un lien. Mais ce n'est pas le cas : elle est actuellement de 12 à 14°C au large, c'est tout à fait normal pour la saison.
Une dépression peu mobile générant un cumul de pluies
Alors comment expliquer l'intensité de la tempête Gloria ? Il faut en chercher les raisons dans le fait que cette dépression a stagné au sud des Baléares durant plusieurs jours, empêchée dans son mouvement par un fort anticyclone stationné plus au nord en Europe. D'où les cumuls importants de pluie. Jugez plutôt :
Dans les Pyrénées-Orientales on a relevé 145,3 mm de précipitations au Cap Béar pour la seule journée de lundi, soit au premier jour de l'épisode. Les jours suivants, on a mesuré :
- Dans le Bas Conflent 189 mm mardi et mercredi puis 110 mm de mercredi à jeudi
- Dans le Haut Vallespir à Serralongue 172 mm mardi et mercredi puis 172 mm à nouveau de mercredi à jeudi
- A Saint-Paul-de-Fenouillet 109,8 mm mardi et mercredi puis 148 mm de mercredi à jeudi
- Au Perthus 125 mm mardi et mercredi
Dans l'Aude les précipitations les plus importantes, de l'ordre de 100 mm d'eau, sont tombées sur l'ouest des Corbières mercredi et jeudi, l'essentiel des pluies se situant dans le sud du département.
Des pluies moins intenses sur l'Hérault
Depuis jeudi soir, la perturbation est plus mobile et donc moins durable, ce qui induit un effet atténué de la tempête Gloria sur l'Hérault, où les pluies sont moins intenses ce vendredi 24 janvier 2020.